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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 15:22

 

    TOUSSAINT « C » 2010

Première Lecture : Apocalypse 7 2–4, 9–14

Deuxième Lecture : 1Jean 3 1–3

Évangile de Jésus-Christ selon St Matthieu 5 1–12

 

Quand Jésus vit tout ce peuple, il gravit la montagne. Là il s’assit et ses disciples s’approchèrent

de lui, il ouvrit la bouche et commença à les enseigner :

 

            “Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre,

            le Royaume des Cieux est à eux.

            Heureux les doux,

            ils auront la terre en héritage.

            Heureux ceux qui sont dans le deuil,

            ils seront réconfortés.

            Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,

            ils seront rassasiés.

            Heureux les miséricordieux,

            ils auront droit à la miséricorde.

            Heureux ceux qui ont le cœur pur,

            ils verront Dieu.

            Heureux ceux qui sèment la paix,

            ils seront appelés enfants de Dieu.

            Heureux ceux qui sont persécutés quand ils agissent en toute droiture,

            le Royaume des Cieux est à eux.

            Oui, heureux serez-vous quand on vous insultera à cause de moi,

            et qu’on vous poursuivra,

            et qu’on dira sur vous toute sorte de calomnies.

            Soyez heureux, sautez de joie,

            car vous avez dans les cieux une belle récompense.

            On poursuivait tout pareillement les prophètes qui étaient avant vous.” (Bible des Peuples)

 

Un jour ou l’autre, nous avons fait l’expérience d’une journée qui commence mal, où l’on se sent fatigué dès le matin, où le moral est au plus bas. Et pourquoi ?                             L’arrivée des premiers signes de l’hiver, les journées plus courtes, sans parler de tous les événements qui nous paraissent difficiles et qui nous isolent. Dans cette morosité, soudain une rencontre ensoleille le cœur, faisant oublier tout ce qui n’allait pas. Pas de ces rencontres extraordinaires qui changent subitement le cours de notre vie ! Non. Simplement une voisine qui vous dit bonjour, un collègue de travail attentif à votre mauvaise mine….. Et soudain on reprend goût à la vie, simplement parce que quelqu’un vous a fait exister.

Mais quel rapport avec les saints que nous fêtons aujourd’hui ? Un saint, dans l’esprit des gens, ce n’est pas n’importe qui ! C’est quelqu’un de reconnu officiellement par l’Eglise, qui a bien souvent sa statue dans nos églises pour le montrer en exemple. Quelqu’un qui a donné sa vie au nom de sa foi ou qui, au moins, a eu une existence digne !

Et si un saint, c’était avant tout quelqu’un qui essaie d’aimer les hommes à la manière du Christ ? Quelqu’un dont le cœur est suffisamment désencombré pour pouvoir s’ouvrir aux autres, au lieu de rester centré sur ses propres problèmes. Quelqu’un qui sait trouver le mot à dire, le sourire ou le petit geste qui réchauffent le cœur. Le chemin de la sainteté, le chemin du Royaume de Dieu, balisé par les Béatitudes, ne commence-t-il pas par : « Heureux » ?

Les Béatitudes, c’est facile à dire, beaucoup moins à  réaliser ! Mais un sportif devient-il champion en un jour ? Pour la sainteté, c’est pareil. Alors plutôt que de nous décourager devant l’impossibilité apparente de la tâche, regardons ces Béatitudes l’une après l’autre. Peut-être découvrirons-nous des choses à notre portée, en fonction de notre situation particulière. Dans ces Béatitudes, Jésus nous donne des repères pour le quotidien de notre vie.

Ainsi, à ceux qui se sentent fragiles et pauvres de cœur, ceux qui sont accueillants aux larmes et aux cris des « petits », Jésus leur dit : « Réjouissez-vous, vous êtes sur le chemin du bonheur ! »

A ceux qui refusent d’utiliser la force et la violence pour régler leur compte, Jésus dit : « Réjouissez-vous les doux, la paix et la réconciliation sont entre vos mains ! » Vous êtes une semence d’humanité.

A ceux qui refusent les inégalités sociales et économiques, et pour qui la misère n’est pas une fatalité, mais un mal à combattre, Jésus leur dit : « Réjouissez-vous, vous construisez une humanité nouvelle où chaque être humain est respecté comme enfant de Dieu ! »

A ceux qui croient que le pardon vaut mieux que la rancune ou la vengeance, Jésus leur dit : « Réjouissez-vous pour la bonté et la miséricorde qui vous habitent, en libérant le cœur des autres, vous leur redonner l’espérance ! »

A ceux qui mettent en accord leurs actes avec leurs pensées et leurs paroles, à ceux qui refusent compromissions et magouilles, Jésus leur dit : « Réjouissez-vous, l’esprit de Dieu, l’esprit de vérité est à l’œuvre en vous ! »

A nous tous, qui pas à pas, sur le chemin de la vie, conjuguons le verbe aimer à travers tous les petits gestes quotidiens, le Royaume des cieux est déjà là au milieu de nous.

Quand nous participons à la messe, nous rappelons que Jésus, lui, le premier, a pratiqué ces Béatitudes tout au long de sa vie. En partageant son Corps et son Sang, Jésus nous donne le courage et la force d’entrer dans cette merveilleuse aventure au quotidien de nos vies.       Dans l’Eucharistie, nous célébrons la rencontre de Dieu avec tous ceux qui nous ont précédés. Tous ceux que nous avons connus et aimés, et qui ont été acteurs pour notre vie d’aujourd’hui. Ils font partie  de cette grande fête du ciel. La Toussaint met en  valeur l’élan qui les a portés au service des autres. Et nous exprimons le souhait de les savoir heureux à présent !   Aujourd’hui, en pensant à eux, n’oublions pas l’essentiel de ce passage d’évangile : les petits gestes que nous sommes appelés à faire  construisent le Royaume  de Dieu.

 

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 08:47

 

HOMELIE - 30e Dimanche "C" – 24 Octobre 10

Première Lecture : Siracide 35 12–19

Deuxième Lecture : 2Timothée 4 6–18

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 18 9–14

 

Jésus dit cette autre parabole pour certains qui se flattaient d’être des “justes” et regardaient avec mépris le reste des hommes : “Deux hommes étaient montés au Temple pour prier, l’un était un Pharisien, et l’autre un publicain.

Le Pharisien se tenait debout, et il priait ainsi en lui-même : Ô Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme le reste des hommes, rapaces, injustes, adultères, ou même comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je paie la dîme de tous mes revenus.

Le publicain, lui, se tenait à distance : il n’osait même pas lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine et disait : Ô Dieu, aie pitié du pécheur que je suis !

Je vous le dis : Celui-ci était en grâce de Dieu quand il est descendu chez lui, mais pas l’autre ! Car celui qui s’élève sera humilié, et celui qui s’humilie sera élevé.” (Bible des Peuples)

 

Une fois de plus Jésus manie avec dextérité des images qui font  «  tilt ». Il  nous fait comprendre que la seule chose qui compte à ses yeux : c’est l’ouverture du cœur de l’homme à la miséricorde et à la confiance, à l’image du créateur. Pour ce faire, Jésus nous livre deux personnages bien typés.

-       Le pharisien qui se montre sous son plus beau jour, tout en rondeur, la tête fièrement redressée. Il se présente presque à l’égal du Seigneur.

