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19 décembre 2014 5 19 /12 /décembre /2014 16:18

Chers amis,

Pour que vous ne soyez pas surpris, je vous avertis que la prochaine homélie paraîtra, le 4 janvier, fête de l’Epiphanie. Du 23 au 30 décembre, à la demande de l’agence Routes des Hommes, j’accompagne un groupe de pèlerins en Terre Sainte. Pour la première fois, je vais célébrer Noël à Bethléem.

Une pensée, une prière à toutes vos intentions.

Bonnes fêtes de fin d’année.

François

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18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 10:10

4° Dimanche de l’Avent « B » 21 12 14

1ère Lecture : Livre de Samuel 7,1-5.8b-12.14a.16

2ème lecture : St Paul aux Romains 16,25-27

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc. 1, 26-38

L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L'ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. » Marie dit à l'ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » L'ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu.
Et voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait : 'la femme stérile'.
Car rien n'est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » Alors, l'ange la qu
itta. (Bible des Peuples)

Ce récit a de quoi en étonner plus d'un de nos jours. Avouons qu'il n'est pas aussi évident que cela de croire, à cette histoire d'ange et de naissance miraculeuse. A notre époque scientifique, à l'heure d'Internet et des communications intersidérales, la matière et le concret sont au bout de la recherche. Le scientifique ne regarde que ce qui lui permet de retrouver des traces de l’origine de la vie : l’aspect matériel et concret qui sert de support à la vie. Quant au croyant, il cherche à décrypter le message du Créateur. Quand on chante Dieu est Amour, ce n’est pas une description de l’espace, mais le message que Jésus nous a transmis.

Revenons à l’évangile de ce jour où l’évangéliste Luc met en valeur une femme, dénommée Marie et par elle, toutes les mamans et toutes les femmes dans la vie de nos sociétés. Elles ont un rôle essentiel et méritent d’être considérées à leur juste valeur.

Jeune fille de Nazareth, semblable aux autres filles de sa bourgade, la voilà projetée sur le devant de la scène. Comme les jeunes filles de son village, elle songeait à fonder une famille : « accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph. » En cela, rien de plus naturelle, vu le contexte dans lequel elle vivait ! La hantise de la stérilité habitait toutes les femmes de l’époque. Voilà que l’ange révèle à Marie que sa cousine Elisabeth : «… en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait « la femme stérile ». Et voilà que tout bascule ! Tous les projets de Marie sont remis en question par l’ange Gabriel : « Réjouis-toi ! Le Seigneur Dieu t’a montré son amour d’une manière particulière. Il est avec toi. »

Oui, c’est là, à Nazareth, dans son village, non loin de la fontaine, que Marie a dit OUI à l’ange. J’aime rappeler le geste de Sœur Joséphine de Nazareth. En montrant la basilique de l’annonciation, elle disait aux pèlerins : « C’est là, que ce sont réalisées les épousailles de Dieu avec l’humanité. » Oui, c’est là que Dieu s’est incarné en Celui qu’on appelle Jésus : Dieu sauve. Il se présente comme le Fils de l’Homme ! Pourquoi le choix du Seigneur s’est porté sur Marie ? Pour Luc, Marie sera la réalisation de la prophétie d’Isaïe 7, 14 : « Une vierge concevra, et enfantera un fils et on lui donnera le nom d’Emmanuel » càd : Dieu avec nous !. Les intermédiaires de Dieu seront toujours des humains comme Abraham, Moïse, les prophètes et tant d’inconnus, comme nous pouvons être aussi témoins de ce Dieu d’Amour aujourd’hui.

Dimanche dernier, l’évangile nous parlait de Jean-Baptiste et aujourd’hui, il nous parle de Marie. Chaque personnage de la bible, comme chacun d’entre nous, avec les petits moyens de son temps, de sa culture, de son expérience, de son environnement a quelque chose d’original à transmettre. Chacun peut révéler un aspect particulier de Dieu présent à notre existence. Nous pouvons apprécier le dialogue qui s’est établi entre elle et l’ange : « comment cela se fera-t-il ? » Elle n’est pas dans l’expectative comme ces femmes ou ces hommes qui sont en attentes d’être choisis ou promus. C’est dans l’humilité qu’elle a accepté cette mission d’être la mère du Sauveur : « Je suis la servante du Seigneur. Que Dieu fasse pour moi ce que tu as dit ! »

Marie, comme toutes ces femmes enceintes aujourd’hui, est traversée par des joies débordantes mais aussi par des questionnements : dans quel monde cet enfant va naître, que deviendra-t-il ? Chaque être humain a bénéficié, dans ses premiers moments d’existence de ces aspects entremêlés de joies et de questionnements. Cette ouverture, cette attention, cette écoute permet à la vie de se développer et de grandir. C’est le contraire de la domination et du pouvoir qui imposent sa façon de voir jusqu’à son caprice. Et le massacre de 140 enfants dans une école au Pakistan en est bien l’illustration. Cette barbarie nous invite à réfléchir jusqu’où peut mener la force et la violence ? Le plus étonnant dans le message de l’Annonciation, c’est que la douceur, la discrétion, le sens du service sont plus forts que tout. Aujourd’hui tout pousse au chacun pour soi, à la promotion individuelle même en passant par la tromperie et le mensonge. Tout est fait pour mettre en valeur les apparences qui voudraient faire croire que tout est bon et beau.

Par cette fête et ce récit, l’Eglise veut mettre en valeur les qualités de Marie qui n’ont pas été détournées par la promotion individuelle et l’égoïsme. Ce récit est d’autant plus étonnant dans le contexte d’aujourd’hui. Avouons, qu'il n'est pas aussi évident que cela de croire que Jésus, Fils de Marie est le « Fils de Dieu ». Il est clair que la foi n’est jamais un chemin de tranquillité.

Le but de l’évangile est de conduire le lecteur à la foi au Christ, et non pas de satisfaire sa curiosité.

Suivre Marie, c’est refuser les combines et les trafics pour être vrai. C’est aussi chercher les chemins discrets qui mènent à la fraternité, à la justice et à la paix. Alors nous saurons partager la joie des anges qui chantaient : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime. »

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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 09:08

3e dimanche de l’Avent « B » 14 12 14

Première Lecture : Isaïe 61 1–11

Deuxième Lecture : 1Thessaloniciens 5 16–24

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 1 6–8, 19–28

« Un homme est venu, envoyé par Dieu, son nom était Jean. Il est venu comme un témoin, pour rendre témoignage à la lumière ; ainsi, par lui, tous pourraient croire. Il n’était pas la lumière, mais il venait pour rendre témoignage à la lumière. Voici donc le témoignage de Jean lorsque les Juifs de Jérusalem lui envoyèrent des prêtres et des Lévites pour lui demander : “Qui es-tu ?” Jean répondit sans cacher la vérité ; il déclara : “Je ne suis pas le Christ.” On lui demanda : “Qui es-tu donc ? Es-tu Élie ?” Il dit : “Non.” — “Es-tu le Prophète ?” Il répondit : “Non.” Les envoyés alors lui demandèrent : “Qui es-tu donc ? Nous devons donner une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ?”

