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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 08:52

5° DIMANCHE DE PAQUES « C » - 24 04 16

Première Lecture : Actes 14 21–27

Deuxième Lecture : Apocalypse 21 1–5

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 13 31–33a, 34-35

"Lorsque Judas fut sorti, Jésus déclara : “C’est maintenant que le Fils de l’Homme est glorifié et que Dieu est glorifié en lui. Aussi Dieu va-t-il lui faire partager sa Gloire, et il le fera bientôt.

Mes petits enfants, je suis encore avec vous pour très peu de temps. Je vous donne ce commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Ayez de l’amour entre vous ; c’est ainsi que tout le monde reconnaîtra que vous êtes mes disciples.” (Bible des Peuples)

Depuis la résurrection de Jésus au matin de Pâques, l’Eglise nous propose chaque dimanche, un passage des Actes des Apôtres. Il s’agit de la naissance des premières communautés chrétiennes. Vous pouvez soupçonner les difficultés auxquelles elles ont étaient affrontées. La première tentation était de se laisser porter par la religion juive à laquelle la plupart d’entre eux appartenait. Mais très vite, les apôtres ont dû bouger parce que la Bonne Nouvelle s’adressait à tous les Hommes. Et cela entraîne des débats, des discussions, des refus mais surtout des progrès d’une Eglise naissante. C’est dans ce contexte là que se situe la nouveauté du commandement de l’amour du prochain, que Jésus nous donne dans l’évangile de ce jour : « Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » Nous savons que l’Amour est comme le « carburant » qui donne des énergies à toute vie humaine. Et par-dessus tout, cette énergie ne s’use pas quand on l’utilise, mais au contraire elle se multiplie. C’est vrai, que tout au long de l’histoire humaine, les chanteurs, les peintres et même la République ….organisent leurs projets autour de la fraternité. Par expérience, nous savons que pour vivre en paix, de façon respectueuse et fraternelle, il y a toujours des obstacles, parce que le chemin à parcourir n’est pas fait d’avance. C’est tous les jours que nous avons à chercher comment nous respecter, nous soutenir, nous entraider, nous pardonner. Et tous les jours il y a des obstacles nouveaux à affronter et tous les jours il faut se relever pour grandir. L’attention aux autres est une démarche qui renforce le désir de vivre en frères qui s’aiment.

Nous n’avons pas à idéaliser l’objectif à atteindre. L’Eglise naissante a dû faire face. Il y a eu les difficultés venant des personnes tentées de récupérer pour soi ce qui devait servir à tous. Et d’autre part, les grands courants de la vie sociale : les tensions qui existaient entre les cultures et les pouvoirs Juifs, Païens, Grecs et Romains. Au milieu de toutes ces diversités, l’Eglise naissante devait trouver une cohérence entre les difficultés de leur temps et l’idéal proposé par Jésus.

20 siècles après, l’Eglise est toujours confrontée à des situations nouvelles. Et même, tout change de plus en plus vite. Et dans ce contexte, comment mettre en œuvre ce commandement nouveau? Il y a 50 ans, le Concile Vatican II a voulu mettre à jour la place de l’Eglise dans le monde. Il a donné du souffle à l’esprit missionnaire, mais aussi réveillé de « vieux démons » qui ont résisté. Le Pape Benoît VI a démissionné, d’abord à cause des difficultés rencontrées au Vatican. Au milieu de toutes ses tensions au sein de l’Eglise, le Pape François vient nous surprendre en redonnant la fraîcheur de l’évangile au cœur de notre existence. A la suite de Jésus, sa priorité est d’aller à la rencontre des blessés de la vie : à Lampedusa il s’insurge de voir la Méditerranée devenir le cimetière des oubliés. A Rio, aux JMJ, le pape François invite les jeunes à mettre la « pagaille » devant tant de conventions qui débouchent sur l’injustice. C’est encore à Lesbos, dimanche dernier, qu’il va « chercher » des migrants qu’il ramène chez lui à Rome. Car pour lui, comme pour St Paul qui s’adresse aux Galates : « Il n'y a plus ni Juif, ni Grec, nous sommes un en Jésus-Christ ».

Aujourd’hui, comme au premier siècle, les chrétiens sont confrontés à des courants très différents : la paix entre les peuples, le travail, la santé, la nourriture, l’école, la vie familiale, l’avenir des jeunes, les catastrophes qui viennent de marquer durement le Japon et l’Equateur…. C’est bien dans les nécessités de notre existence que Jésus nous demande de vivre, comme lui, ce commandement nouveau. «Aimez-vous comme je vous ai aimés.»

Par-là, Jésus invite à regarder vers l’avenir, à chercher ce qui est possible et à ne pas se laisser enfermer dans ce qui est fini ou mortel. La page est tournée, on n’a plus de pouvoir sur le passé. Jésus ne renie pas le passé, mais il invite à utiliser l’expérience du passé pour améliorer la vie ensemble. Jésus, le ressuscité, ouvre à la vie, à une vie meilleure.

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 08:42

4e dimanche de Pâques « C » 17 04 16

Première Lecture : Actes 13 14, 43–52

Deuxième Lecture : Apocalypse 7 9, 14–17

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 10 27–30

Mes brebis entendent ma voix, et moi je les connais ; et elles me suivent. Je leur donne de vivre pour toujours : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Ce que mon Père me donne est plus fort que tout, et personne ne peut rien arracher de la main de mon Père. Le Père et moi, nous sommes un.” (Bible des Peuples)

Ce quatrième dimanche de Pâques est traditionnellement, la journée mondiale de prières pour les vocations. L’évangile du Bon Pasteur, nous indique les qualités requises pour tous ceux qui ont une responsabilité dans la conduite et l’accompagnement du peuple de Dieu. Jésus, en faisant la comparaison du bon berger, relié à ses brebis, nous parle aujourd’hui du lien fort qui doit se tisser entre les responsables de l’Eglise et les membres mêlés aux différentes activités et mouvements. Dans l’évangile, il n’est jamais question de domination, mais de confiance, de reconnaissance, de pardon et d’estime réciproque.

L’important pour les brebis, ce n’est pas ce que dit le berger ; c’est le son de sa voix. Il peut leur dire n’importe quoi, c’est l’intonation qui les rassure, les apaise et les rassemble. Jésus ne dit pas : « Mes brebis écoutent ce que je leur dis », mais : « Elles entendent ma voix ». C’est tout différent ! La voix est l’expression d’une présence ; les mots prononcés par cette voix disent une identité, selon qu’ils sont porteurs de compassion, de commandement, de tristesse, de reproche, d’encouragement, d’amitié.

Pour en venir à notre époque, si souvent, ballotée, chahutée, parfois écartelée, il est d’autant plus nécessaire de retrouver des lieux de confiance et des personnes sur qui on peut compter. Trop de drames, apparemment sans avenir, trop d’abus dans tous les domaines, ne peuvent déboucher que sur le désespoir, le chacun pour soi qui est chemin sans issue. C’est l’enfer à notre porte.