-       Le publicain, loin derrière, honteux, brisé, regardant le sol et se frappant la poitrine, n’ose pas s’avancer.

 Pour bien saisir la saveur de ces images, il faut se rappeler que les pharisiens étaient des gens d'une grande rectitude morale. Aujourd’hui le mot  "pharisien" est devenu synonyme " d'hypocrite". Or ce n’était pas le cas du pharisien de l’évangile. Dans cette parabole, Jésus décrit  même un super-pharisien. Il jeûne deux fois par semaine et donne 10% de ses revenus. Qui d'entre nous peut se comparer à ce pharisien, alors qu’on trouve encore des pièces rouges et jaunes dans le panier de l’offrande ? Quand à sa piété, il vient rendre grâce à Dieu de ne pas être comme les autres. C'est certainement un juste qui a le sens du devoir accompli.

D’autre part, on peut rappeler  que les publicains étaient réellement des moins que rien, des gens peu recommandables : collaborateurs de l'occupant romain, voleurs, oppresseurs des petits, sans pitié pour les pauvres gens. Ils n'hésitaient pas à les vendre comme esclaves quand ils ne pouvaient pas payer les impôts. Ils savaient faire rapidement fortune sur le dos des petites gens.

Dans les événements difficiles que traverse la France en ce moment, le nœud des problèmes  réside dans le manque de dialogue et de concertation. Les autorités se cachent derrière le mot « justice » « bon droit » « égalité » et « démocratie » pour justifier leurs prises  de positions, au lieu de chercher l’intérêt général avec tous les acteurs.    

Le réveil des lycéens et des étudiants émeut les organisations syndicales qui leur apportent leur soutien pour éviter des dérapages et construire avec eux une conscience citoyenne. Ces mêmes jeunes scandalisent ceux qui veulent que rien ne bouge. Les jeunes font peur et d’autre part, on se sert des jeunes pour faire peur d’autant plus que certains s’infiltrent pour augmenter le trouble. La solution la plus facile, c’est de se réfugier derrière des justifications qui ne mènent à rien. En réalité, les jeunes sont bien de leur temps et savent bien mesurer les difficultés de leur vie et de leur avenir.

Voilà donc nos deux hommes qui montent au Temple pour prier. Que s'est-il donc passé pour que seul le publicain soit justifié et cité en exemple par Jésus ? Cet homme se rend compte de ses faiblesses, de ses compromissions, de ses tromperies et de ses lâchetés. Il en est conscient et demande à Dieu son aide et son pardon.

           Pour  en revenir au pharisien, Jésus ne remet pas en question son respect des lois, ses pratiques religieuses, mais son enfermement. Jésus souligne qu’il se croit supérieur aux autres en les méprisant. Il a tort de croire que sa pratique lui donne des droits sur Dieu.

Conforté dans son univers légaliste, fondamentaliste ou intégriste, dirions-nous aujourd’hui, il est aveugle à toute lumière, à toute nouveauté venant d’ailleurs. Il possède la vérité, et cette certitude est grave parce qu’elle empêche tout accueil, toute nouveauté. Et on peut comprendre qu’il lui était difficile d’écouter Jésus qui fréquentait les femmes de mauvaise vie et qui mangeait  chez les publicains et les pécheurs.

Lui, Jésus, n’hésite pas à rompre les préceptes sacrés, chaque fois qu’il s’agit de nourrir, guérir, relever, redonner confiance, d’aimer son prochain.

Nous voici une fois de plus invités à faire la vérité.

Le publicain est justifié, parce qu’il se situe dans la vérité de son existence : il ne peut pas mentir à Dieu, il ne va donc pas se mentir à lui-même. Il est réellement un pécheur. Il le reconnaît. Il demande pardon à Dieu, et il est exaucé.

Le pharisien, lui se croit mieux que les autres. Il est tout rempli de lui-même. Il n'a pas besoin de Dieu. C'est tout juste s'il ne demande pas à Dieu de l'admirer.                          

Faire la vérité en nous pour être réconciliés  exige un déplacement de la confiance.  Elle doit passer de soi à Dieu pour rassembler d’autres dans la même confiance. Mettre sa confiance en Dieu : voilà une démarche de foi qui anime le publicain.

"Avec toi, Seigneur", c'est ce que pense le publicain et avec lui tous ceux et celles qui sont conscients de leurs faiblesses, qui ne désespèrent pas pour autant, mais s'ouvrent à l'action, à la force de Dieu et se convertissent pour l'accueillir. Alors, tout devient possible.

Que nous soyons du style pharisien ou publicain, l’essentiel c’est de croire que Dieu nous appelle à faire la vérité pour faire grandir la confiance.

 

 

 

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 15:31

 

Certains chrétiens ont été surpris qu’on puisse faire un pèlerinage au Mexique ! Or tout pèlerinage, c’est sortir des chemins connus pour aller à la rencontre d’autres peuples, d’autres civilisations y compris d’autres façons de vivre en chrétien.

En ce qui concerne le Mexique du sud, on découvre de nombreux sites Mayas. Les peuples Indiens des Amériques sont arrivés sur ces terres, probablement par la Sibérie et le détroit de Béring à une époque où ce passage leur était encore possible. Bien plus tard, grâce à la navigation et le développement du commerce, Christophe Colomb découvrit l’Amérique.  Ceci démontre que de tous les temps, les hommes ont cherché à connaître de nouveaux espaces. Abraham n’était certes pas le premier à quitter son pays. Les différentes civilisations ont laissé des traces de cultures totalement inconnues. Elles se sont développées sans lien avec  les autres civilisations du monde. On découvre encore aujourd’hui, des villages, comme Chamula, entièrement composés de descendants Mayas. Tout en respectant les lois du Mexique, ce village est géré selon les coutumes Mayas. Pour eux, la famille est première. Dès que l’enfant peut participer aux activités des parents, il y est associé. Il n’y a pas d’enfants sur les terrains vagues.  Marisela, notre guide a souligné que la plupart des jeunes de ces villages qui ont fait des études, tiennent à revenir au pays pour retrouver les valeurs avec lesquelles ils ont grandies.

Au XVI° siècle, avec l’arrivée des Espagnoles, le Mexique a connu une nouvelle ère. Avec la colonisation, ils ont amené leurs mœurs et la religion chrétienne, avec les ambigüités de l’époque, au point de se poser la question : « est-ce que les Indiens ont une âme ? »

Découvrir les richesses passées et les ambigüités, les confrontations et les dominations, les dégâts causés dans les différents conflits et révolutions font partie de l’histoire du Mexique que nous avons pu découvrir.  Avec l’avancée de nos technologies, on peut se croire les plus avancés au monde. Devant les calendriers lunaires et solaires qu’ils ont découvert, on ne peut que admirer leur science et relativiser les nôtres.

Au cœur de cette démarche, près  de Mexico, nous avons découvert Notre Dame de la Guadalupe. Juan Diego  est  un Indien mexicain de la tribu des Nahuas qui aurait eu sur la colline de Tepeyac en 1531  l'apparition de la Vierge Marie de la Guadalupe.  Elle lui aurait alors demandé de construire une église à cet emplacement, où aujourd’hui, on vient par millier de toute l’Amérique Latine. Comme à Lourdes, Fatima, La Salette… des foules viennent présenter leurs difficultés de vie à celle qui a un cœur plein de tendresse et d’écoute. Marie, la maman de Jésus nous invite à devenir toujours plus accueillant et respectueux à l’égard de tous ceux qui peinent et qui sont marginalisés. C’est dans ces gestes humains que le cœur de Dieu se révèle. « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi  même que vous l’avez fait ».