Jean répondit : “Je suis, comme l’a dit le prophète Isaïe, la voix qui crie dans le désert : Préparez un chemin droit pour le Seigneur.” Ceux que l’on avait envoyés étaient des Pharisiens. Ils lui demandèrent encore : “Pourquoi baptises-tu si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ?” Jean leur répondit : “Je donne un baptême d’eau, mais au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas ; bien qu’il vienne après moi, je ne suis pas digne de lui enlever la chaussure.”

Cela se passait à Bétabara, au-delà du Jourdain, là où Jean baptisait. » (Bible des Peuples)

Dans ce passage d’évangile, Jean-Baptiste ne laisse planer aucun doute. A ceux qui l’interrogent, il répond qu’il n’est pas le Messie, ni Elie, ni le grand prophète. Mais il se présente comme celui qui conduit à la rencontre de Dieu lui-même : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c’est lui qui vient derrière moi. » Quelle joie de savoir que l’espérance, annoncée par Jean Baptiste, n’est pas une illusion, un rêve, mais une réalité, une présence discrète qui mérite d’être cherchée et dévoilée au grand jour. De ce fait, le temps de l’Avent, c’est d’abord un temps de reconnaissance et de discernement. C’est l’occasion de renouveler nos liens, nos façons de reconnaître et de communiquer avec Celui qui est déjà là, au milieu de nous.

S’il est l’un d’entre nous, comment le reconnaître? A quel signe allons-nous le repérer puisqu’il ressemble à « Monsieur tout le monde » ? Reconnaître le Christ aujourd’hui, c’est le défi que les chrétiens ont à relever, aujourd’hui comme au temps de Jean Baptiste.

Les tensions, les misères et toutes les déstabilisations sont voulues, soutenues et entraînées par une crise qui se prolonge. Au milieu des bouleversements de notre monde, les repères les plus sûrs sont démolis et remis en cause par le « chacun pour soi » et par la course effrénée à l’argent. La peur remplace la confiance, or on sait très bien qu’elle est « mauvaise conseillère ». On la prend pour un refuge, alors qu’elle n’est qu’un enfermement qui bloque toutes perspectives. A force de mettre en valeur toutes les trahisons, les méchancetés, la mesquinerie et tout ce qui détruit nos liens avec les autres, on oublie de respecter et d’honorer ce qui nous aide à espérer et à nous investir vers l’avenir. Heureusement que des bénévoles et des associations s’investissent à fond. La situation dramatique de ceux qui ont faim, qui sont mal soignés et sans toit les interpellent. Ils s’engagent pour leur permettre de se relever et de ne pas désespérer. Comment peut-on affirmer, sans rougir, que ce monde là et tous ceux qui les soutiennent : « vivent au-dessus de leur moyen » ? Le rôle du prophète n’est pas d’accuser faussement, mais de redonner du courage à ceux qui sont en difficultés. Le rôle du prophète est de mobiliser toutes les énergies pour que fleurissent l’espérance et la confiance qui sont la nourriture de la foi en Dieu. Pour ce faire, le prophète est obligé d’éclairer et de dénoncer tous les trafics, les mensonges…. car ils sont contraires à l’évangile qui veut donner une ESPERANCE à tous les hommes. Et cette espérance repose sur la JUSTICE. Quand on peut dire que c’est juste, on retrouve la confiance. C’est la mission même de Jean Baptiste qui veut indiquer où se trouve l’envoyé de Dieu : « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ! » Déjà le prophète Isaïe annonçait : « Le Seigneur fera germer la justice devant toutes les nations. » En d’autres termes, là où la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres, aux gens qui ont faim et soif de vie, de sens à la vie, de bonheur, là se trouve le Messie. Là où les cœurs brisés sont guéris, là où captifs et prisonniers de toutes sortes retrouvent un espoir, une ouverture sur une vie plus humaine, là se trouve le Messie. Là où germent la justice et la paix, là peut éclater la joie de la rencontre du Messie. Comme à l’époque de Jean Baptiste, c’était dans le désert qu’on retrouvait des gens avides de justice et de paix. C’est là au milieu de nous aujourd’hui, si nous sommes affamés de justice et de paix que Dieu se manifeste. Sans attendre des réponses magiques venant du ciel ou d’un homme providentiel, chacun doit s’ouvrir à tous les cris des malheureux. Travailler au respect d’un chacun, c’est accueillir Dieu lui-même. Ne cherchons pas Dieu ailleurs que là où on peut le rencontrer concrètement.

Des milliers de personnes se sont investies la semaine dernière pour le Téléthon. Cet élan de générosité pour la recherche médicale, nous a fait toucher du doigt nos propres fragilités. Le bonheur partagé à cette occasion a suscité une force de vie, un dynamisme : - à des handicapés qui attendent un soutien - aux chercheurs qui sont à leurs côtés – aux associations heureuses d’apporter leur concours – aux municipalités qui rassemblent et sensibilisent leurs citoyens.

Redonner un peu d’espoir, un peu de chaleur humaine, un sourire, une main tendue….c’est peut être pas grand-chose, mais c’est une bonne nouvelle pour celui qui l’accueille et pour celui qui la donne. N’est-ce pas le plus beau cadeau ?

Que ce temps de préparation à Noël réveille en chacun la bonté que Dieu met à notre portée. Cette bonté peut nous redonner le sourire !

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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 09:58

2° Dimanche de l’Avent « B » 07 12 14

Première Lecture : Isaïe 40 1–5, 9–11

Deuxième Lecture : 2Pierre 3 8–14

Évangile de Jésus Christ selon St Marc 1 1–8

"Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, Fils de Dieu.

Il est écrit à ce sujet dans le prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi pour te préparer le chemin. Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez le sol devant lui. C’est ainsi que Jean se mit à baptiser dans le désert ; il prêchait un baptême lié à une conversion, en vue d’obtenir le pardon des péchés. Tout le pays de Judée et tout le peuple de Jérusalem venaient à lui et se faisaient baptiser par lui dans la rivière du Jourdain, en même temps qu’ils confessaient leurs péchés.

Jean avait un manteau en poils de chameau et portait un pagne de peau autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel d’abeilles sauvages. Il disait bien clairement : “Un plus fort que moi vient derrière moi et je ne suis pas digne de délier, en me baissant, les lacets de ses sandales. Je vous ai baptisés dans l’eau, mais lui vous baptisera dans l’Esprit Saint.”