En ce qui concerne l’Eglise catholique, depuis quelques semaines, les médias semblent unanimes pour dénoncer, avec raison, les actes pédophiles. Mais n’oublions pas, que ces drames marquent toutes les couches de populations. Quel est donc le but de cet acharnement ? Se payer la tête d’un cardinal, pour amoindrir l’audience du Pape François qui désarçonne les anticléricaux….. ? Il est urgent de tout faire pour accompagner les victimes et prévenir toutes les échappatoires.

Et que dire des nombreuses images que nous donnent les « bergers », ceux qui sont responsables de nos sociétés ? Ils devraient être exemplaires. Là aussi, que de scandales nuisent à la confiance et nous révoltent.

Si Dieu appelle, c’est parce que rien de ce qui se passe dans l’humanité et dans le cœur des humains ne le laisse indifférent. Or, il avait déjà clairement décliné son identité à Moïse en lui disant : « J’ai entendu les cris de mon peuple, et je viens. » Et donc, comme il est avant tout un « Dieu compatissant ». Son but est de soulager les souffrances qui peuvent être soignées et de donner un sens à ce qui est sans remède. Dieu n’a jamais cessé d’appeler, de mobiliser, de solliciter nos générosités pour embellir le monde et pour réajuster ce qui risque de tourner au néant. « Sauve mon peuple » demande-t-il à Moïse. « Sauve cette femme que deux vieillards lubriques veulent faire lyncher » dit-il à Daniel. « Sauve mon Eglise » demande-t-il à François d’Assise. « Sauve ma planète » dit-il par la bouche du Pape François.

Tout homme, toute femme est en mission pour l’humanité et pour la terre. Les talents que Dieu nous a confiés sont destinés à être partagés et mis au service de tous. Le désir du « Bon Pasteur », c’est de nous voir tous devenir pasteurs à sa suite, càd : responsables et répondants de la « de Bonne Nouvelle ».

Là, il faut se poser la question : Qu’est-ce qui nous empêche d’accueillir ce partage de responsabilité que le Christ désire tant nous transmettre ?

Il faut reconnaître, que dans le contexte actuel, il est difficile de discerner la VOIX de Celui qui appelle discrètement, mais avec insistance. Trop encombrés par toutes les sollicitations qui nous dispersent, le Bon Pasteur nous invite à prendre du recul pour apporter le meilleur de nous-même à la vie de nos communautés.

Prions, pour que naissent et grandissent des disciples de Jésus qui répondent à ses appels.

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30 mars 2016 3 30 /03 /mars /2016 09:37

2e dimanche de Pâques « C » 3 Avril 2016

Première Lecture : Actes 5 12–16

Deuxième Lecture : Apocalypse 1 9–13, 17–19

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 20 19–31

"Au soir de ce premier jour de la semaine, les portes étaient fermées par peur des Juifs là où les disciples étaient réunis. Jésus vint et se tint au milieu d’eux. Il leur dit : “Soyez en paix !” Ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté, et ce fut la joie pour les disciples qui voyaient le Seigneur. Et puis il leur dit de nouveau : “Soyez en paix ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie.” Ayant dit cela, Jésus souffla vers eux et leur dit : “Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous enlèverez les péchés, ils leur seront enlevés ; quand vous les maintiendrez, ils seront maintenus.” L’un des Douze était Thomas, surnommé le Jumeau ; il n’était pas avec eux pour cette venue de Jésus. Comme les autres lui disaient : “Nous avons vu le Seigneur”, il leur répondit : “Tant que je ne vois pas ses mains avec la marque des clous et que je ne mets pas le doigt dans la marque des clous ; tant que je ne mets pas la main dans son côté, je ne crois pas.” Et voilà que de nouveau, huit jours plus tard, les disciples étaient à l’intérieur et Thomas avec eux. Alors que les portes étaient fermées, Jésus vint et se tint au milieu. Il dit : “Soyez en paix.” Ensuite il dit à Thomas : “Mets ici ton doigt, regarde mes mains. Avance ta main et mets-la dans mon côté. Cesse de nier, et crois !” Pour toute réponse Thomas lui dit : “Tu es mon Seigneur et mon Dieu !” Et Jésus lui dit : “Tu m’as vu et tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui croient.”

Jésus a fait devant ses disciples bien d’autres signes qui ne sont pas écrits dans ce livre. Ceux-ci ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ; et si vous croyez, vous aurez la vie par l’effet de son Nom." (Bible des Peuples)

A l’occasion de la fête de Pâques, près de 5000 jeunes et adultes ont été baptisés en France. En même temps, des milliers d’enfants et de jeunes se préparent à la première communion et à la confirmation. Et pourtant, nous constatons, d’année en année que leur présence aux assemblées dominicales se fait rare. Bon nombre d'entre eux repasseront à l'église aux grands moments de leur vie : mariage, naissance d'un enfant, décès d'un proche…, d'autres viendront chaque année, au moment de Pâques pour affirmer leur foi chrétienne, d'autres ne viendront plus jamais… Pourquoi cette désaffection?

C’est la question que beaucoup de parents et de grands parents, de prêtres et de catéchistes se posent. Il ne s’agit pas de se culpabiliser, mais de chercher les causes qui sont à l’origine de ce fossé entre les générations. Depuis des décennies, nous assistons à des mutations profondes dans tous les domaines qui marquent nos sociétés et notre planète. En mettant en priorité, l’éducation des enfants, on a trop facilement réduit leur avenir à des activités : scolaire, sportive, danse, musique, équitation…Or le bonheur de chaque personne ne peut pas être lié à une activité. Il se situe dans la cohérence de tous les aspects de sa vie. Chaque personne doit être en capacité d’organiser sa vie. N’est-ce pas cela, le cœur de l’éducation ? Ainsi, au point de vue religieux, on en reste, trop souvent, à ce qu’on a connu jadis, et même, on réduit au minimum. Comme si l’aspect religieux était marginal. Là aussi, il y a certainement un manque de cohérence dans l’éducation entre ce que vivent et aspirent les jeunes à l’égard de tout ce qui est beau, bien, juste et vrai. Tout ce qui est vraiment humain, mérite d’être éclairé par la foi au Christ ressuscité. C’est Jésus lui-même qui se propose comme étant : « le chemin, la vérité et la vie. »

Ne l'oublions pas : la foi est libre, la foi est risquée, la foi demande un engagement de chaque personne. La foi s’adresse à la conscience et fait grandir de chacun.