 

 

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 08:50

 

             29° Dimanche 17 octobre 10 « C »

Première Lecture : Exode 17, 8–13

Deuxième Lecture : 2Timothée 3, 14—4 2

 

Évangile  de Jésus Christ selon St Luc 18, 1–8

 Il leur raconta cette parabole pour dire qu’il faut prier sans cesse et ne pas se décourager : “Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et se moquait des gens. Dans cette même ville il y avait une veuve qui venait lui dire : ‘Rends la sentence contre mon adversaire.’

Tout un temps il refusa ; puis il se dit : C’est vrai que je ne crains pas Dieu et que je n’ai rien à faire des gens, mais cette veuve me dérange à un tel point que je vais lui faire justice ; sinon elle finira par me casser la tête.”

 Le Seigneur ajouta : “Écoutez bien ce qu’a dit ce juge très peu juste. Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus s’ils crient vers lui jour et nuit alors qu’il les fait attendre ! Je vous le dis : Il leur fera justice, et vite. Mais quand viendra le Fils de l’Homme, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ?” (Bible des Peuples)

 

 L'histoire de la pauvre veuve qui vient "casser la tête" d'un juge sans foi ni loi, nous rappelle cette autre histoire, de cet homme qui dort, et que son voisin vient importuner en pleine nuit pour lui demander du pain. Dans les deux cas, Jésus nous redit : si des hommes sans cœur sont capables de céder à la demande de celui ou de celle qui leur "casse les pieds", à plus forte raison votre Père accédera à votre demande si vous ne vous lassez pas de le prier. Et il le fera "sans tarder".  « Votre Père sait très bien de quoi vous avez besoin avant votre demande. »

Pourtant, ce n'est pas ce que nous éprouvons lorsque nous sommes durement plongés dans l’épreuve. Dans ces moments là, nous avons l’impression que Dieu est aux abonnés absents. Au point, que certains concluent à son inexistence. Nous comprenons que ce soit là une réaction toute humaine, mais Jésus vient nous parler du Père qui est plein de tendresse et d’égards pour les hommes. Un Dieu qui n’hésite pas à faire tout ce qu’il peut pour le bonheur de ses enfants. Et si nous faisons le constat opposé, c’est que ce message d’amour que Jésus est venu nous révéler, nous a tout à fait échappé. N’oublions pas que Dieu a donné aux hommes des capacités d’amour et d’intelligence  pour qu’ils puissent exister et se prendre en charge eux-mêmes. Il leur revient d’organiser et de prévoir l’accueil à la vie, le toit, la subsistance, l’éducation, la santé et une vieillesse digne.

La dimension politique doit prendre tous ces aspects en compte, sinon, c’est de la tromperie. Faut-il rappeler que le rôle essentiel de la politique, c’est d’organiser la société pour que chacun y trouve son compte. Et là, chacun doit aussi apporter sa part. Que ce soit dans les événements heureux et malheureux.

Tel les mineurs Chiliens qui sortent vivants après plus de 2 mois enfermés sous terre, ou le spéléologue de l’Ardèche qui meurt dans un éboulement. Ces deux drames ont provoqué un élan de solidarité internationale exemplaire. Toutes les compétences matérielles, psychologiques et spirituelles se sont mobilisées et coordonnées pour leur venir en aide. Quelque soit le résultat, l’essentiel c’est la mise en œuvre de toutes les possibilités. En tant que croyant  nous y voyons l’amour  de Dieu à l’œuvre. La prière est une demande à Dieu d’être attentif à tout ce qui est humain comme lui à l’égard de ses enfants.

Par contre cette semaine aussi, la question des retraites laisse beaucoup d’amertume et de colère. Beaucoup de gens, à faible revenu et aux travaux les plus difficiles, ont l’impression d’être les premières victimes. L’argument qu’on nous donne comme évident : « Si on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps. » Dire cela, c’est oublier tous les progrès humains et techniques qui se sont accumulés depuis des siècles. Ce progrès doit venir en aide pour soulager  la vie de toute la population. Les premiers à en bénéficier devraient être ceux qui sont le plus en difficulté. Or aujourd’hui, c’est le contraire : au lieu des services à assurer, c’est le chacun pour soi et la course à l’argent.

Dire cela, c’est oublier aussi, tous les jeunes qui  cherchent du travail, c’est oublier tous les plus de 50 ans qui sont « trop vieux » et exclus du travail. Ce principe mis en avant comme une évidence, est un mensonge.

Combien de chrétiens, y compris parmi les plus hautes instances utilisent les paroles de Jésus sans se rendre compte quelles concernent notre existence.

Lorsque nous disons que Dieu est tout puissant, nous le réduisons trop souvent à l’image de la vie en société, à une forme de technique ou de magie qui relève plus de la domination que de l’harmonie et de la fraternité. Alors que Jésus est venu pour témoigner que Dieu nous aime. Malgré sa peur, Jésus ira jusqu’à la mort sur la croix. Sa confiance au Père, le conduira à la résurrection, à une vie nouvelle. C’est cette foi qui mérite d’être transmise à tous ceux qui le veulent.

La foi authentique va nous faire bouger aussi dans notre agir. Elle nous fera agir selon ce que disait St Paul dans sa lettre à Timothée : “enseigne, dénonce le mal, redresse, éduque dans la justice…”. La prière de foi est bien loin d’être un doux oreiller sur lequel nous pourrions rêver d’un monde nouveau.

 

 

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 15:31

 

28° Dimanche de u Temps Ordinaire « C » 10 octobre 10

Première Lecture : 2Rois 5 14–17

Deuxième Lecture : 2Timothée 2 8–13

Évangile de Jésus-Christ selon St Luc 17 11–19

 

Comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il arriva aux frontières de la Samarie et de la Galilée. Il entrait dans un village quand dix lépreux vinrent à sa rencontre ; se tenant à distance, ils lui crièrent : “Jésus, Maître, aie pitié de nous !” Voyant cela, il leur dit : “Allez vous montrer aux prêtres.” Et pendant qu’ils y allaient ils furent guéris. Se voyant guéri, l’un d’eux revint, rendant gloire à Dieu à haute voix. Il tomba le visage contre terre aux pieds de Jésus et il le remercia. Or lui était un Samaritain. Alors Jésus demanda : “Les dix n’ont-ils pas été guéris ? Où sont les neuf autres ? Il n’y a donc eu que cet étranger pour revenir et rendre gloire à Dieu ?” Jésus lui dit : “Relève-toi et va ton chemin, ta foi t’a sauvé.”

 

Tous ceux qui ont eu la chance de fouler un jour, la terre où Jésus est passé, accueillent les textes de l’Evangile d’une façon nouvelle. Vivre sur les lieux mêmes où furent prononcées les paroles du Christ, nous fait mieux comprendre tout le sens et le contexte dans lequel l’Evangile que nous venons d’entendre a été annoncé. Il s’agit de la montée de Jésus vers Jérusalem, c.à.d. vers sa mort et sa résurrection au matin de Pâques.  Jésus manifeste ici le sens de sa venue : il vient réconcilier  l'Homme avec Dieu en le libérant de son mal. Et cette libération n'est pas réservée à ses compatriotes, mais à tout homme dans le monde, aujourd'hui comme hier.