L’évangéliste Marc nous étonne par le début de son évangile. Il débute par le mot « Commencement ». Pour peu qu’on creuse la question, cela pourrait signifier que son évangile n’est en fait que le premier chapitre d’un long récit qui est en train de s’écrire jusqu’à la fin du monde. Marc a certainement une idée derrière la tête qui mérite toute notre attention. Le mot « Commencement » fait référence à la création : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » Gn 1,1 ; « Au commencement était le Verbe » Jn 1,1 Il me semble que Marc veut nous dire que Jésus de Nazareth est à l’origine d’un nouveau commencement. Par son enseignement, il a donné la clé d’une histoire nouvelle. Dans le chantier du monde et de la vie de chacun, Jésus invite à prendre du recul. Lui-même quitte ses occupations, son village pour rejoindre tous ceux qui vont au désert, à l’écart parce qu’ils cherchent le sens de leur vie. Ainsi, nous devons recommencer, partir sur des bases nouvelles.

En cette fin 2014, nous sommes donc en train d’écrire un petit paragraphe par toute notre vie. Quand on y pense, c’est exaltant ! L’Eglise, en ce temps de l’Avent, nous invite à repartir à neuf et à sortir de nos ornières. Nous ne sommes plus consommateurs d’Evangile, mais appelés à devenir acteurs et à prendre le relais. En effet, tellement encombrés, sollicités, ne sachant plus où donner de la tête, il est urgent de faire de la place pour que notre attention puisse repérer et accueillir « Celui qui vient ».

Marc, emploie également l’expression : « Bonne Nouvelle » qui signifie : Evangile. Ce mot-clé, c’est Isaïe qui l’a inventé. Il s’adresse à des gens qui ont été exilés pendant un demi-siècle et qui retrouvent enfin leur chez-soi.

Toute vie humaine est marquée par des lourdeurs, des contraintes et des limites. Il n’y a que des perspectives et des espérances qui puissent donner Joie et Force pour aller au-delà de tout ce qui est pesant dans nos vies. Dans ce contexte de notre existence, la Bonne Nouvelle de ce jour nous invite à des actes concrets pour retrouver la fraîcheur inédite de ce mot, qu’est l’Evangile.

Cette Bonne Nouvelle, n’est-t-elle pas en contradiction avec ce qu’on entend tous les jours et dans tous les domaines en cette fin d’année 2014 ? Tous les mois, on nous rabâche que le chômage ne fait que s’accroître et que des milliers de personnes et de familles sont profondément déstabilisés. Il y a aussi le réchauffement de la planète qui bouscule les saisons. On ne sait plus combien de temps on trouvera encore l’air, l’eau et la nourriture nécessaires à la vie ? Dans ce fatras n’y a-t-il pas quelque chose d’essentiel qu’on n’a pas vu arriver et qui nous échappe? L’actualité des mauvaises nouvelles, aujourd’hui comme hier, s’impose au premier regard. Et pourquoi ? Un grand nombre manifeste leur découragement et leur désespérance. Au temps de Jésus, les mauvaises nouvelles et les scandales étaient aussi lourds à porter que ceux d’aujourd’hui.

Mais hier, comme aujourd’hui, il y a aussi des choses nouvelles qu’on ne sait pas voir et qui pourtant sont porteuses d’avenir. En effet, nous sommes embarqués par ce « Tsunami » des malheurs qui nous entourent et qui emportent tout comme un raz de marée.

Marc, dans cet évangile, souligne que Jésus prend l’initiative. Il s’inscrit dans une lignée. Il prend le chemin du désert. C’est le chemin de tous ceux qui veulent se convertir, qui ne supportent plus d’être enfermés dans leur condition. Il rejoint le chemin de ceux qui cherchent une ouverture, de nouvelles possibilités de vivre. Jean Baptiste proclame la venue du Messie. Il ne va pas à Jérusalem au milieu de la foule et du bruit. Bien au contraire il va au désert, il s’habille, se protège et se nourrit de ce que le désert veut bien lui donner : une peau de bête, une grotte, des sauterelles et du miel sauvage. Comme Jean Baptiste, comme Jésus et comme tant d’autres, nous sommes appelés à relativiser nos stress et nos préoccupations pour accueillir l’Amour que Dieu nous propose.

Accueillir cette Bonne Nouvelle n’est possible que pour ceux qui ont faim et soif d’autres choses que ce qui encombre leur vie et qui veulent sortir de leur routine. Il y a ceux qui en ont marre de tous les faux semblants et de toutes les injustices. Et il y a aussi tous ceux qui se démènent pour améliorer la vie des gens qui peinent autour d’eux : en famille, dans leur quartier, dans leur école, dans les associations, mais aussi au niveau politique et international. La foi chrétienne est étroitement liée à cette prise de conscience : Dieu est au cœur de l’existence. « Heureux les doux, les assoiffés de justice et de paix… »

Le temps de l‘Avent est un temps où on est invité à faire naître et surgir le Dieu d’Amour, bien présent au cœur de nos vies. Jésus nous dit qu’il est là, mais on a du mal à le découvrir parce qu’on le cherche ailleurs, dans le sensationnel et l’immédiat. On agit à son égard comme ceux qui entretiennent l’illusion que la loterie va les faire vivre tous les jours. L’expérience du désert, c’est de sortir des vagues et des modes qui emportent tout sur leur passage. Le désert, c’est favoriser des espaces de liberté. L’expérience du désert conduit à une transformation intérieure. Et c’est cette démarche là, qui nous met en capacité d‘accueillir l’amour de Dieu et des autres.

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27 novembre 2014 4 27 /11 /novembre /2014 09:41

1er Dimanche de l’Avent « B » 30 Novembre 14

Première Lecture : Isaïe 63 16–17, 19; 64 2–7

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 1 3–9

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 13, 33-37

« Jésus parlait à ses disciples de sa venue. Faites attention, restez éveillés ! Car vous ne savez pas quand ce sera le moment. Il en sera comme d’un homme qui part à l’étranger et laisse sa maison ; il a donné des responsabilités à ses serviteurs : à chacun son travail, et il a demandé au portier de rester éveillé. Veillez donc ! Vous ne savez pas si le maître de maison reviendra le soir, au milieu de la nuit, au chant du coq ou au petit matin. Il ne faudrait pas qu’il vous trouve en train de dormir lorsqu’il reviendra à l’improviste. Ce que je vous dis, je le dis à tous : restez éveillés ! » (Bible des Peuples)

Ca y est, c’est parti avec huit jours d’avance ! Vous devinez certainement ce à quoi je fais allusion ? En cette fin d’année, tous les médias rivalisent d’imagination, pour aguicher la clientèle : il y en a pour les petits et pour les grands. La préparation des fêtes de Noël est devenue un grand marché. Il n’y a plus que les bonnes affaires qui comptent. Sans tarder, des parents, des grands parents se mettent « en chasse » pour trouver le cadeau souhaité par leurs petits « chéris ». Mais qu’est-ce qui fait courir tant de monde en cette période de l’année ? D’une part, au nom de la laïcité, certains voudraient éliminer toutes références religieuses, et en même temps on utilise les mots, les décors de « crèches » qui sont les fondements de notre vie chrétienne.