En cela, Thomas « appelé le Jumeau », n’est-il pas le jumeau de chacun. Celui qui se pose des questions et ne se contente pas des habitudes et des racontars. Thomas veut vérifier et mettre le doigt sur ce qui lui paraît impossible. Car, jusqu’à ce jour, on n’a jamais vu quelqu’un « ressusciter ». Et pourquoi, les disciples avaient verrouillé les portes ? Pas seulement par peur des Juifs, mais par peur de la nouveauté qui surprend toujours. Il nous faut du temps pour apprivoiser toutes les nouveautés qui déstabilisent, qui remettent en cause nos façons de voir et de croire.

Si nous proclamons que Jésus est vraiment ressuscité, comme Thomas, nous avons besoin de mettre à jour, les signes qu’il nous donne de sa présence aujourd’hui. Sinon, on en reste aux belles histoires du passé.

Concrètement, l’ensemble des sociétés de notre monde est fortement déstabilisé. On ne sait plus compter les victimes de tous les débordements. L’avenir de la planète est sérieusement remis en cause. La peur s’infiltre partout et paralyse les bonnes volontés. Pourtant, dans ces situations, des gens n’hésitent pas à réagir et à se mobiliser pour répondre aux urgences et par là, mettre en route, un monde meilleur. Ca rejoint le testament qu’à laisser Jésus : « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » C’est un des signes que Jésus nous donne de sa présence. Comme : « J’ai eu faim et tu m’as donné à manger…j’étais un étranger et tu m’as accueilli, j’étais malade et en prison et tu es venu me visiter… » St Mat 25 Il nous reste maintenant à découvrir concrètement et à mettre en valeur tous ces signes que Jésus nous donne de sa présence aujourd’hui au milieu de nous.

Pas d’Homélie le 3ème Dimanche de Pâques.

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22 mars 2016 2 22 /03 /mars /2016 10:40

PAQUES 27 Mars 16

Première Lecture : Actes 10 34, 37–43

Deuxième Lecture : Colossiens 3 1–4

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 20 1–9

Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vient à la tombe très tôt le matin, quand il fait encore noir, et elle voit que la pierre a été retirée du tombeau. Alors elle part en courant et arrive chez Simon-Pierre et l’autre disciple que Jésus aimait. Et elle leur dit : “Le Seigneur a été enlevé de la tombe et nous ne savons pas où on l’a mis.” Pierre sort aussitôt avec l’autre disciple, et ils vont à la tombe. Ils courent tous les deux, et l’autre disciple, qui court plus vite, arrive avant Pierre à la tombe. Là il se penche et voit les linges tombés à plat, mais il n’entre pas. Pierre arrive alors derrière lui et pénètre dans la tombe ; lui aussi voit les linges posés à plat. Le suaire qui enveloppait la tête n’est pas posé avec les linges, mais à part : il est roulé à un autre endroit. Alors entre l’autre disciple, celui qui est arrivé le premier à la tombe ; il voit et il croit. C’est qu’ils n’avaient pas encore compris l’Écriture : “il fallait” qu’il ressuscite d’entre les morts !

Quel chamboulement ce matin de Pâques pour les femmes, qui veulent honorer la dépouille de Jésus. Cet Homme, les a tellement fascinées, subjuguées, entraînées à l’espérance, qu’elles ne peuvent pas l’oublier. Mais une surprise de taille les attend. Ce qui reste de Lui, son corps sans vie, n’est plus là où on l’avait mis.

N’est-ce pas le même chamboulement qui fait courir Pierre et Jean pour vérifier que le tombeau est effectivement vide ? Comme s’ils mettaient en doute le dire des femmes.

Ce même bouleversement va perturber tous les apôtres et leurs amis.

Aujourd’hui, en fêtant Pâques, nous sommes à la même enseigne que les premiers témoins de ce passage extraordinaire, de la mort physique, à la Vie de Dieu.

Aujourd'hui, personne n'oserait plus mettre en doute l'existence de Jésus. Mais quelle distance entre cette certitude historique et la foi au Christ ressuscité! Cette distance reste entière, elle n’est pas franchie par un grand nombre de nos contemporains. Soit, ils ne le peuvent pas, parce que la raison est leur seule mesure. Soit ils ne le désirent pas, parce que croire à la résurrection les force à sortir de leurs certitudes et de leurs limites. De fait chacun s’arrange avec ce qu’il connaît et s’y complait à sa façon.

On comprend, certes, que chacun puisse traverser des périodes difficiles, acculé aux épreuves de santé, de deuil, d’injustices….car, si la foi est une certitude, elle n'est jamais une évidence. L'évidence, ce sera la vision, qui à la fin des temps, prendra le relais de la foi.

Mais il faut aujourd'hui réaffirmer qu'il n'y a pas de foi chrétienne sans adhésion à !'Événement de la mort et de la résurrection de Jésus, qui relève du mystère Pascal. Tellement prisonnier de la matière, nous sommes incapables de passer, avec nos seuls moyens, à une connaissance tout à fait autre.

Alors, le Christ est-il vraiment ressuscité? Notre certitude de la résurrection du Christ se fonde tout à la fois sur le témoignage des apôtres et de tous les témoins qui l’ont vu Vivant.

Le témoignage des apôtres est clair, il est dénué de toute hésitation. Vous venez d'entendre, le discours de Pierre au centurion Corneille. On ne saurait être plus explicite: « Dieu était avec Jésus, affirme saint Pierre. Et nous, les apôtres, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l'ont fait mourir en le pendant au bois du supplice. Et voici que Dieu l'a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se montrer à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts. » Pierre résume ainsi l'ensemble des récits des apparitions du Christ ressuscité transmis par les évangélistes, après le constat du tombeau vide et il en atteste la vérité. Paul n'en dira pas moins. Ainsi, dans sa lettre aux Colossiens, il affirme qu’il nous faut : « rechercher les réalités d’en haut : c’est là qu’est la Christ, assis à la droite de Dieu. » Par-là, Paul exprime la difficulté de ne pas se laisser enfermer dans l’existence matérielle.

Et, ce qui est tout aussi impressionnant, c'est de voir comment, au lendemain de la Pentecôte, ces mêmes hommes se sont trouvés radicalement transformés, renouvelés. Par la force de l'Esprit du Christ ressuscité, ils sont passés, à leur tour, de la mort à la vie, c'est-à-dire de l'obscurité à la lumière, de la peur au courage de l'amour, qui va jusqu'au don de soi. « Ce n'est plus moi qui vit, s'écriait Paul, c'est le Christ qui vit en moi! » Et tous ces apôtres et disciples avancent ainsi, selon le rythme pascal, de naissance en renaissance, avec le regard fixé sur l'horizon où le Christ les attend au-delà d'une mort qu’il ne redoute plus. Ils mettent en œuvre cette belle recommandation de Jésus : « N’ayez pas peur ! »

Cette recommandation est particulièrement d’actualité pour les chrétiens d’Orient, en butte à des groupes fanatiques qui veulent les faire disparaître : « convertissez-vous, sinon on vous tue. » Chrétiens, nous ne pouvons rester indifférents à ces massacres. Confrontés à ces difficultés et à bien d’autres, qui mettent en cause notre existence, il est plus nécessaire que jamais de raviver notre foi au Christ ressuscité.