 "Alors qu’il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance et lui crièrent : Jésus, Maître, prends pitié de nous"

Les lépreux, dès qu'ils apercevaient quelqu'un à distance criaient pour avertir de leur présence. Ils en avaient l'habitude...voir même l'obligation.  Mais le lépreux qui est-il ?

Le lépreux, c'est avant tout l'AUTRE! Cette personne atteinte d'un mal physique - qui fait peur - un mal qui repousse - qui fait fuir - qui met à part, qui met dans une situation de rejet de la société. C'était ainsi au temps du Christ. Et aujourd'hui, deux mille ans après, il reste encore des lépreux qui ne sont pas soignés. Malgré nos capacités modernes, il y a encore des "villages de lépreux"  comme en Ethiopie ou Madagascar.

Le lépreux qui est-il aujourd'hui ?

On aurait tendance à réduire la lèpre à la maladie qu’on essaie de soigner médicalement, en oubliant qu’il y a tant d’autres lèpres qui empoisonnent l’existence de beaucoup d’êtres humains.

Le lépreux, c'est et restera toujours l'autre. Cette personne dont j'ai peur, que j'écarte de mes relations parce que tout simplement elle a une couleur différente de la mienne, une parole et des gestes étranges que je ne comprends pas, une façon de vivre qui m'apparaît bizarre. Ainsi, tous ceux qui n’empruntent pas les mêmes « passages cloutés » que nous, les marginaux, les sans papiers, les «Rom » deviennent facilement des cibles pour évacuer les peurs de notre temps. Sans nous en rendre compte, de façon tout à fait naturelle, on en fait les boucs émissaires de notre époque. Et on continue à colporter des ragots qui sont essentiellement liés à nos rognes, à nos malaises et à nos préjugés.

Le lépreux, c'est aussi cette personne malade, âgée que je crains d'aller visiter parce qu'elle ne me parle pas, parce que je ne sais que lui dire.

Le lépreux, c'est celui qui n'est pas intéressant parce qu'il est pauvre, pauvre d'apparence, de connaissances, de richesse, de santé...

Le lépreux, c'est celui dont on se moque facilement, et dont on en rit à bon compte.

Le lépreux, c'est celui qui n'est pas comme moi.....C'est effectivement l'AUTRE qui fait peur.

Mais le lépreux, c'est MOI aussi, ce n'est pas toujours l'autre.
Car je peux être pour l'autre celui qui fait peur, qui repousse, qui a un comportement bizarre, qui est différent. Le lépreux, c'est MOI qui a le cœur touché par une lèpre qu'on appelle EGOISME - ORGUEIL - INDIFFERENCE - REFUS d'aller à la rencontre des autres - une lèpre qu'on appelle : PECHE!

Devant le mal, Jésus a une démarche tout à fait opposée à la nôtre. Il n’a pas peur et ne fuit pas les lépreux. Au contraire, il a dialogué avec eux jusqu’à leur conseiller une démarche qui sera le chemin de leur guérison. La démarche de Jésus est une référence pour les chrétiens affrontés quotidiennement aux difficultés de leur temps. Et à la suite de Jésus, c’est à ces difficultés qu’ils doivent faire face. Mais pour cela, il est indispensable de prendre du recul pour se laisser animer par l’Esprit de Dieu. Sinon, c’est l’esprit du monde et du mal qui l’emportent. Prendre du recul, c’est aussi se familiariser davantage avec la Bonne Nouvelle que Jésus nous a donnée. C’est peut-être aussi marcher avec son corps et son esprit sur les chemins qu’il a parcouru.                                                                                                               Nous encourageons vivement d’autres chrétiens de chez nous à aller à la rencontre du Christ, marcher à sa suite, choisir Celui qui est pour nous le chemin de la Paix et de toute guérison. « N’ayez pas peur ! »                                                                                                                  Seigneur, donne-nous la force et le courage d'être proche des autres comme toi tu l'as été pour les hommes de ton temps.

 

 

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27 septembre 2010 1 27 /09 /septembre /2010 13:54

 

27° Dimanche du Temps Ordinaire « C » 03 10 10

 

Première Lecture : Habaquq 1 2–3; 2 2–4

Deuxième Lecture : 2Timothée 1 6–8, 13–14

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17, 5-10

 

Les apôtres dirent alors au Seigneur : “Donne-nous un peu plus la foi !” Le Seigneur répondit : “Si vous avez un peu la foi, gros comme une graine de moutarde, vous direz à cet arbre : Arrache-toi et plante-toi dans la mer, et il vous obéira.

Lorsque votre serviteur a labouré ou gardé le troupeau, et qu’il revient des champs, lequel d’entre vous lui dira : ‘Allons, viens te reposer !’ Vous lui direz sûrement : ‘Prépare-moi à dîner. Boucle ta ceinture et sers-moi, que je puisse manger et boire, ensuite tu mangeras et tu boiras.’ Et quand il aura fait ce qu’on lui a commandé, qui d’entre vous lui en saura gré ?

Cela vaut pour vous : lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été commandé, dites : Nous ne sommes que de la main d’œuvre ; nous avons fait ce que nous devions faire.” 

        (Bible des Peuples)

                       

Avez-vous déjà vu cette graine de moutarde dont nous parle Jésus ? Même regardée à la loupe, c’est peu de chose. Et pourtant, Jésus ose dire qu’avec un peu de foi (et d’amour bien sûr, car la foi sans amour, c’est du pipeau!) on pourrait déraciner des arbres.

Oh! bien sûr, les gens qui se disent réalistes, ou qui croient l’être, sourient toujours devant les rêves les plus fous des idéalistes et des utopistes. Et pourtant ce sont ceux-là qui construisent le monde parce qu’ils ne se contentent pas de regretter le passé ou de s’enfermer dans le présent: ils regardent l’avenir avec confiance.

Voyez, par exemple, ceux qui tracent, depuis des années, le difficile chemin vers la paix en Palestine, en Irak, en Afghanistan et dans tous les pays de misères, et ceci, malgré les obstacles semés par les extrémistes et opposants de tout poil y compris parmi leurs proches.  Il reste toujours quelques uns qui croient qu’un chemin est possible pour la Paix. N’est-ce pas là le germe d’une nouvelle espérance ?

Vous vous souvenez certainement de cette petite femme birmane, Aung San Suu Kyi, si fragile en apparence mais qui portait en elle la résistance de tout un peuple. Au lendemain de sa libération en 95, si je ne m’abuse, après six années d’assignation à résidence, elle déclarait: « J’étais prête à rester indéfiniment en détention. Je me suis dit que si Nelson Mandela a pu le supporter pendant 27 ans, qu’est-ce que 3, 4 ou 6 ans? »

Oui, parlons-en de cet utopiste qui a su déraciner l’arbre de l’apartheid qui pourrissait son pays et y planter la paix. Même si la paix reste fragile, elle a le mérite d’exister grâce à la foi de cet homme. Comme quoi une graine, même cultivée en prison pendant 27 ans porte des fruits !

Je pense aussi à toutes ces grandes figures de l’Ancien et du Nouveau Testament parce qu’ils avaient une foi comme une graine de moutarde, ils ont vu se lever tout un peuple en marche : Abraham, Moïse, Jean Baptiste décapité, le Christ mort sur la Croix n’a pas arrêté la foi des apôtres annonçant la Nonne Nouvelle aux quatre coins du monde. Tous ont vécu leur foi dans une grande fragilité.