En commençant cette nouvelle année liturgique, Jésus nous recommande : « Prenez garde, veillez ». Et il y a de quoi faire ! Par là, il demande, à ses disciples et donc à nous aussi aujourd’hui, d’être des guetteurs à l’affût des appels que Dieu nous fait dans le quotidien de nos vies. C’est pour cela qu’il nous faut aiguiser notre sensibilité à l’égard de ce qui nous entoure. Comme la semaine dernière, Jésus nous ramène à la réalité de notre existence, là où les hommes peinent, luttent et aiment. C’est là, dans le concret, que chacun peut être un vrai disciple de Jésus. C’est là, où on peut vérifier que notre foi n’est pas un rêve décroché de l’existence, mais elle est enracinée dans ce que Dieu met à notre portée. « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». (Mat 25)

L’Eglise propose ce temps de l’Avent pour renouveler notre façon d’accueillir et de découvrir Celui qui est déjà à l’œuvre dans l’humanité, à savoir : l’Esprit de Dieu que Jésus est venu révéler et manifester. Dans un monde de plus en plus perturbé, divisé et en mutation, la situation des hommes semble de plus en plus difficile, fragilisée et pleine de contradictions. En son temps, Jésus a rencontré la violence de l’occupant mais aussi de ses propres dirigeants. Au contact des exclus, des lépreux, des aveugles et de tous les marginaux de l’époque, Jésus voulait que ce monde se transforme et devienne meilleur. Pour ce faire, il a pris le chemin du désert et s’est inscrit à la suite de ceux qui avaient faim et soif d’un monde plus juste et plus fraternel.

Aujourd’hui, Jésus invite ses disciples à s’inscrire dans une démarche de croyant au Dieu présent dans le concret de la vie. C’est à eux maintenant de faire surgir l’Esprit de Vérité, de Justice et de Paix. C’est aux chrétiens de révéler qu’il s’agit bien de l’Esprit de Dieu qui agit au cœur de tous nos efforts et de nos luttes pour un monde meilleur. En effet, un chrétien qui n’est plus motivé, en recherche de paix, de vérité et de justice ressemble à un blasé, un déçu, à quelqu’un qui ne croit plus en rien et qui n’attend plus rien. Il ne lui reste plus que sa paralysie, son amertume à partager. Cela est sans espoir et sans avenir.

Mais, heureusement, il y a aussi des gens qui n’ont jamais entendu parler de Jésus, mais qui sont animés par le même Esprit de paix, de justice et de miséricorde. L’important dans la façon de conduire sa vie n’est pas dans l’étiquette chrétienne, mais dans la façon de se comporter avec les autres. C’est ce que l’évangile de dimanche dernier nous rappelait.

Dans le contexte d’aujourd’hui, les subventions aux nécessiteux diminuent et les affamés augmentent : l’hiver dernier, les Restos du Cœur ont servi 130 millions de repas en France. Il y a même de plus en plus d’étudiants et des jeunes à la rue qui cherchent de quoi calmer leur faim. Tout le monde est unanime pour dénoncer la misère et pour solliciter les bonnes volontés. Cependant, il est plus important d’établir des règles qui permettent à chacun de vivre dignement et d’apporter sa part à la société que de dépendre du bon vouloir de ceux qui ont les moyens. C’est une question de justice et de dignité. Dans son discours à Strasbourg, le Pape François, en s’adressant aux députés européens rappelait l’essentiel de toute responsabilité humaine : « ….affirmer la dignité de la personne, c’est reconnaître le caractère précieux de la vie humaine, qui nous est donnée gratuitement et qui ne peut, pour cette raison, être l’objet d’échange et de commerce…. »

Nous faisons tous l’expérience que notre vie est mêlée à des aspects qu’on ne maîtrise pas. La plupart des discours veulent nous apaiser et nous endormir, alors que Jésus nous dit le contraire : « VEILLEZ »

Veillez, c’est être attentif et à l’écoute, individuellement et collectivement, de tous les cris des malheureux. C’est se laisser bousculer et s’indigner du malheur qui leur arrive. C’est chercher avec eux des ouvertures et des possibilités pour améliorer leur condition de vie. N’est-ce pas la dimension concrète de la foi qui ne désespère jamais de l’Homme ?

Ce temps de l’Avent, c’est une chance de ressaisir l’originalité de notre foi chrétienne. Temps propice pour raviver en nous les énergies enfouies. Ce n'est pas chose facile de jeter sur nous-mêmes un regard loyal, sans complaisance, un regard lucide et un regard d’espérance qui fait la vérité et permet de se convertir.

En ce premier dimanche de l'Avent, ne perdons pas de vue que l'Avent ne nous prépare pas seulement à célébrer la naissance de Jésus comme la mémoire d'un passé qui s'est déroulé à Bethléem. C’est la naissance du Christ AUJOURD’HUI dans le cœur des hommes. Là, nous passons d’un doux souvenir à une réalité complexe mais riche de la bonté de Dieu.

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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 18:14

Fête du Christ-Roi –« A » 23 Novembre 14

Première Lecture : Ézékiel 34 11–12, 15–17

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 15 20–26, 28

Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu 25 31–46

“Lorsque le Fils de l’Homme viendra dans sa gloire accompagné de tous les anges, il s’assiéra sur le trône de Gloire, le sien. Toutes les nations seront amenées devant lui ; il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les chèvres. À sa droite il rangera les brebis, et à sa gauche les chèvres. Alors le Roi dira à ceux qui sont à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du Royaume qui est préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli, sans vêtement, et vous m’avez habillé. J’étais malade et vous m’avez visité, j’étais en prison et vous êtes venus vers moi.” Alors les justes lui demanderont : “Quand donc, Seigneur, t’avons-nous vu affamé pour ainsi te nourrir ? Quand t’avons-nous vu assoiffé et t’avons-nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger et t’avons-nous accueilli, quand étais-tu sans vêtements et t’avons-nous vêtu, quand t’avons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous venus à toi ?” Et le roi leur répondra : “En vérité je vous le dis, tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”

Puis il dira à ceux qui sont à sa gauche : “Retirez-vous loin de moi, maudits ! Allez au feu éternel qui a été préparé pour le démon et pour ses anges. Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais étranger et vous ne m’avez pas accueilli, sans vêtement, et vous ne m’avez pas habillé ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Tous alors protesteront : “Seigneur, quand t’avons-nous vu affamé ou assoiffé, quand t’avons-nous vu étranger, sans vêtement, malade et en prison, sans te porter secours ?” Et lui leur répondra : “En vérité, je vous le dis, si vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” Alors ceux-ci iront au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle.”

Que d’étonnements, que de surprises pour tous ceux qui entendent les paroles de Jésus dans la parabole du jugement dernier. Tout le monde est concerné : ceux qui ont fait le bien comme ceux qui ont fait le mal. Ceux qui ont connu Jésus comme ceux qui n’ont jamais entendu parler de Lui. « Mais Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? Tu étais donc un étranger, tu étais seul, malade et nous sommes venus à ta rencontre ? » Personne ne se souvient! Aucun ne pensait rencontrer le Christ de cette manière et à cet endroit bien précis du rendez-vous. C’est vrai, j’ai rencontré des gens fatigués, désespérés, malades, emprisonnés. C’est vrai que j’ai secouru tant de souffrances. Mais à aucun moment je n’ai pensé le rencontrer dans ces personnes. Je dois également reconnaître que j’ai évité certains pour qui je n’avais pas de miséricorde. Je me suis laissé emporter par l’instinct, l’immédiat.