Jésus, par sa résurrection au matin de Pâques, ouvre une nouvelle espérance, inconnue jusque-là : l’Amour a vaincu la mort. La Résurrection de Jésus est bien le fondement de notre foi chrétienne. Au point que l’apôtre Paul dira : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi. » L’événement Pâques n’est pas clos. Il instaure un temps nouveau. Il nous sollicite et nous invite à écrire les pages nouvelles de l’histoire humaine.

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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 17:49

5° Dimanche de Carême « C » 13 O3 16

Première Lecture : Isaïe 43 16–21

Deuxième Lecture : Philippiens 3 8–14

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean : 8, 1-11

"Jésus s'était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol. Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : «Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. » Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s'en allaient l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t'a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

Nous voilà invités à assister à un procès qui sort de l’ordinaire. Les scribes et les pharisiens s’adressent à Jésus comme Juge, pour pouvoir le condamner. En effet, ils veulent se débarrasser de lui par tous les moyens. Mais Jésus, à sa manière, retourne la situation. En les dévisageant, il s’adresse à tous ceux qui se contentent de coller des étiquettes sur le dos des autres. Car des étiquettes, il y en a ! Vous connaissez tout ce qui nous fait, consciemment ou non, classer les gens en catégories : « Celui-là, c’est un fainéant ... Untel, c’est un coureur ... une grande gueule ... un escroc ... une prostituée …..un Roms…..». Or, toutes ces personnes ont aussi des qualités insoupçonnées.

Dans ce récit, nous avons affaire à quelqu’un qui n’a pas de nom. Ceux qui la traînent devant Jésus parlent de la « femme adultère ». « Or, dans la loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Nous savons déjà que les rôles vont être inversés : scribes et pharisiens sont sûrs de pouvoir coincer Jésus, quelque soit sa réponse. « Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Ainsi, Jésus s’adresse à la conscience de chacun. Avant de condamner, il faut commencer par se regarder soi-même et se poser la question : Qui suis-je pour juger et condamner quelqu’un ?

Les voilà donc : ils viennent faire comparaître ‘’Flagrant Délit d’Adultère’’ devant celui qu’ils ont désigné comme leur victime. Car Jésus, c’est l’homme à abattre et, pour y arriver, ils vont utiliser cette femme-là. La précision est importante : cette femme ne les intéresse pas, ce n’est qu’une femme-objet. Ce qui leur importe, c’est de coincer Jésus dans le choix qu’ils lui imposent. Ou bien il vote l’impunité, et alors il s’oppose à la Loi et il se condamne lui-même à mort. Ou bien il souscrit à la sentence de lapidation, et alors il se contredit, lui-même et son message d’amour. Leur démarche est tellement tordue qu’ils n’utilisent la loi que dans son aspect le plus macho ; au Livre du Lévitique 20, 10 il est écrit : « En cas d’adultère, ils seront mis à mort tous les deux, l’homme et la femme ». Ça va, on a compris, et ils se retirèrent les uns après les autres en commençant les plus âgés. Quant à Jésus, il est désappointé devant ces réactions primaires qui ne laissent aucune place à ce qui est humain. La miséricorde n’a pas de place dans ce procès.

Le regard de Jésus est tourné vers son Père qui met toujours en valeur ce qu’il y a de plus beau et de plus grand dans l’humain et dans la dignité abusée de la femme qui est là devant lui.

Que de gâchis autour de nous où tant de personnes sont méprisées et réduites à n’être que des objets. Il suffit de penser à tous ces otages décapités, ces milliers de migrants agglutinés aux barbelés et ceux qui pataugent dans la boue. Sans faire un étalage des misères du monde, que chacun regarde bien autour de lui avec un cœur compatissant. Car, il n’y a rien de plus beau et de plus dynamisant que d’être reconnu, aimé, respecté dans sa dignité d’homme et de femme.

Que ce temps de carême nous aide à faire disparaître de nos horizons tous les classements, les étiquettes et les jugements tout faits, et reconnaître en chacun des enfants de Dieu. On n’a jamais le droit d’utiliser la vie d’une personne pour ses intérêts personnels. Il s’agit d’une conversion à laquelle nous sommes tous appelés. Cette conversion doit nous amener à servir l’espérance et la liberté d’un chacun. Et ce sera aussi pour chacun l’occasion de repartir, comme la femme adultère, vers un avenir nouveau. Le temps des combines devraient se terminer pour faire place à la dignité de chacun.

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2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 09:39

4° Dimanche de Carême « C » 05 03 16

Première Lecture : Josué 5 9–12

Deuxième Lecture : 2Corinthiens 5 17–21

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 15 1–32

On voyait tous les collecteurs de l’impôt et les pécheurs s’approcher de Jésus pour l’écouter. Les Pharisiens et les maîtres de la Loi s’en plaignaient : “Cet homme, disaient-ils, fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux !” Aussi Jésus dit-il à leur intention cette parabole : “Imaginez que l’un d’entre vous possède 100 brebis, et il en a perdu une. Est-ce qu’il ne va pas laisser les 99 autres dans le désert, et courir après celle qui s’est perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la met tout joyeux sur ses épaules et, rentré chez lui, il rassemble amis et voisins et leur dit : ‘Partagez ma joie, car j’ai retrouvé ma brebis perdue !’ Je vous le dis : Il y aura plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de se repentir. “Si une femme a dix pièces d’argent, et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison et chercher soigneusement jusqu’à ce qu’elle la trouve ? Et quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et voisines et leur dit : ‘Partagez ma joie, car j’ai retrouvé la pièce que j’avais perdue !’ De même, je vous le dis, on est tout joyeux chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.” Jésus dit encore : “Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part du domaine qui me revient.’ Et le père leur partagea son bien. Le plus jeune fils ramassa tout et partit peu après pour un pays lointain où il dépensa son héritage dans une vie de désordres. Quand il eut tout dépensé, une grande famine s’abattit sur ce pays et il commença à manquer de tout. Il alla donc se mettre au service d’un des habitants du pays qui l’envoya dans ses champs pour garder les cochons. Là il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les cochons, mais à lui, personne ne lui donnait rien. Il rentra alors en lui-même : ‘Combien d’ouvriers de mon père, se dit-il, ont du pain plus qu’il n’en faut, et moi ici je meurs de faim. Je vais me lever, retourner vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le Ciel et devant toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils, mais prends-moi comme l’un de tes ouvriers.’ Il se mit donc en route et retourna chez son père. Quand il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement. Le fils alors lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le Ciel et devant toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’ Mais le père dit à ses serviteurs : ‘Apportez vite la plus belle tunique et habillez-le, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Allez chercher le veau gras et tuez-le, car il nous faut manger et faire la fête : mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent à faire la fête. Le fils aîné était aux champs, mais il finit par rentrer. Comme il approchait de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela l’un des garçons et lui demanda ce qui se passait. L’autre lui répondit : ‘C’est ton frère qui est arrivé et ton père a tué le veau gras car il l’a retrouvé en bonne santé.’ Il se mit en colère. Comme il refusait d’entrer, son père sortit pour l’en prier. Mais il répondit à son père : ‘Voilà tant d’années que je te sers sans avoir jamais désobéi à un seul de tes ordres, et à moi tu ne m’as jamais donné un chevreau pour faire la fête avec mes amis. Mais lorsque revient ton fils que voilà, celui qui a mangé toute ta fortune avec les prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras !’ Le père lui dit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est toi C’est maintenant qu’il fallait faire la fête et se réjouir, car ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !’”