Le récent film : « Les Hommes et les Dieux », souligne cet aspect vécu par les moines de Tibhirine. Au milieu de la peur et des menaces de toutes sortes, ils ont fait le choix du « Bon Berger », celui qui prend soin des plus fragiles. Contrairement à toute logique, c’est le « petit » qui compte plus que leur peur. Leur foi fragile est pleine de vérité et de tendresse. Et cette foi est parlante pour les acteurs eux-mêmes  et ceux qui voient ce film.

Oui une graine de foi, ça touche les cœurs et peut changer la face du monde! Elle est faite pour grandir et transformer tout ce qu’elle touche.

Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Où en est notre foi ? Il ne faut pas se presser pour y répondre. La foi n’est pas comme un paquet cadeau bien ficelé d’avance. Elle prend racine comme Dieu au cœur de notre existence.

Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui ne croyait en rien, si ce n’est dans la réussite, les jeux, la politique….. et fort heureusement, beaucoup me disent qu’ils croient en l’Homme. Peut-être avons-nous la foi comme il y a 20 ou 50 ans. Une foi figée à la manière des pharisiens, incapable de saisir la nouveauté. C’est bien dans l’aujourd’hui que Dieu nous renvoie, même si les événements sont douloureux, dramatiques. Je pense que tout chrétien est capable de déceler dans cette vie, le souffle de son Esprit qui anime le cœur de tous ceux qui sont épris de paix et de justice. Combien de jeunes partent aujourd’hui dans les pays de guerre, de famine… par goût de l’aventure ? ou tout simplement pour venir en aide à l’homme blessé, outragé, meurtri ?

Dans l’évangile, la foi en Dieu et l’amour des autres sont inséparables. Croire en Dieu, devrait faire de nous des faiseurs de PAIX, des EVEILLEURS !

Comme nous avons conscience de nos limites, il n’est pas interdit de demander au Seigneur que la graine de moutarde de notre foi donne de la saveur à notre amour et de la vigueur à notre action.

                        « Je crois Seigneur, mais augmente ma foi ! »

 

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 09:49

 

26° dimanche du Temps de l’Eglise « C » 26 09 1O

 

Première Lecture : Amos 6, 1, 4–7

Deuxième Lecture : 1Timothée 6, 11–16

Évangile de Jésus-Christ selon St  Luc 16, 19–31

 

“Il y avait un homme riche qui s’habillait de pourpre et de lin fin et mangeait royalement tous les jours. Un pauvre du nom de Lazare, tout couvert d’ulcères, était allongé à côté de sa porte. Il aurait bien voulu se nourrir de ce qui tombait de la table du riche ; même les chiens venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut et les anges l’emportèrent jusque dans le repli du manteau d’Abraham. Le riche aussi mourut et il eut un enterrement.

Comme il était au supplice dans le séjour des morts, il leva les yeux et aperçut de loin Abraham avec Lazare auprès de lui. Alors il se mit à crier : ‘Père Abraham, aie pitié de moi et envoie-moi Lazare ! Qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt et qu’il vienne me rafraîchir la langue, car je suis au supplice dans cette flamme.’

Abraham répondit : ‘Mon enfant, souviens-toi que pendant ta vie tu as reçu toutes tes bonnes choses, et Lazare, lui, bien des maux. Maintenant il est ici consolé et toi torturé. De plus, vois ce chaos formidable entre nous et vous : ceux qui voudraient passer d’ici vers vous ne le peuvent pas, et de même on ne peut traverser de là-bas vers nous.’

L’autre reprit : ‘Dans ce cas, père, envoie-le chez mes parents, chez mes cinq frères ; qu’il leur apporte son témoignage pour qu’ils ne viennent pas eux aussi dans ce lieu de tortures.’ Abraham répondit : ‘Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent !’ L’autre lui dit : ‘Ils ne le feront pas, père Abraham, mais si un mort allait les trouver, ils se repentiraient !’

Abraham répondit : ‘S’ils n’écoutent pas Moïse, et les prophètes, même avec la résurrection d’un mort on ne les convaincrait pas.’” (Bible des Peuples)

 

 

 Quand on se trouve dans une situation confortable, agréable, on ne souhaite qu’une chose : que cela dure ! Mais l’expérience, l’histoire des hommes et la parole de Dieu de ce jour, nous rappelle que toutes les situations ne sont que passagères. A toutes situations, il y a un avant et un après.

En me référant aux années de ma jeunesse 50-55, au moment d’entrer dans la vie active, la Lorraine, autant pour son charbon que son minerai de fer, était enviée.  On l’appelait : « le Texas Lorrain». 60 ans après, on n’exploite plus  ni charbon ni fer ! Beaucoup de nos jeunes ont dû chercher ailleurs le travail qu’ils ne trouvaient plus sur place, avec toutes les difficultés que cela suppose : déracinement, éloignement du milieu familial, des amis, de sa terre. Les restos du cœur, les soupes populaires, le secours catholique….ne savent plus comment répondre à l’urgence de tous ceux qui sont dans la misère aujourd’hui chez nous. En même temps, le chiffre de ceux qui payent l’impôt sur la fortune ne fait que s’accroître. Ainsi se réalise une fois de plus la parole du Seigneur : « Viendra un temps où on vous enlèvera ce que vous avez, pour le donner à ceux qui ont déjà »

            Y a-t-il quelque chose de neuf depuis le prophète Amos et la parole du Christ de ce jour ? Pour reprendre les termes d’Amos, hier comme aujourd’hui, des gens vivent bien tranquilles et se prélassent sur les divans, faisant bonne ripaille alors qu’en Irak, en Afghanistan, au Niger…  on égorge des otages comme on égorge un mouton, on mitraille toute une population. Je pense aux victimes des catastrophes naturelles qui attendent nourriture et produits de premières nécessités pour parer aux épidémies – et je pense à tous ceux qui, chez nous, vivent les criantes inégalités dans la répartition des fruits de leur travail. Ils subissent le contre coup du progrès économique qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer. Je n’en finirais pas d’énumérer les situations dramatiques de tous ces pauvres Lazare d’aujourd’hui, victimes des plus puissants qui font la loi, et du manque de solidarité des autres qui laissent faire ! Chacun sait que l’augmentation des suicides, des drogués, de bien des divorces et de ce qu’on appelle pudiquement les nouvelles pauvretés… tout ce mal de la société est bien la conséquence de ces injustices criantes.  Cependant, méfions-nous d’accuser uniquement la société ou les autres. Nous faisons partie de ce monde tel qu’il est. Nous devons tous nous sentir concernés, même si on ne se sent pas touché aujourd’hui.

Dans les paraboles, Jésus part toujours de ce qu’il a vu, de ce qu’il a pu observer dans la façon de vivre des gens de son temps et ainsi accrocher l’attention de ses auditeurs pour leur faire découvrir les enjeux du Royaume.

Le riche vit dans l’insouciance et croit que cette vie facile lui est assurée pour toujours.  Ce n’est pas sa richesse que le Christ lui reproche, mais ce qu’elle produit sur sa conscience en le rendant aveugle et inconscient.