Le jour de la révision des comptes, à la fin du monde, Jésus peu nous surprendre. En effet, c’est vraiment l’étonnement, la stupéfaction générale. « Seigneur, nous te cherchions dans l’Eglise, dans le temple, dans la mosquée, dans la prière, les sacrements, dans l’Ecriture Sainte, mais tu n’en parles pas. On ne s’y retrouve plus. Tu nous renvoies à la vie du monde, aux événements de la vie actuelle, au sort de nos frères alors que nous étions en train de contempler les étoiles du ciel. Cet évangile du jugement dernier nous prend à contre-pied et nous déstabilise! »

Devant cette parabole, Jésus donne des points d’attention :

1° Croire, c’est rechercher Dieu dans la vie du monde actuel.

Ce monde n’est pas étranger à Dieu. Il n’est pas mauvais, ni perdu! Or il faut le reconnaître, nous avons du mal à déceler, à mettre en valeur ce qui est porteur de vie et d’avenir dans ce qui nous entoure. Bien sûr que violence, insécurité, crise, tout cela existe mais nous risquons encore d’en rajouter nous-mêmes. Il ne s’agit pas de nier les faits mais beaucoup de choses se passent dans nos têtes. Ce qui est grave et préoccupant, c’est que la violence de la société et ma violence intérieure se conjuguent, s’ajoutent, et vont finir par se renforcer. C’est ce mélange des deux qui nous paralyse et nous fait croire que rien n’est possible, que l’on ne peut rien changer, que nous serions condamnés à subir. Mais pourtant, cet évangile que nous venons d’entendre, nous donne aussi la clé du bonheur ou comme dit le Pape : « La joie de l’Evangile » C’est au cœur de chacun que naît et grandit la bonté, la miséricorde, le soutien au plus faible.

Puissions-nous porter un regard franchement optimiste et bon sur la vie actuelle, puisque le Christ est présent dans celui qui a faim, qui a soif, qui est un étranger, qui est malade ou en prison. C’est l’appel au dépassement à faire tous les jours.

2° Croire, c’est créer des liens.

Rien n’est pire que la solitude. C’est aussi une leçon à tirer de l’Evangile du jugement dernier. La solitude, c’est la maladie moderne et en particulier sa forme la plus noire qui est la dépression. Il n’y a pas de prison plus enchaînant que le repli sur soi par lassitude ou par déception des autres.

Croire, c’est se lier et se relier à une famille, à des camarades de travail, à une équipe, à une association, à des amis proches ou lointains, c’est créer des communautés.

Il n’y a pas de vie qui ne soit enracinée, incarnée, reliée. Chacun peut voir dans les maisons de retraite des personnes âgées dépérir, parce que le système actuel, la mentalité moderne, les a coupés de relations chèrement acquises, de la visite des petits enfants ou d’un environnement familier.

La mission de l’Eglise aujourd’hui, c’est de créer des liens, de rapprocher les gens, de combattre partout la solitude, d’ouvrir le cœur de chacun à la présence de l’autre.

« J’étais étranger, malade, en prison, j’étais seul, et tu m’as visité, tu es venu vers moi! » Le Christ nous laisse cette belle responsabilité de créer des liens: c’est un acte éminemment humain mais aussi profondément chrétien. L’invitation de l’Evangile de ce jour remet les pendules à l’heure : le Royaume de Dieu est au milieu de notre existence avec les autres. Les lieux de prière, de célébration, de rassemblement ne sont que des occasions de s’interroger, de réfléchir et de célébrer Dieu présent à l’actualité de nos vies.

Dans cet esprit, la messe dominicale a toute son importance pour nous aider à mieux croire et vivre.

« Seigneur, quand t’avons-nous vu : étranger, malade, seul sans te secourir? » Pourtant les occasions ne manquent pas. Sommes-nous encore accueillant aux surprises que la vie nous présente ?

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 10:12

33° Dimanche du Tps Ord – « A » - 16 Novembre 2014

Livre des Proverbes 31,10-13.19-20.30-31

St Paul aux Thessaloniciens 5,1-6

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25, 14-30

“Écoutez encore ceci : Un homme, avant de partir à l’étranger, fait appeler ses serviteurs pour leur remettre son argent. Il donne au premier cinq talents, à un autre deux, et au troisième un talent : à chacun selon sa capacité. Puis il part. Celui qui a reçu les cinq talents va immédiatement les faire travailler et il en gagne cinq autres. Celui qui en a reçu deux fait de même et en gagne deux autres. Quant à celui qui n’en a reçu qu’un, il fait un trou dans la terre et cache l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs vient leur demander des comptes. Celui qui a reçu les cinq talents lui en présente cinq de plus : ‘Seigneur, dit-il, tu m’as confié cinq talents, en voici cinq autres que j’ai gagnés.’ Son maître alors lui déclare : ‘Très bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle pour une petite chose, je te confierai beaucoup plus ; viens partager la joie de ton maître.’ Celui qui a reçu les deux talents s’avance à son tour : ‘Seigneur, dit-il, tu m’as confié deux talents, en voici deux autres que j’ai gagnés.’ Son maître répond : ‘Très bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle pour une petite chose, je te confierai beaucoup plus ; viens partager la joie de ton maître.’

Celui qui n’a reçu qu’un talent s’avance alors et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur. Tu moissonnes là où tu n’as pas semé et tu amasses quand tu n’as rien engagé. J’ai donc pris peur et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Voilà ce qui t’appartient.’ Mais son maître lui répond : ‘Mauvais serviteur, bon à rien, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé et que j’amasse quand je n’ai rien engagé. Mais alors, tu devais placer mon argent à la banque : à mon retour j’aurais repris ce qui est à moi avec les intérêts. Prenez-lui donc ce talent et donnez-le à celui qui en a dix. On donnera à celui qui produit et il sera dans l’abondance, mais celui qui ne produit pas, on lui prendra même ce qu’il a. Et ce serviteur inutile, jetez-le dehors dans les ténèbres : là il y aura pleurs et grincements de dents.’” (Bible des Peuples)

Au temps du roi Louis XVI on parlait volontiers de « quart état », de tous ces pauvres inclassables qui n’avaient rien à attendre, ni de la noblesse, ni du clergé, ni du Tiers Etat. Aujourd’hui, chez nous, on parle de « quart monde », de tous ceux qui sont affrontés à un cumul de précarités. Un malheur ou une précarité n’arrive jamais seule. L’absence de travail, le manque de ressources – l’accroissement des familles monoparentales - l’illettrisme - tous les amis qui se dérobent - jettent des familles entières dans la misère. Depuis la révolution de 1789, on pensait pouvoir éradiquer la misère de notre société. Il n’en est rien ! Certaines municipalités ont pris des décisions draconiennes pour « éliminer » de leur ville les mendiants, clochards et les jeunes qui traînent leur misère, parce que « Ça donne une mauvaise image de nos villes ! »

A l’occasion de la journée nationale du Secours Catholique, une réflexion s’impose, une prise de conscience devrait se faire. La France fait partie des pays les plus riches du monde et pourtant elle compte huit millions de personnes qui ne disposent plus de ressources suffisantes pour vivre dignement. Combien de personnes accueillies par le Secours Catholique vivent dans des logements de fortune : squats, centres d’hébergement, caravanes ou encore dans les forêts. Nous n’avons plus à faire à des marginaux, à des cas, mais à une situation qui se généralise et qui touche tout le monde.