« Un homme avait deux fils ! » Le plus jeune est pris par la frénésie de vivre, de s’éclater, de connaître d’autres horizons, de vivre en liberté ! Il veut profiter de la vie. En cela il est normal, et il ressemble beaucoup aux jeunes d’aujourd’hui. Cette aspiration à vivre autre chose que la routine quotidienne, le désir de découvrir l’inconnu, d’aller au-delà du vécu, de créer du neuf, n’est pas contre nature, c’est un cadeau donné par Dieu avec la vie. L’aîné au contraire reste à la maison, bien sagement. Il est sérieux, travailleur et à première vue, il ne présente pas de problèmes. Il n’y a pas de reproches à lui faire.

Néanmoins, à y regarder de plus près, le père vit un double drame, un double conflit. Curieusement l’aîné, celui qui reste à la maison, passe inaperçu au point de départ, et pourtant sa révolte est plus sournoise, plus profonde. Plus tard, sa conversion sera plus difficile à réaliser que celle de son frère fugueur. Et pourquoi ?

En Palestine, l’aîné d’une famille avait des prérogatives, des droits supplémentaires. Il était investi d’une fonction. Du vivant du père, il tient la première place parmi ses frères. A la mort de son père, il lui succède à la tête de la famille et il reçoit une double part d’héritage.

Mais Dieu ne se laisse pas enchaîner par cette loi : souvent dans la bible, le choix de Dieu porte sur le cadet ou le dernier : par exemple, David est le 8°. Dieu n’aime pas ce qui se fait par habitude, de façon automatique, ce qui se transmet en héritage. On peut même dire que Dieu jette un sacré désordre dans le puzzle. Il bouleverse les plans, culbute les certitudes. La façon d’agir de Dieu est toujours pleine de surprise. C’est étrange, on n’y peut rien, le fait est là. Il faut croire que Dieu n’est jamais à l’heure et ne se plie pas aux habitudes. A chaque personne, il veut manifester sa tendresse et sa proximité. Pour Lui, aucun n’est de trop et surtout pas le plus faible ou le « raté ».

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Nous sommes invités à nous reconnaître dans l’attitude de l’un ou de l’autre de ces 2 fils. Disons que le drame de l’aîné, celui qui se déclare juste et qui se met d’emblée du bon côté, a sans doute le plus de difficultés à se mettre en cause. Il est porté par la société qui n’a que des louanges pour sa réussite apparente. Généreux, travailleur, dévoué, occupant une fonction et un grade, il ne voit pas en quoi il pourrait être appelé à changer. Quant à lui, il en fait bien assez !

Par contre, le « fils prodigue » est questionné de façon vitale pour se nourrir, pour être reconnu et aimé, alors, au creux de sa misère, il cherche ce qu’il doit changer dans sa vie.

Dans cette parabole, les 2 fils sont pécheurs, les deux doivent changer sur un aspect différent de leur vie. La parabole nous rappelle la nécessité urgente de nous convertir. Trop souvent, on ne se rend pas compte de ce qu’il faut changer en nous-mêmes.

Pourtant, on se rend bien compte qu’il y a trop de violences et de morts innocents. Ca suffit avec les injustices et les inégalités entre les hommes et les peuples…. et bien sûr, c’est toujours la faute aux autres : aux extrémistes, aux islamistes, aux patrons, aux dirigeants… Et nous, en quoi sommes-nous concernés par ce qui arrive chez nous et dans le monde ? Il y a certainement des choses a changé dans nos vies pour que nos relations soient plus fraternelles, plus respectueuses, plus chaleureuses….

Un chrétien ne peut pas se contenter de ce qui se passe à l’intérieur de son église ou de sa communauté de croyants, il faut qu’il soit accueillant à la vie des hommes de son temps.

Comme croyant, nous avons vécu depuis l’enfance dans la proximité de Dieu, mais est-ce suffisant ? Que de routine et d’usure dans notre foi !

Sommes-nous encore capables d’apprécier, à l’image de cette parabole, que Dieu est toujours là à nous attendre et à nous offrir son pardon quand nous reconnaissons nos limites et nos faiblesses ! Alors, quelle joie de pouvoir découvrir et emprunter des chemins de vie. Merci Seigneur, de nous avoir fait découvrir ce matin, la tendresse et la miséricorde sans limite de notre Père.

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24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 08:45

3° Dimanche de Carême « C » 28 02 16

Première Lecture : Exode 3 1–15

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 10 1–12

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 13 1–9

« Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : “Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces 18 personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.” Jésus disait encore cette parabole : “Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ? » Mais le vigneron lui répondit : « Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.”

Voilà une parole de Jésus qui, à première vue, heurte nos mentalités contemporaines. On vient lui rapporter deux faits divers : le massacre d'un groupe de pèlerins galiléens par Pilate, et l'effondrement de la tour de Siloé, dans laquelle dix-huit personnes ont été tuées. Et Jésus n’a qu’une réponse : « Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ». Jésus semble donc lier malheur, mort violente, et péché. Cela ne peut que nous révolter. Pourtant, beaucoup de gens ont encore cette idée-là dans la tête. Combien de fois n'avons-nous pas entendu des réflexions de ce type : "Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu ?", ou encore : "Je n'ai pas mérité cela !" Et quand ça nous touche de près, on a les mêmes réactions. Alors, il est nécessaire de prendre du recul pour ne pas se laisser enfermer dans les malheurs du moment. Dieu serait-il le punisseur, le Dieu cruel, qui veut la mort du pécheur ? Et Jésus, à deux reprises, leur dit : « Eh bien, je vous dis : pas du tout ! »

Il nous faut donc commencer par préciser nos doutes, ce que nous ne pouvons pas accepter, ce qui contrarie notre manière de vivre, d’espérer et de partager. On ne peut que se révolter contre un Dieu qui comptabiliserait nos fautes, qui ne laisserait rien passer, qui ne pardonnerait pas, alors qu’il nous demande de pardonner.