  • Inconscient : le riche oublie que certaines situations ne durent qu’un temps.
  • Aveugle : parce que sa situation de riche l’empêche de voir la réalité, la misère, la famine devant sa porte.

Que nous demande Jésus aujourd’hui ?

En nous inspirant des Béatitudes, le Christ nous met devant un choix à faire : prendre parti de tous les rejetés, démunis, faibles, des sans voix  de la société. Ainsi, lorsque la liberté d’un homme est entamée, c’est aussi ma liberté qui est touchée. Lorsque l’honneur d’un homme est bafoué, c’est aussi mon honneur qui est atteint. « Ce que tu auras fais à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi-même que tu l’auras fait. »

Devant cette Bonne Nouvelle nous ne pouvons rester les bras croisés, il nous faut rejoindre tous ceux qui agissent. Essayons d’agir tous ensemble pour faire évoluer les structures sociales et politiques. On ne met pas un sparadrap sur une jambe de bois. Il faut s’attaquer à cette machine infernale qui engendre toutes ces situations de pauvreté, de misère, de précarité. Combien de personnes aujourd’hui hésitent à se faire soigner parce qu’ils ne peuvent pas avancer les sommes demandées. Même mon médecin m’a dit ces jours-ci : « nous sommes entrés dans une médecine à deux vitesses. Il y a ceux qui sont conventionnés et obligés d’assurer toutes les demandes, et les spécialistes qui choisissent leurs horaires et leurs tarifs. »  Seuls, ceux qui ont en les moyens pourront bien se soigner. Actuellement, nous sommes soumis à des discours les plus contradictoires. Le faux est présenté comme vrai, et le vrai comme partiel. On n’hésite pas à mentir en toute honnêteté. Vous avez certainement entendu parler des « Rom », de l’avenir des retraites, de la sécurité sociale, des enseignants et de l’école, qu’est-ce que vous retenez, qu’elle est votre appréciation de tout cela ? Avez-vous pensé à toutes les victimes, à tous les « Lazare », de ces grands débats de société ? Dans cette même période, les médias nous ont parlé du Pape en Angleterre, n’y aurait-il qu’une affaire de pédophilie ? N’avait-il pas d‘autre message à nous transmettre ? Ne nous laissons pas enfermer dans tout ce qu’on nous raconte. Soyons vigilants pour savoir discerner le vrai du faux. Et surtout ne succombons pas à la tentation de baisser les bras et de dire : « on ne peut rien faire ». C’est ce que souhaitent tous les manipulateurs du monde.

Déjà, les Juifs riches et les intellectuels trouvèrent les discours du Christ trop durs. Ils se bouchèrent les oreilles, dit l’Evangile, et ils le chassèrent. Nous ne sommes pas obligés de faire comme eux. Chrétiens, nous sommes capables de vivre dans l’espérance les changements de la vie, les difficultés du moment, les situations de tensions.

Nous sommes invités par l’histoire et par Dieu à mettre en œuvre toutes nos qualités pour faire progresser notre société où chacun est l’égal de son frère. Est-ce une Utopie ? C’est bien là que se trouvent notre joie, notre espérance et notre salut.

 

 

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 09:57

 

25° dimanche du Temps Ordinaire « C » - 19 09 10

Première Lecture : Amos 8 4–7

Deuxième Lecture : 1Timothée 2 1–8

          Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 16, 1-13

Jésus dit encore aux disciples : “Quelqu’un de riche avait un intendant, et on vint lui rapporter que l’intendant dissipait ses biens. Il l’appela et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Donne-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux pas continuer de gérer mes biens.’ L’intendant se dit en lui-même : ‘Que vais-je faire, si mon maître me retire la gestion ? Bêcher la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’en aurais honte. Eh bien, je sais ce que je vais faire : il y aura des gens pour m’accueillir chez eux quand j’aurai été renvoyé de mon poste.’

Il appelle donc un à un ceux qui doivent de l’argent à son maître. Il dit au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ? Celui-ci répond : ‘100 barils d’huile.’ L’intendant lui dit : ‘Prends ton reçu, assieds-toi et écris vite : 50.’  Il dit à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ?’ Celui-là répond : ‘100 mesures de blé.’ L’intendant lui dit : ‘Prends ton reçu et écris : 80.’

Le maître ne put qu’admirer cet intendant malhonnête, car il avait agi en homme sage. Oui, les fils de ce monde tirent plus de profit de leurs semblables que ne font les enfants de lumière. Et moi je vous dis : Faites-vous des amis avec ce maudit argent, et quand il viendra à vous manquer, eux vous accueilleront dans les demeures éternelles.

Celui qui est digne de confiance dans de petites choses le sera pour de plus grandes ; celui qui est malhonnête pour de petites choses, le sera également pour de plus grandes.  Donc, si on ne peut compter sur vous pour ce maudit argent, qui vous confiera les vrais biens ?  Si on ne peut compter sur vous pour des choses extérieures, qui vous donnera ce qui est vraiment vôtre ?

Un serviteur ne peut pas rester à servir deux maîtres ; ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il soignera le premier et se moquera de l’autre. Vous ne pouvez pas servir Dieu et le Dieu-Argent.”  (Bible des Peuples)

 

C’est sans doute un fait divers qui est à l’origine de l’Evangile que nous venons d’entendre. En cela, il n’y a rien de neuf pour nous aujourd’hui. Les combines et les arrangements de toutes sortes encombrent l’actualité. Dans son enseignement, le Christ part toujours de l’expérience des gens à qui il s’adresse, et de l’actualité. Il veut ainsi accrocher l’intérêt de ses auditeurs au cœur même de sa mission. C’est le chemin privilégié pour parler et mieux faire connaître la présence du Royaume de Dieu qui est dans l’actualité.

Aujourd’hui, il est question d’un gérant particulièrement habile et rusé. Cet homme est sur le point d’être licencié pour fraude et corruption. Avant de quitter son poste, il ne perd pas un seul instant. Il met à profit ce qui lui reste d’autorité pour se faire des amis, des relations ; on dirait aujourd’hui : il veut se mettre à l’abri. Il se fabrique un parachute doré !  Grâce à son habileté, l’homme réussit sa reconversion, ainsi son avenir est assuré. Il s’en sort avec élégance, au point que Jésus le félicite, certainement pas pour ses malversations, mais pour avoir utilisé tous les moyens à sa portée pour préparer son avenir. Si les croyants se servaient de tous les moyens humains qu’ils utilisent tous les jours dans tous les domaines de leur vie, en ayant l’objectif de faire connaître le Royaume comme Jésus, quelle merveille !

 

Rassemblés pour l’Eucharistie, voici quelques points que nous pourrions retenir.

 Alors que dans l’Eglise, on est devenu méticuleux pour les lois et les règles, Jésus n’en garde qu’une : « Aimer son prochain comme soi-même. »  Ainsi, il n’aborde pas les gens, ni les événements en leur faisant la morale. Il sait que ça ne mène à rien : c’est une démarche stérile. Faire la morale à un riche, c’est l’enfermer dans son argent. Quelque soit la difficulté, on trouve toujours des arguments pour se justifier. Le Christ pense que chacun a une conscience qui est plus large que sa fonction, sa fortune, son pouvoir. C’est cette conscience qu’il faut réveiller. Le Christ s’adresse essentiellement au dynamisme de ce gérant, à ses relations, à son habileté, à ses capacités d’invention et de création. Il sait que pour le Royaume de Dieu, ce sont là des talents et des qualités particulièrement utiles et précieuses. Evidemment, le trafic et les magouillages sont exclus de ce Royaume. Et pour ce faire, des qualités nouvelles sont toujours à acquérir et à perfectionner : la justice, la vérité, le respect des plus faibles. Le Christ n’enferme personne dans son passé, mais lui offre toujours une chance pour se relever et repartir sur des bases nouvelles. Là, le Christ a une attitude respectueuse de nos faiblesses humaines, tout en étant motivé par les multiples promesses d’avenir.