Les associations d’entraide font un travail considérable, mais ne savent plus où donner de la tête. En fait, ces associations ne peuvent pas remplacer ce que la société ne veut plus assurer ou ce qu’elle devrait prendre en charge.

Aumône ou solidarité ? A l’approche de l’hiver, allons-nous nous apitoyer sur le sort de ces gens par une assistance d’urgence ? Cet élan de générosité doit être accompagné d’une action plus large, d’une tâche éducative et d’une solidarité plus institutionnelle. Lutter contre la misère devrait être une priorité nationale. Dans ce domaine les bons sentiments ne suffisent pas ; il faut s’attaquer à la racine du mal ; il s’agit de défendre des droits qui sont dans les déclarations universelles des droits de l’Homme, mais qui n’ont aucune existence pour un grand nombre de peuple.

Le Pape François, le 28 octobre dernier, s’adressant aux participants de la rencontre mondiale des mouvements populaires, insistait sur trois droits absolument nécessaires à la dignité et à la justice humaine : droit à la terre, droit à un toit et droit à un travail. Tous les droits humains dépendent de ces piliers. Le Pape en commentant la brutalité de notre époque disait aussi : « Il y a une nouvelle dimension dure de l'injustice sociale ; ceux qui ne peuvent pas s’intégrer, les exclus sont mis au rebus, considérés comme « en surplus ». Ceci est la culture du déchet…. Cela se produit lorsque le centre d'un système économique est le dieu de l'argent, et non pas l'homme, la personne humaine ».

Nous croyons que l’homme a le droit de vivre et pas seulement de survivre. Nous pensons que nos moyens techniques, le savoir-faire de l’humanité, les ressources de la terre sont assez grandes pour arriver à faire autre chose que des hommes et des femmes exclus de la société. C’est une volonté de vivre et de vivre ensemble qu’il nous faut redécouvrir. Car nous sommes persuadés que nous sommes tous capables de prendre en main notre destinée. C’est à la force de notre cœur et de notre intelligence que nous arrivons à créer du neuf. L’originalité du chrétien, ce n’est pas de parler comme le tout-venant et de renchérir sur le racisme, le mépris des pauvres et de tous les exclus. Le chrétien ne peut pas stigmatiser ceux qui errent sans travail, à accuser les sans-papiers de vivre à nos crochets ou à culpabiliser les petites gens qui comptent leurs derniers sous. Sinon, il est dans une flagrante contradiction avec l’Evangile. Avant de chercher la petite faille qui cherche des coupables, n’oublions pas la miséricorde. Il faut commencer par chercher les vraies raisons de ce fossé énorme qui s’élargit entre quelques biens lotis et les autres.

L’évangile de ce jour rappelle avec force qu’à tout homme des « talents » sont donnés, qu’il faut savoir découvrir et les mettre au service des autres pour qu’ils portent des fruits en abondance. Ces talents sont DONS de Dieu à tout homme créé à son image. Alors n’enfouissons pas ces talents merveilleux. Laissons-les porter du fruit en nous et autour de nous. C’est à ces fruits que l’on reconnaîtra que vous êtes mes amis, dit Jésus. « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger…. Chaque fois que vous l’avez fait, c’est à moi que vous l’avez fait. »

N.B. Je vous recommande vivement de lire le document du Pape François lors de la Rencontre Mondiale des Mouvements Populaires du 28 octobre 2014. Sur Google : tapez le titre de la rencontre.

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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 09:54

32° Dimanche « A » - Dédicace de la Basilique du Latran – 09 11 14

Première Lecture : Ézékiel 47 1–2, 8–9, 12

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 3 9–17

Évangile de Jésus christ selon saint Jean : Jn 2, 13-22

La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. Il rencontra dans le Temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes, et aussi les changeurs de monnaie assis à leurs comptoirs. Alors il se fit un fouet avec des cordes et il commença à les jeter tous hors du Temple avec leurs bœufs et leurs brebis. Il renversa les tables des changeurs et fit rouler leur argent par terre. Puis il dit aux vendeurs de colombes : “Enlevez-moi cela d’ici et ne faites pas de la Maison de mon Père une maison de commerce.” Ses disciples se rappelèrent les paroles de l’Écriture : “Un amour jaloux pour ta Maison me dévore.” Les Juifs répliquèrent : “De quel droit fais-tu cela, quel signe nous montres-tu ?” Alors Jésus répondit : “Détruisez ce Sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.” Les Juifs lui dirent : “Voilà 46 ans qu’on travaille à ce sanctuaire, et toi, tu le relèverais en trois jours ?” Mais le sanctuaire dont Jésus parlait, c’était son propre corps. C’est pourquoi, lorsqu’il se releva d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à ce que Jésus avait dit. (Bible des Peuples)

Le 9 novembre de chaque année, la liturgie met en valeur la Consécration de la basilique S. Jean de Latran, qui est la cathédrale du Pape. Pendant les premiers siècles, les communautés chrétiennes se retrouvaient pour faire mémoire du repas pascal de Jésus dans les maisons privées et dans les catacombes. Et pourquoi ? Les chrétiens étaient persécutés par les notables Juifs et considérés comme des ennemis de l’Empire romain. Pourchassés, ils n’étaient pas attachés à un lieu précis et à des formes de liturgies. Ainsi, ils pouvaient circuler plus librement dans le bassin Méditerranéen et circuler sur les chemins du commerce de l’époque. En même temps, ils ont pu partager leur foi au Christ ressuscité.

Ce n’est qu’au 4ème siècle, que l’Empereur Constantin s’est converti, et a donné un statut public aux l’assemblées des chrétiens. Par l’Édit de Milan, il ordonna que cessent les persécutions envers les chrétiens. Pendant son règne, Constantin fit construire huit églises, quatre dans la ville de Rome et quatre dans les villages environnants. Constantin éleva celle du Latran, c’était la première église construite à Rome. Le Latran devint ainsi, la résidence officielle des Papes.

Revenons à l’enseignement de Jésus. Le passage de l’évangile de ce jour n’a rien de doucereux, de gentil, de complaisant. Jésus apparaît plein de fougue et de rogne, comme Moïse lorsqu’il descend du Sinaï, en voyant le peuple adorer le veau d’or. Jésus ne supporte pas qu’on ait fait du Temple un lieu où le commerce l’emporte sur le respect de Dieu et des personnes. Il s’insurge contre l’utilisation de Dieu pour justifier les trafics. Jésus n’a rien contre le commerce, il sait que chacun doit vivre. Mais le commerce doit rester un outil au service des hommes et non devenir le maître des combines.