Nous avons raison de penser que si Dieu est Amour, il ne peut être qu'AMOUR, et non pas revanchard.

Dans le processus qui va du péché à la mort, Jésus ne fait pas intervenir Dieu. Il s'agit ici d'un avertissement. Il s’inscrit dans la logique de la bible en parlant de l’arbre de la connaissance : « Si vous mangez le fruit de cet arbre, vous mourrez." La mort s’inscrit dans la logique de la vie. En aucun cas, elle en est l’aboutissement. Ce que Dieu a donné, il ne le reprend pas.

Au lieu d’accuser Dieu comme la cause de tous nos malheurs, il faut commencer par reconnaître nos responsabilités dans tout ce qui dégrade l’existence des hommes. Prenons quelques exemples. Combien de morts sur nos routes, qui ont pour cause directe une imprudence, un excès de vitesse, une conduite en état d'ivresse ! Combien de cancers qui, à plus ou moins long terme, ont pour cause une catastrophe comme celle de Tchernobyl ! Combien de milliers de personnes qui, cette année encore, mourront de faim, de guerre à cause de l'égoïsme et de l'indifférence qui règnent en maîtres dans nos pays développés. Et chez nous, combien d'exclus, de sans travail, de pauvres vivent aujourd'hui plus que jamais dans des situations de précarité, parce que la guerre économique qui règne sur toute la planète ne connaît aucun répit ! Vous pouvez continuer la liste des malheurs qui, aujourd'hui même, ont pour cause la mauvaise conduite des hommes. Le malheur de l'homme ne peut jamais être imputé à Dieu qui ne cesse de nous aimer malgré nos faiblesses.

Mais cela ne veut pas dire qu'on va se faire de Dieu l'image d'un Dieu mou, inconsistant. Le père, qui laisse tout faire, n'est pas meilleur que le père fouettard : l'un comme l'autre ne respectent pas l'enfant. Et si nos actes n'ont pas d'importance, si choisir le blanc ou le noir, c'est la même chose, nous ne pourrons pas être les artisans de notre bonheur. C’est éliminer Dieu. Il ne faudrait pas croire que Dieu n'a rien à voir dans tout cela, il nous associe à sa création. Nous vivons dans un univers qui nous vient de lui et dont il nous a faits les gérants. Et ce Dieu nous lance un appel et un avertissement.

Cet avertissement nous est renouvelé, aujourd’hui, par le pape François, en Bolivie. Il insiste devant les mouvements populaires à « reconnaître que nous avons besoin d’un changement profond. » « J’insiste, nous voulons un changement réel, un changement de structure….Nous voulons un changement dans nos vies, dans nos quartiers, dans le terroir, dans notre réalité la plus proche ; également un changement qui touche le monde entier. » « J’ose vous dire, que l’avenir de l’humanité est, dans une grande mesure, entre vos mains, dans votre capacité de vous organiser. Ne vous sous-estimez pas.»

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 09:37

2e dimanche du Carême "C" 21 Février 16

Première Lecture : Genèse 15 5–18

Deuxième Lecture : Philippiens 3 17—4 1

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 9, 28-36

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante. Et deux hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.» Il ne savait pas ce qu'il disait. Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. » Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.

Avant de se rendre à Jérusalem, où il va être exécuté, mais aussi ressusciter d’entre les morts, Jésus se retire avec Pierre, Jacques et Jean sur une montagne. Dimanche dernier, l’évangile nous a montré Jésus acculé à des impasses, à des obstacles qui ferment tout avenir. Nous connaissons les mêmes difficultés, nous butons sur les mêmes épreuves. L’expérience de la vie nous montre que les chemins les plus faciles sont sans issues. Mais Jésus, aujourd’hui, nous fait découvrir que tout n’est pas foutu et qu’il y a toujours des chemins d’avenir.

En ce deuxième dimanche de notre marche vers Pâques, la transfiguration rappelle le but de la mission de Jésus et de ceux qui veulent le suivre. Cette manifestation est essentielle pour les disciples à qui Jésus vient d’annoncer les persécutions et sa mort prochaine. Sans perspectives, on ne peut pas aller de l’avant. Les contraintes et tous les mauvais coups que la vie engendre ne peuvent pas être dépassés si on n’a pas d’objectifs plus forts. Ainsi Jésus, parlant de son départ avec Moïse et Elie est rayonnant. Pierre, Jacques et Jean en restent bouche bée. Ils le voient à présent comme ils ne l’ont jamais vu. Jusque-là, ces premiers disciples n’avaient jamais pensé que Jésus s’inscrivait dans cette grande histoire d’amour entre Dieu et l’humanité. A présent, pour le suivre, il leur faut franchir une nouvelle étape. Ils avaient reconnu en Jésus un personnage extraordinaire, un messager, et maintenant ils reconnaissent en lui, le Fils de Dieu. « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. »

Après cette révélation que Jésus confie à ses 3 apôtres en primeur, il les engage à n’en rien dire avant sa Pâque. En effet, pour le moment, les autres disciples ne sont pas en capacité d’accueillir cette nouveauté.

Ne sommes-nous pas tous embarqués dans la même histoire ? Chacun de nous a entendu dire, sous différentes formes, que Dieu nous aime. Et pourtant, devant les épreuves qui remettent en cause les sécurités de notre vie, notre foi en cet Amour est ébranlée, voire anéantie.

Les épreuves, que nous n’avons pas choisies, n’ont pas le pouvoir de nous enfermer ni de nous déstabiliser. Jésus, tout au long de sa vie et en particulier sur cette montagne, nous fait découvrir que nous avons des énergies insoupçonnées pour rebondir dans les pires situations. Et pourquoi ? St Paul nous rappelle dans la lecture de ce matin que nous ne sommes pas les esclaves de notre corps mais : « nous avons notre citoyenneté dans les cieux. »

Je ne peux pas oublier ce que j’ai vécu sur cette montagne, appelé Mont Thabor, lors d’un pèlerinage. Des pèlerins ont témoigné des étapes nouvelles qu’ils ont franchies à l’occasion d’un drame qui les a profondément marqués : la mort accidentelle d’un fils, le suicide d’une épouse, l’handicap de deux enfants ……… A chaque passage, et à chaque évocation de ce lieu, c’est pour moi un rappel que l’Amour de Dieu est toujours à l’œuvre. La rencontre de personnes en grande difficulté, certains obnubilés par les échecs, la poisse, la maladie incurable, la mort, m’obligent sans cesse à réajuster mon approche pour respecter ce qu’ils vivent sans les y enfermer. Grâce à l’amour des autres, ils ont pu réagir et retrouver des forces neuves. L’amour des autres n’est-il pas chemin de l’Amour de Dieu ?