 

Un deuxième aspect mérite toute notre attention.

Le Christ veut que son message se vive au cœur des réalités économiques et terrestres – et non pas simplement dans un univers religieux. Pour le Christ, il n’y a pas d’un côté les affaires du monde et de l’autre la foi. La foi se vit au cœur de toutes nos entreprises, car Dieu n’est pas seulement présent à l’intérieur des temples et des églises, il est présent dans toute sa création.

Un chrétien ne peut donc pas dresser une frontière entre sa foi et sa vie professionnelle ou sociale. Dieu est présent partout où vivent, souffrent, aiment et espèrent les hommes de ce temps.

Le Christ n’a nullement peur d’interpeller ceux qui traficotent avec l’argent, ceux qui sont présents dans les réalités économiques, dans les affaires, dans les instances internationales. Si l’on veut que la création se développe, que le monde s’améliore, il ne faut pas rester enfermer dans ses préjugés et encore moins dans la « sacristie ». Il faut oser aller de l’avant ; partager avec les autres les talents reçus de la part du Seigneur. Si le chrétien se tait, il manquera un élément important dans l’évolution du monde.

Le Christ ne donne pas pour autant des consignes.  Il ne dit pas ce qu’il faut faire, mais il cherche à susciter un nouvel esprit d’invention, de création, un dynamisme pour que l’homme créé à l’image de Dieu reste fidèle au don qu’il lui fait de sa création : « dominez la terre, maîtrisez-la.. »  « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'Argent. »

 

L’Evangile n’est pas un recueil de morale ou de consignes, mais une Bonne Nouvelle qui annonce à tous les hommes leur grandeur et leur libération.

Nous souhaitons que chacun ait sur sa vie et sur celle de ses proches, un regard aussi optimiste, aussi dynamique et plein d’espoir que le Christ a jeté sur la vie de ce gérant fripon.

 

 

 

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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 10:01

 

24° Dimanche ordinaire -12 septembre 10

Première Lecture : Exode 32 7–11, 13–14

Deuxième Lecture : 1Timothée 1 12–17

Évangile  de Jésus Christ selon St Luc 15, 1–32

On voyait tous les collecteurs de l’impôt et les pécheurs s’approcher de Jésus pour l’écouter. ° Les Pharisiens et les maîtres de la Loi s’en plaignaient : “Cet homme, disaient-ils, fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux !” Aussi Jésus dit-il à leur intention cette parabole : “Imaginez que l’un d’entre vous possède 100 brebis, et il en a perdu une. Est-ce qu’il ne va pas laisser les 99 autres dans le désert, et courir après celle qui s’est perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve ?  Quand il l’a retrouvée, il la met tout joyeux sur ses épaules et, rentré chez lui, il rassemble amis et voisins et leur dit : ‘Partagez ma joie, car j’ai retrouvé ma brebis perdue ! Je vous le dis : Il y aura plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de se repentir.

 “Si une femme a dix pièces d’argent, et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison et chercher soigneusement jusqu’à ce qu’elle la trouve ?  Et quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et voisines et leur dit : ‘Partagez ma joie, car j’ai retrouvé la pièce que j’avais perdue ! De même, je vous le dis, on est tout joyeux chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.”

Jésus dit encore : “Un homme avait deux fils.  Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part du domaine qui me revient.’ Et le père leur partagea son bien.  Le plus jeune fils ramassa tout et partit peu après pour un pays lointain où il dépensa son héritage dans une vie de désordres.

 Quand il eut tout dépensé, une grande famine s’abattit sur ce pays et il commença à manquer de tout.  Il alla donc se mettre au service d’un des habitants du pays qui l’envoya dans ses champs pour garder les cochons. Là il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les cochons, mais à lui, personne ne lui donnait rien. Il rentra alors en lui-même : ‘Combien d’ouvriers de mon père, se dit-il, ont du pain plus qu’il n’en faut, et moi ici je meurs de faim.  Je vais me lever, retourner vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le Ciel et devant toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils, mais prends-moi comme l’un de tes ouvriers. Il se mit donc en route et retourna chez son père.

Quand il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement. Le fils alors lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le Ciel et devant toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.  Mais le père dit à ses serviteurs : ‘Apportez vite la plus belle tunique et habillez-le, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds.  Allez chercher le veau gras et tuez-le, car il nous faut manger et faire la fête : mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé. Et ils commencèrent à faire la fête. Le fils aîné était aux champs, mais il finit par rentrer. Comme il approchait de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela l’un des garçons et lui demanda ce qui se passait. L’autre lui répondit : ‘C’est ton frère qui est arrivé et ton père a tué le veau gras car il l’a retrouvé en bonne santé.’ Il se mit en colère. Comme il refusait d’entrer, son père sortit pour l’en prier. Mais il répondit à son père : ‘Voilà tant d’années que je te sers sans avoir jamais désobéi à un seul de tes ordres, et à moi tu ne m’as jamais donné un chevreau pour faire la fête avec mes amis. Mais lorsque revient ton fils que voilà, celui qui a mangé toute ta fortune avec les prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras !’ Le père lui dit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi. C’est maintenant qu’il fallait faire la fête et se réjouir, car ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !’

            (Bible des Peuples)

 

 

Ce matin, Jésus nous propose trois paraboles qui expriment au mieux la tendresse et la miséricorde de Dieu notre Père.

Elles sont adressées aux pharisiens qui accusaient Jésus de faire bon accueil aux pécheurs.

Nous retenons aujourd’hui, la parabole du fils perdu et retrouvé; qu’on a appelé aussi la « parabole de l'enfant prodigue ». Par nos habitudes calculatrices, nous risquons d’oublier l’essentiel. Au lieu de ne voir que le gaspillage et l’exubérance de la jeunesse, Jésus nous invite à admirer les sentiments nobles du Père : l’accueil, la bonté, le pardon et la fête.

En effet, le Père ne s'offusque pas tellement du comportement de l'adolescent qui exprime toute une joie de vivre, de s’éclater, de partir à l’aventure. Pour le Père, peu importe le prix à payer et la durée à respecter ; l’essentiel, c’est que son fils découvre un amour de toujours et revienne vers Lui  avec un regard renouvelé. Nous sommes là en présence d’une façon habituelle d’agir de Dieu qui respecte l’autonomie de chaque personne. Dieu est amour, il a besoin de notre oui. On le chante assez facilement pour Marie : « Merci Marie d’avoir dit oui… » N’est-ce pas aussi vrai dans l’histoire d’un chacun ? Chaque étape de notre vie  est une occasion de renouveler notre adhésion, notre estime et notre amour au Père. Ce n’est jamais acquis de façon définitive.