La liturgie met l’accent sur deux points importants : le respect dû à la maison de Dieu et le caractère sacré de ceux et celles qui s’y réunissent. En effet le caractère sacré du lieu de célébration, ne vient pas des pierres, des briques et du mortier, mais des gens qui s’y réunissent. Nous sommes le temple de Dieu, dit Saint Paul. Mais avec l’usage, on réduit « l’Eglise » à un bâtiment. Or le mot « Eglise » signifie « Assemblée ». Il s’agit donc de mettre en valeur celui qui nous rassemble et qui nous donne la vie, et c’est, Dieu lui-même. Dans la 1ère lecture, le prophète Ézékiel rappelle que Dieu est source de vie. Cette source n’est pas extérieure à nous-mêmes : elle est en nous. N’oublions pas que la vie de Dieu circule dans nos veines. C’est donc en nous qu’il faut chercher, mais nous avons du mal à reconnaître cette source.

Traditionnellement, les chrétiens sont invités à se rassembler pour faire mémoire du Christ ressuscité. Les rassemblements dominicaux des chrétiens sont à l’image des familles qui se retrouvent autour de leur table. Ce sont des lieux essentiels d’écoute, de partage, d’apprentissage où on peut se laisser transformer les uns par les autres. A notre époque, les débats sur l’ouverture des magasins du dimanche mettent en valeur des réflexions contradictoires. Les uns pensent à la rentabilité des commerces, aux distractions, à l’évasion…. Alors que d’autres défendent la cohésion des communautés, des familles. De même, qu’il est nécessaire que les familles se retrouvent pour grandir ensemble, de même, il est essentiel que les chrétiens se laissent interpeller par l’évangile. Il importe de pouvoir vivre ensemble un temps de partage pour mieux se comprendre et apporter son soutien, sa réflexion à ceux qui en ont besoin.

Les chrétiens, comme un chacun, sont sollicités de la même façon que les autres. Ils peuvent se laisser tenter par la facilité et oublier l’originalité de leur foi. Si Dieu a créé l’Homme à son image, la première responsabilité de l’Homme, c’est être créateur en vue du Royaume de Dieu. Qui va se soucier de cette dimension humaine ? Le repos dominical est inscrit dans l’histoire religieuse depuis la Genèse. C’est un rythme équilibré qui permet de pouvoir travailler pour vivre et avoir du temps pour honorer Dieu et les Hommes.

Aujourd’hui, dans l’évangile, Jésus est présenté sous un aspect brutal, qui surprend. Mais pour lui, l’enjeu est trop important. Il s’agit de la vocation d’un chacun. Chacun est appelé à faire quelque chose de sa vie. Il importe donc, de ne pas se laisser distraire, détourner de ses vraies responsabilités.

Ensemble, nous formons l’Église, c’est aussi un refuge contre les peurs et les angoisses du monde. Chrétiens, en suivant l’enseignement de Jésus, nous formons un peuple d’amour dans un monde de violence et de cupidité. Pour tenir la route, il faut aussi prendre les moyens.

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 14:40

2 Novembre 2014

1ère Lecture : Sagesse 2,1-4a

2ème Lecture : St Paul aux Romains8,14-17

Evangile de Jésus Christ selon St Luc 12,35-38.4O

Soyez prêts, la ceinture bouclée, avec vos lampes allumées ! Soyez comme des gens qui attendent leur maître : il va rentrer des noces et l’on s’apprête à lui ouvrir aussitôt qu’il sera là et frappera. Heureux ces serviteurs que le Seigneur à son retour trouvera éveillés ! En vérité, je vous le dis, c’est lui qui se mettra le tablier ; il les fera passer à table et les servira l’un après l’autre. Et s’il arrive tard le soir et qu’il les trouve ainsi, ou même passé minuit, heureux ces serviteurs ! De même soyez prêts, car le Fils de l’Homme vient à l’heure que vous ne savez pas.” (Bible des Peuples)

En cette période de l’automne, la nature se dépouille. Elle perd sa parure tout en donnant mille couleurs. Ainsi va la vie qui nous mène à ce que nous ne connaissons pas encore. C’est pourquoi, Jésus nous dit dans l’Evangile : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. » En d’autres termes, Jésus nous demande d’être des veilleurs qui ne se contentent pas de ce qu’ils apprécient aujourd’hui.

La fête de la Toussaint et la journée des défunts doivent nous aider à intégrer les séparations concrètes qui marquent notre existence. Nous pensons aujourd’hui à tous ceux qui souffrent de l’absence d’un être cher. On ne se remet jamais totalement de la mort d’un être cher, il reste toujours une blessure. Certains vont jusqu’au désespoir. Face à cette dure réalité qu’est la mort, Jésus nous invite à porter notre regard vers le créateur qui est son Père et notre Père à tous.

La Parole de Dieu, que nous venons d’entendre, nous est donnée avant tout pour retrouver une force intérieure dans notre acte de foi. Nous sommes créés pour la vie et non pour la mort. Et lorsque notre corps aura fini de lutter avec la vie, c’est à ce moment que se réalisera la promesse de Bonheur de Jésus: « Je viendrai vous chercher, et là où je serai, vous serez avec moi. » Chrétiens, c’est bien à cet acte de foi que nous sommes invités. La joie de Dieu, c’est de voir l’Homme vivant, l’Homme debout, l’Homme épanoui.

C’est pourquoi, nous ne pouvons accepter la destruction totale de l’être aimé. Que le corps puisse disparaître soit, mais tout ce riche potentiel de vécu dans la joie et la peine relève de l’essence même de notre existence sur terre. C’est légitime de douter et de se poser la question: y a-t-il vraiment quelque chose après cette vie ? En dehors d’une expérience intérieure, spirituelle par la prière, par l’Eucharistie et le souvenir partagé de leur passage au milieu de nous, il n’y a aucune autre manière d’entrer en contact avec nos défunts. Une fois le seuil franchi de l’éternité, il n’y a plus de retour possible. Soyons assez raisonnable pour nous contenter de ce que le Christ nous en dit de l’éternité, même s’il n’a fait que soulever un coin du voile. Jésus ne peut pas en dire plus, parce que nous sommes dans l’incapacité de comprendre et de dire les réalités de la vie de Dieu. Marqués par la matière et le temps, nous n’avons pas d’autres expériences pour décrire les réalités du Royaume de Dieu.

La 1ère certitude de la foi est la suivante: nos défunts sont des vivants, car c’est la mort : « Qu’il détruira pour toujours ». Quand nous parlons de nos défunts, ne disons plus, nous les avons aimés, mais nous les aimons!

