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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 09:52

5° dimanche du Temps de l’Eglise « C » 07 02 16

Première Lecture : Isaïe 6 1–8

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 15 1–11

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 5, 1-11

Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth : la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu. Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit et, de la barque, il enseignait la foule. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : " Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. " Simon lui répondit : " Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. " Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu'elles enfonçaient. À cette vue Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : " Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. " L'effroi, en effet, l'avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu'ils avaient prise ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon. " Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. " Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

Ce n’est pas au Temple de Jérusalem que Jésus commence sa mission. C’est au carrefour des Nations, à Capharnaüm, au bord du lac de Génésareth que Jésus, dans la barque de Simon, proclame la Parole de Dieu. Pourquoi Jésus a choisi cet endroit ? Certainement parce que c’est un lieu de brassage de population, lieu de commerce entre l’Asie – l’Afrique et l’Europe. Lieu d’échanges et de connaissances. Ce n’est pas un lieu protégé et réservé. On y rencontre le tout-venant avec ses qualités et ses défauts. C’est là que Jésus annonce la Bonne Nouvelle du Royaume.

N'est-il pas surprenant que Jésus ait appelé à lui de simples pêcheurs, des gens qui connaissent leur métier, mais prêts aussi à tout quitter pour le suivre ?

Nous sommes en présence de pêcheurs qui connaissent bien leur métier. Ils rentrent bredouillent d’une nuit passée en mer sans rien prendre. Et voilà que le fils du charpentier, qui ne connaît rien au dur métier de pêcheur, leur demande d’avancer au large ! Cette invitation, d’aller au large, devait les agacer. Timidement, Pierre lui dit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre » Et Jésus lui répond : « C’est vrai, je le vois bien… mais navigue en eau profonde, va plus loin, ose le large… » Ils ont osé aller au large parce qu’ils l’ont entendu parler à la foule. Son enseignement invitait à sortir des bornes habituelles et des terrains connus. Ils ont eu confiance en la Parole de Jésus qui les invitera à prendre le même chemin que lui : redonner confiance et espérance à tous ceux qui sont enfermés dans leur découragement.

En cet instant, je pense à tous les déçus, les découragés de la vie. Je pense à tous ceux de ma génération qui ont vécu avec enthousiasme le Concile Vatican II. Ensuite les événements de 68 qui ont posé des questions nouvelles. Je pense également à tous ceux qui ont investi de leur temps, de leur générosité au sein de leurs associations et organisations, qui ont pris du temps sur leur vie de famille, parfois au prix de leur santé et qui restent cois. Leur enthousiasme est terni par les nombreuses déceptions : fermetures, licenciements, éclatement des familles….Et pourtant, des militants et tant d’autres gardent cette flamme allumée en espérant des jours meilleurs. Ça et là, il y a des choses nouvelles qui prennent racine et qui naissent. Désormais, plus rien n’est comme avant : nous avons changé, les mentalités ont changé, mais tout n’a pas changé : les riches deviennent de plus en plus riches et le nombre des pauvres ne cesse de croître…

Aux uns et aux autres, comme à l’apôtre Simon-Pierre, Jésus lance cet appel : « Avance au large, va plus loin… » Cet appel concerne toute notre vie : là où les certitudes et les habitudes ont mis des limites à notre action ; là où les échecs et les déceptions ont entraîné un sentiment de lassitude ; là où les conflits et les haines ont apporté une attitude de vengeance ou de repli sur soi.

« Avance au large », « Regarde, ta vie s’ouvre vers l’avenir et surtout, ne t’enferme pas dans le passé.» Concrètement, aujourd’hui on peut être scandalisé par la masse des gens sans travail qui sont condamnés par la société. En même temps, les manifestations des paysans, des gens qui travaillent sans relâche, s’endettent toujours plus. Leur révolte est un cri de désespoir. Que les responsables, à tous les niveaux et en particulier les chrétiens, fassent DROIT à ce qui est Humain.

La vie est marquée par des étapes qui nous entraînent toujours plus loin. Ainsi, Jésus est passé de Nazareth à Capharnaüm, de même, Jorge Bergoglio est venu de l’Argentine à Rome. Simon est devenu Pierre comme Jorge est devenu Pape François. Ce sont à la fois les mêmes personnes mais aussi des hommes nouveaux. Le Christ les a entraînés vers une vie qu’ils ne connaissaient pas. Ce même Christ invite chacun d’entre nous à vivre ces transformations et à nous rendre meilleurs. L’appel du Christ comporte bien sûr une part d’inconnu, d’aventure. L’objectif du Christ n’est pas de nous faire peur, de nous déstabiliser : « Sois sans crainte Simon Pierre, va plus loin, ose le large, jette les filets ! » Vous connaissez la suite ! Quel retournement, « laissant tout, ils le suivirent. »

Jésus sait que nous sommes capables d’aller bien au-delà de ce que nous croyons être nos limites, nos désespérances, nos lassitudes. C’est merveilleux de voir que Dieu ne désespère pas de l’homme. Il aide l’Homme à prendre conscience de ses valeurs, de ces capacités et ainsi, il l’arrache à la morosité et à la peur du lendemain. La vraie réussite réside bien là : croire que c’est toujours possible, qu’un chemin nouveau s’ouvre devant soi ! L’homme prend conscience que son bonheur ne peut pas se faire sans le bonheur des autres, car nous sommes des êtres de relation. Je ne cesse de rappeler que notre vraie richesse : c’est la qualité de notre présence aux autres et à la vie du monde !

Sortir de nous-mêmes, sortir de nos petites préoccupations personnelles, sortir de notre monde à nous, pour voir le monde avec les yeux de Dieu : c’est cela « l’appel au large ». Pour ce faire, il nous faut prendre du recul pour accueillir la nouveauté de la vie et en même temps repérer les pièges. N’est-ce pas là un travail de fond que l’Eglise nous propose, aujourd’hui, par le temps carême qui va s’ouvrir ce mercredi des cendres?

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