Le Pape François, au cœur du Mexique, a pourfendu à cette occasion les riches et l'élite corrompue en les accusant d’accumuler : "Une richesse qui a le goût de la douleur, de l'amertume et des souffrances : tel est le pain qu'une famille ou une société corrompue offre à ses propres enfants". En disant cela, le Pape François veut redonner espoir et réveiller les énergies de tous ceux qui n’en peuvent plus, découragés et qui se sentent abandonnés.

De même dans la « Jungle » de Calais où des milliers de réfugiés, d’orphelins et de miséreux cherchent un dernier recours. Des associations, des femmes et des hommes refusent de baisser les bras et d’abandonner à leur triste sort, ces gens qu’ils regardent comme des frères. C’est une nouvelle étape dans leur vie : reconnaître comme des frères ceux qui sont abandonnés. C’est aussi un bonheur pour eux, d’être reconnus comme des frères. Tous ces gens-là, prennent des risques face à l’égoïsme de ceux qui les méprisent et vont jusqu’à vouloir les éliminer.

La transfiguration nous empêche de sombrer dans le désespoir, et la perte de la foi après être confrontés à des malheurs. Il faut prendre le chemin avec Jésus, gravir la montagne. Il faut risquer l’endurance pour atteindre le sommet. Même s'il n'est pas de montagne à proximité, nous sommes invités à prendre un peu de recul, de distance avec notre environnement pour nous livrer en toute confiance au dialogue avec Dieu. Ce dialogue avec Dieu est à l’image du dialogue avec nos proches. Il se fait en marchant, un pas après l’autre, un événement après un autre sur le chemin de Pâques.

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10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 09:45

1er dimanche de Carême « C » 14 02 16

Première Lecture : Deutéronome 26 4–10

Deuxième Lecture : Romains 10 8–13

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 4 1–13

Jésus revint du Jourdain rempli de l’Esprit Saint ; il se laissa conduire par l’Esprit à travers le désert où, durant quarante jours, il fut tenté par le diable. De tous ces jours il ne mangea rien, et lorsqu’ils s’achevèrent il eut faim. Le diable lui dit alors : “Si tu es Fils de Dieu, commande à cette pierre qu’elle devienne du pain.” Jésus lui répondit : “Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. Le diable alors l’emporta et lui montra, le temps d’un clin d’œil, tous les royaumes de la terre. Il lui dit : “Je te donnerai autorité sur tous ; toute cette gloire sera tienne, car elle m’a été remise et je la donne à qui je veux ! Elle sera tout entière à toi si tu te prosternes devant moi.” Mais Jésus lui répondit : “Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu et tu n’adoreras que lui.” Le diable alors le conduisit à Jérusalem. Il le plaça sur le haut du rempart du Temple et lui dit : “Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas. Car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, pour qu’ils te gardent. Et encore : Leurs mains te saisiront, de peur que ton pied ne heurte quelque pierre.” Mais Jésus lui répliqua : “Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. Le diable avait tenté Jésus de toutes les façons possibles ; il s’éloigna de lui, attendant une occasion. (Bible des Peuples)

On peut s’étonner que dans la grande presse et les autres médias, mis à part les radios chrétiennes, personne n’a parlé du Carême des chrétiens. Et en même temps, tout le monde est informé avec insistance sur le début et la fin du Ramadan. Et on peut se demander pourquoi ça se passe ainsi, dans un pays de traditions chrétiennes ?

Il faudrait peut-être commencer par nous interroger nous-mêmes : comment se fait-il que la préparation des fêtes de Pâques, passe tellement inaperçue ? Il y a évidemment encore quelques fêtes de carnaval ou de mi-carême, mais ces fêtes sont totalement déconnectées de leur origine « chrétienne ». D’ailleurs carnaval se fête n'importe quand, même en été.

Il y a encore quelques années – mais cela parait si loin – on parlait de jeûne et d’abstinence et cela faisait vivre les poissonniers ! Depuis, la discipline s’est tellement relâchée qu’il n’en reste plus grand-chose.

Si on fait un choix de viande, ce n’est plus pour obéir à une discipline chrétienne, mais pour s’informer de l’origine de la viande de bœuf, contrôler le label des poulets élevés en plein air, s’inquiéter de la nourriture donnée aux poissons d’élevage. Si on fait attention à la quantité ou à la qualité de la nourriture ce n’est plus du tout pour obéir à la loi de jeûne du carême mais plutôt pour suivre un régime amaigrissant, ou encore pour manger « bio » et « garanti non-transgénique ».

Mais l’essentiel du carême se résume-t-il à quelques règles et sacrifices imposés durant ces quarante jours précédant Pâques ? Aujourd’hui, comment vivre ce temps fort ? Sûrement pas en reprenant des coutumes moyenâgeuses, mais en organisant notre conduite de façon adaptée à notre 3e millénaire ? Face à un monde dans lequel nous vivons aujourd’hui et celui qui s’ouvre sur demain s’imposent deux appels, essentiels et pressants :

- se laisser, marquer par la proximité de Dieu

- s’engager courageusement dans un monde solidaire.

Alors, comment arriver à mieux prendre conscience de la proximité de Dieu ? Un des moyens est sûrement celui de refaire « l’expérience du désert ». Mais « Expérience du désert », cela veut dire quoi ?

Dans la culture juive, le désert est bien plus qu’un lieu géographique, c’est le lieu d’une expérience unique avant d’arriver, au bout de leur « errance », vers la Terre promise. Il s’agit du Passage de l’esclavage à la liberté. C’est la Pâque Juive ! Avant d’entreprendre sa mission, Jésus a voulu, lui-même, faire l’expérience du désert.

Désert, lieu de solitude, de dénuement où apparaît ce que nous sommes en vérité. Désert dans lequel on n’est pas distrait par de multiples préoccupations et où une vraie rencontre devient possible. Le désert invite à la méditation, au recueillement, il permet de se rendre compte de la fragilité, de la relativité de tant de chose qui ont pris la première place dans nos préoccupations. Cette prise de conscience est essentielle pour mesurer l’enjeu de l‘aujourd’hui.

Inversement, le désert est aussi le lieu de l’épreuve, du décapage où émergent les tentations : posséder, paraître et dominer. Ces tentations rencontrées par le peuple élu, Jésus les a surmontées. Aujourd’hui, chacun y est confronté et s’il ne s’en rend pas compte, il ne peut que succomber ; s’il ne fait pas « gaffe », il se fait pièger.

Comme les étapes de la vie, le carême doit être au service de notre dignité d’Homme et de Fils de Dieu. Nous ne pouvons retrouver la sérénité et même la joie de vivre, malgré les épreuves, que si on est en capacité de répondre aux appels du Créateur.