La 2° certitude, c’est qu’une joie extraordinaire leur est réservée. Le bonheur qui nous attend, dit St Paul, est sans comparaison avec les douleurs du temps présent. Le ciel, c’est l’entrée solennelle dans la joie même de Dieu. Et ce bonheur est de voir Dieu comme il se voit. C’est aimer comme Dieu aime, sans limite. La joie de l’éternité, c’est de vibrer avec tous les élus, avec tous ceux de sa famille de la terre, dans la contemplation commune du plus grandiose des spectacles.

La 3° certitude est que nos défunts sont appelés à ressusciter dans leur corps. En nous basant sur les écrits de la résurrection du Christ et des différentes rencontres que le Christ ressuscité a eues avec ses apôtres, on constate que ce n’est plus le même corps. Ce corps ressuscité, spirituel comme dit St Paul, sera composé d’une matière nouvelle et nous reconnaîtrons en lui notre corps d’ici-bas.

Lorsque nous allons sur les tombes de nos disparus, ne nous contentons pas simplement d’une prière. Mais essayons de retrouver ce qui nous a permis de les apprécier, car c’est avec ça aussi qu’ils vivent pour toujours. L’évangile des béatitudes, à la Toussaint, nous donne des repères. Il importe maintenant de rester vigilant, de miser sur ce qui doit durer, à savoir l’Amour. Ne perdons pas notre temps dans l’illusoire. Investissons-nous dans les efforts de paix, de partage, de vérité... Vivons intelligemment, comme si nous devions paraître aujourd’hui devant Dieu. »

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 14:34

TOUSSAINT – 2014

1ère lecture : Apocalypse 7, 2-14 2ème lecture : 1ère lettre de St Jean 3,1-3 Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5, 1- 12

Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise ! Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux!» (Bible des Peuples)

" Heureux " : est le premier mot que l'évangile de Matthieu met dans la bouche de Jésus, le jour où il commence sa prédication en Galilée. Et neuf fois de suite, par ce mot « Heureux » il annonce que non seulement le bonheur est possible, mais qu'il est là, aujourd'hui, à la portée de chacun de ses auditeurs. A notre portée, à nous aussi. Les béatitudes sont les fondations du message original de Jésus. Toutes ses interventions sont orientées vers le bonheur de tous les hommes.

Ce projet de Jésus remet en cause les façons de faire à son époque et encore aujourd’hui. Les autorités religieuses sont toujours tentées d’accommoder les préceptes religieux à leur façon et ainsi d’imposer de nouvelles obligations. Concrètement, alors que Jésus propose de travailler au bonheur de tous, on a fait de notre religion quelque chose de triste, d'ennuyeux, voir un repoussoir où les jeunes générations ont du mal à trouver leur place. Une religion à base d'interdits et d'obligations. Une religion de l'effort morbide et pas assez une religion basée essentiellement sur l’entraide. Ce que Dieu vient nous annoncer en Jésus Christ, c'est le bonheur, la bonne nouvelle du bonheur donné à l'homme et sa libération. Donc, pour commencer, il faudrait nous débarrasser de cette image de la foi austère, pleine d'obligations désagréables. Redécouvrons la richesse du verbe AIMER. Quand on aime, on ne peut pas faire seulement ce qui nous plaît ou ce qui nous arrange. Aimer a des exigences. Aimer, c’est être heureux ensemble du même amour, et cela se construit jour après jour. Tous les textes de cette fête de la Toussaint rayonnent de joie. Apprenons donc à accueillir cette joie, à en vivre et à la faire nôtre.

Nous fêtons aujourd’hui tous les amoureux de la vie. De tous ceux et celles qui se sont laissés saisir par la Parole de Dieu et qui l’ont mise en pratique dans leur vie. Les Saints? Ce sont ceux qui ont marqué notre existence, qui nous ont laissé le témoignage d’une vie tournée vers l’amour, malgré leurs faiblesses et leurs fragilités. Ce sont ceux qui ont réveillé en nous une force extraordinaire, une capacité d’aimer. Ils ont aimé la terre comme Dieu l'aime. Pas comme nous l'aimons parfois quand nous voulons la posséder, la prendre aux autres, nous faire puissants sur les autres, faire régner nos idées, que sais-je ? Les saints et les saintes, sont nos frères et sœurs en humanité ; ce sont des personnes qui ont fait progresser l'humanité vers plus de vie.

Les saints, ce sont les gens qui ont manifesté par leur façon de vivre que l’amour est au cœur de l’existence. Pour les chrétiens, cet amour, c'est Dieu lui-même. Et tant d’autres qui vivent de cet amour sans en connaître la source. S’il existe des saints dont la vie extraordinaire ne peut être imitée par le simple mortel, d’autres, non moins saints que les premiers, ont eu une vie toute ordinaire et en même temps exemplaire. Là je pense au témoignage que nous ont laissé nos parents, des amis, des militants…. Durant leur existence, ils ont cherché à mettre en œuvre la bonne nouvelle du bonheur que Dieu nous propose par les « Béatitudes ».Oui, ils sont heureux ceux qui se lèvent, ceux qui se mettent en route, ceux qui marchent pour travailler au bonheur proposé. Même si c’est difficile, ils sont déjà dans la réalisation de ce bonheur.

Pour notre temps, certaines béatitudes méritent un soin particulier. En voyant toutes les violences, et toutes les bagarres organisées de façon systématique pour se défouler sans se soucier des conséquences sur les blessés, les voitures brûlées, les magasins saccagés, la nature polluée par des feux provoqués. Alors on peut mieux comprendre aujourd’hui l’appel de Jésus, disant : « Heureux les doux », ceux qui mettent un peu de liant et de douceur sur les blessures.

Quand tant de personnes se trouvent impuissantes et réduites à rien, parce que le plus fort s’arrange avec les lois, parce que leur emploi disparaît suite au trafic de ceux qui jouent avec la vie des autres. Alors on accueille de façon originale l’appel de Jésus, disant : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice », ceux qui n’hésitent pas à prendre des risques pour être vrais et droits, dans la défense des plus faibles. Je pense à tous les bénévoles dans les associations : UNICEF, CCFD-Terre Solidaire, Restos du Cœur, Amnesty International et tant d’autres si souvent dénigrés par le détournement de quelques profiteurs.

Pour donner de l’actualité à cette belle fête de Tous les Saints, puissions-nous mettre en valeur l’actualité qui nous touche, en lien avec les Béatitudes, pour soutenir les élans de ceux qui sont fatigués, de redonner le sourire à ceux qui pleurent, de ne pas abandonner ceux qui se croient seuls, redonner à l’Amour sa vraie grandeur dans l’existence humaine.

En cette Eucharistie, Dieu se révèle à nous : faible, pauvre, sous les apparences d'un peu de pain. Mais Dieu se révèle aussi : nourriture, force pour continuer la route. Recevons cette révélation de Dieu dans la pauvreté des signes qu'il nous donne: le pain eucharistique et la vie de nos frères les saints. Apprenons que le témoignage que nous avons à rendre est aussi constitué de pauvres gestes, les gestes quotidiens de l'amour, de l'amitié, de la solidarité.

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