Il faut savoir que « aller au désert » ne signifie pas nécessairement : « partir ailleurs ». Dans nos vies surchargées, sollicitées et agitées, il est essentiel de prendre du recul. Cette démarche est « thérapeutiquement » et spirituellement nécessaire pour vivre en Homme libre et responsable. Cela ne peut pas se faire sans trouver des moments de calme, de silence, de « retraite », de méditation, d’échange et de recherche, de prière. On le fait bien pour les vacances ou d’autres loisirs, alors, faisons marcher nos imaginations. Ce sont, ces moment-là que l’Église nous invite à trouver pendant ces quarante jours de grâce. Le CCFD-Terre Solidaire, proposé par l’Eglise de France, invite à se rassembler pour réfléchir, comprendre et s’engager. Dans les paroisses, il y a aussi le Carême à domicile.

Pour ce faire, il importe que chacun s’engage courageusement dans un monde solidaire. Nous n’avons qu’à ouvrir tout grand nos yeux, nos oreilles et nos cœurs et nous saurons où et comment Dieu, à travers les cris des hommes, nous appelle.

Bon carême à nous tous !

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 09:52

5° dimanche du Temps de l’Eglise « C » 07 02 16

Première Lecture : Isaïe 6 1–8

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 15 1–11

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 5, 1-11

Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth : la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu. Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit et, de la barque, il enseignait la foule. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : " Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. " Simon lui répondit : " Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. " Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu'elles enfonçaient. À cette vue Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : " Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. " L'effroi, en effet, l'avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu'ils avaient prise ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon. " Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. " Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

Ce n’est pas au Temple de Jérusalem que Jésus commence sa mission. C’est au carrefour des Nations, à Capharnaüm, au bord du lac de Génésareth que Jésus, dans la barque de Simon, proclame la Parole de Dieu. Pourquoi Jésus a choisi cet endroit ? Certainement parce que c’est un lieu de brassage de population, lieu de commerce entre l’Asie – l’Afrique et l’Europe. Lieu d’échanges et de connaissances. Ce n’est pas un lieu protégé et réservé. On y rencontre le tout-venant avec ses qualités et ses défauts. C’est là que Jésus annonce la Bonne Nouvelle du Royaume.

N'est-il pas surprenant que Jésus ait appelé à lui de simples pêcheurs, des gens qui connaissent leur métier, mais prêts aussi à tout quitter pour le suivre ?

Nous sommes en présence de pêcheurs qui connaissent bien leur métier. Ils rentrent bredouillent d’une nuit passée en mer sans rien prendre. Et voilà que le fils du charpentier, qui ne connaît rien au dur métier de pêcheur, leur demande d’avancer au large ! Cette invitation, d’aller au large, devait les agacer. Timidement, Pierre lui dit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre » Et Jésus lui répond : « C’est vrai, je le vois bien… mais navigue en eau profonde, va plus loin, ose le large… » Ils ont osé aller au large parce qu’ils l’ont entendu parler à la foule. Son enseignement invitait à sortir des bornes habituelles et des terrains connus. Ils ont eu confiance en la Parole de Jésus qui les invitera à prendre le même chemin que lui : redonner confiance et espérance à tous ceux qui sont enfermés dans leur découragement.

En cet instant, je pense à tous les déçus, les découragés de la vie. Je pense à tous ceux de ma génération qui ont vécu avec enthousiasme le Concile Vatican II. Ensuite les événements de 68 qui ont posé des questions nouvelles. Je pense également à tous ceux qui ont investi de leur temps, de leur générosité au sein de leurs associations et organisations, qui ont pris du temps sur leur vie de famille, parfois au prix de leur santé et qui restent cois. Leur enthousiasme est terni par les nombreuses déceptions : fermetures, licenciements, éclatement des familles….Et pourtant, des militants et tant d’autres gardent cette flamme allumée en espérant des jours meilleurs. Ça et là, il y a des choses nouvelles qui prennent racine et qui naissent. Désormais, plus rien n’est comme avant : nous avons changé, les mentalités ont changé, mais tout n’a pas changé : les riches deviennent de plus en plus riches et le nombre des pauvres ne cesse de croître…

Aux uns et aux autres, comme à l’apôtre Simon-Pierre, Jésus lance cet appel : « Avance au large, va plus loin… » Cet appel concerne toute notre vie : là où les certitudes et les habitudes ont mis des limites à notre action ; là où les échecs et les déceptions ont entraîné un sentiment de lassitude ; là où les conflits et les haines ont apporté une attitude de vengeance ou de repli sur soi.

« Avance au large », « Regarde, ta vie s’ouvre vers l’avenir et surtout, ne t’enferme pas dans le passé.» Concrètement, aujourd’hui on peut être scandalisé par la masse des gens sans travail qui sont condamnés par la société. En même temps, les manifestations des paysans, des gens qui travaillent sans relâche, s’endettent toujours plus. Leur révolte est un cri de désespoir. Que les responsables, à tous les niveaux et en particulier les chrétiens, fassent DROIT à ce qui est Humain.

La vie est marquée par des étapes qui nous entraînent toujours plus loin. Ainsi, Jésus est passé de Nazareth à Capharnaüm, de même, Jorge Bergoglio est venu de l’Argentine à Rome. Simon est devenu Pierre comme Jorge est devenu Pape François. Ce sont à la fois les mêmes personnes mais aussi des hommes nouveaux. Le Christ les a entraînés vers une vie qu’ils ne connaissaient pas. Ce même Christ invite chacun d’entre nous à vivre ces transformations et à nous rendre meilleurs. L’appel du Christ comporte bien sûr une part d’inconnu, d’aventure. L’objectif du Christ n’est pas de nous faire peur, de nous déstabiliser : « Sois sans crainte Simon Pierre, va plus loin, ose le large, jette les filets ! » Vous connaissez la suite ! Quel retournement, « laissant tout, ils le suivirent. »

Jésus sait que nous sommes capables d’aller bien au-delà de ce que nous croyons être nos limites, nos désespérances, nos lassitudes. C’est merveilleux de voir que Dieu ne désespère pas de l’homme. Il aide l’Homme à prendre conscience de ses valeurs, de ces capacités et ainsi, il l’arrache à la morosité et à la peur du lendemain. La vraie réussite réside bien là : croire que c’est toujours possible, qu’un chemin nouveau s’ouvre devant soi ! L’homme prend conscience que son bonheur ne peut pas se faire sans le bonheur des autres, car nous sommes des êtres de relation. Je ne cesse de rappeler que notre vraie richesse : c’est la qualité de notre présence aux autres et à la vie du monde !

Sortir de nous-mêmes, sortir de nos petites préoccupations personnelles, sortir de notre monde à nous, pour voir le monde avec les yeux de Dieu : c’est cela « l’appel au large ». Pour ce faire, il nous faut prendre du recul pour accueillir la nouveauté de la vie et en même temps repérer les pièges. N’est-ce pas là un travail de fond que l’Eglise nous propose, aujourd’hui, par le temps carême qui va s’ouvrir ce mercredi des cendres?

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