Or, nous connaissons ce qu’il y a dans le cœur de l’homme : la tentation de partir seul à la recherche du BONHEUR, sans trop s'occuper des autres. Cette tentation est à la fois, une chance et un risque. Chance, parce que c’est une ouverture nécessaire à l’aventure humaine. Risque, à cause du danger de s’enfermer dans l’échec. Un peu comme l’adolescence qui est une étape nécessaire à l’autonomie de la personne, mais qui ouvre aussi à tous les dangers. Dans cette situation de transformation, nous avons besoin de la communauté des autres. Elle sert de repères au milieu des troubles quotidiens.

Ca commence déjà dans une famille par l’accompagnement des enfants, et toutes les explications qu’on doit leur donner pour les alerter sur les chances et les dangers. De même, contrairement à certaines ambitions, l’école n’est pas faite pour faire quelques élites. Elle a mission de donner des outils à tous les enfants pour qu’ils puissent prendre leur place dans la société. Quand on pense que 11% de nos jeunes quittent l’école sans maîtriser la lecture et l’écriture, c’est le plus grand échec de leur vie. Pour l’école, comme pour la santé, comme pour les retraites…. tous les débats publics tournent autour des économies à faire et rarement des objectifs à atteindre.

L’évangile de ce jour nous rappelle que l’essentiel est l’amour partagé et renouvelé entre le Père et ses enfants. La mission même de Jésus est de mettre en œuvre cet amour en permettant à chacun d’y prendre sa place. Le reste n’est que du verbiage, remplissage et justification !

Quand le jeune homme de la parabole en est arrivé de se vendre pour rien, quand il en est arrivé à disputer la soupe aux cochons, il a eu un sursaut de dignité. Et ce sursaut l'a sauvé car il avait touché le fond de l'humiliation. Il refuse de rester dans cette situation, il réfléchit et comprend qu'il n'y a de salut pour lui qu'en retournant chez son Père, qu'en réintégrant son milieu d'origine. « Oui, je me lèverai et j'irai vers mon Père, et je lui dirai… ».

La conversion, c'est le changement du cœur, certes, mais c'est aussi le retour aux solidarités les plus profondes. Le jeune homme espérait seulement retrouver sa famille pour le travail. C’était tout à fait louable de sa part. Mais le Père était habité par une autre ambition: redonner toute sa place à ce fils égaré. Il l'accueille avec tendresse et prépare son avenir. Il exprime sa bonté par une fête qu'il organise:

« Mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est revenu.. », et ils commencèrent la fête.

N'est-ce pas là la folle confiance de Dieu en l'homme ? Eh oui !

Et le fils aîné, lui ne connaît que la rigueur; il a une règle de vie raisonnable et il n'en a jamais dévié: « Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres... » Il refuse de participer à la fête organisée par son Père. Et c'est lui, maintenant qui se retranche du groupe. C’est lui qui devient marginal. C’est lui qui s'en va seul car il reste figé dans ses idées toutes faites. Il est incapable de communier à la joie des autres.

Sous une forme  légaliste, il se refuse au bonheur de toute la famille. C’est une image d’intégrisme qui guette tous les religieux qui mettent la règle avant le précepte de l’amour. Et comme dit Jésus en St Matthieu 12,7 : «  Et si vous aviez compris cette parole : c’est la miséricorde que j’aime, non les offrandes, vous n’auriez pas condamné des innocents ! »

S'il nous arrivait de partir seul à la recherche du bonheur, puisse le Seigneur nous prendre « au collet » pour nous secouer et nous renvoyer à nos solidarités.

 

D'ici une dizaine de jours, vous pouvez consulter les photos prises durant le pèlerinage au Mexique.

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2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 10:56

 

 

23° Dimanche du Temps ordinaire  « C »  - 05 sept 10

Première Lecture : Sagesse 9 13–18

Deuxième Lecture : Philémon 1 9–10, 12–17

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 14, 25-33

« De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : " Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite, ne peut pas être mon disciple. Quel est celui d'entre vous, qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s'asseoir pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi aller jusqu'au bout ? Car, s'il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui : 'Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever !' Et quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, et qui ne commence pas par s'asseoir pour voir s'il peut, avec dix mille hommes, affronter l'autre qui vient l'attaquer avec vingt mille ? S'il ne le peut pas, il envoie, pendant que l'autre est encore loin, une délégation pour demander la paix. De même, celui d'entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens, ne peut pas être mon disciple. "

            Il devait plaire aux foules ce Jésus de Nazareth : l’annonce d’un royaume proche, miracles, remise en question des pharisiens… de quoi se rendre populaire et s’assurer du succès. Mais les choses se compliquent lorsque dans l’Evangile, Jésus s’adresse à la foule. C’est à tous qu’il adresse l’exigence « sine qua non » du Royaume qu’il vient inaugurer. « Tout laisser pour le suivre » suppose un retournement dans toute sa façon de penser, de vivre, de raisonner et de croire ! Pour ce faire, Jésus utilise deux paraboles qui soulignent l’importance d’avoir de grandes ambitions et de prendre les moyens pour les réaliser. Suivre Jésus, c’est comme construire une tour ou bien encore se risquer au combat. Le constructeur de tour commence par s’asseoir. Il fait un plan qui vaut la peine de mettre en œuvre. Il calcule et il  réfléchit s'il est capable de construire quelque chose de solide pour le mener à son achèvement. Le Roi, fanfaron et sans cervelle, qui veut combattre un adversaire sans en avoir les moyens va inévitablement au-devant d'une défaite honteuse et cuisante.
Par ces deux paraboles, ces deux comparaisons, Jésus nous alerte sur la nécessité de la réflexion et de l'organisation, y compris dans les domaines de la foi. Jésus nous demande de ne pas vivre superficiellement notre foi mais de bien utiliser notre intelligence humaine pour avoir des convictions plus solides et capable de rendre compte de l'espérance qui nous habite.

Au retour des vacances d'été, cette invitation de Jésus arrive à point. Une nouvelle année est là devant nous. Tout va reprendre: profession, école, groupement, associations, catéchisme… Pour ne pas vivre à la superficie des choses, il est nécessaire de nous former, de réfléchir et d'approfondir. C'est d'autant plus important qu'à notre époque - soi-disant scientifique, la crédulité, l'ignorance et la superstition augmentent dangereusement. L’émission « Envoyé spécial » de ce jeudi souligne qu’un français sur quatre consulte un voyant. Jadis, ceux qui avaient le savoir, étaient entourés de considération et de respect: aujourd'hui on assiste à une défaite du bon sens et de la raison. Au lieu de promouvoir un effort pour comprendre les réalités d'aujourd'hui, on nous propose un refuge vers l'irrationnel ou l'émotionnel.

Lors de notre voyage au Mexique, à la découverte des trois civilisations, nous étions étonnés que des jeunes « Maya » ayant fait des études dans les facultés, préfèrent  revenir dans leurs communautés humaines, car les propositions de vie dans la société « dite évoluée » semble les conduire à l’échec. De même dans les Eglises rencontrées, on retrouvait des familles : parents-enfants qui mettaient en valeur les liens qui les unissent. L’ambiance et la chaleur fraternelle exprimée, les chants, la multiplicité et la diversité des intervenants avant, pendant et après l’Eucharistie étaient au service de la communauté, comme disait Jésus : « Je suis venu pour servir… »

La peur de l'avenir que ressent chacun pour les siens n'est pas sans jouer un rôle dans la faveur dont jouissent tant de solutions prônées par de multiples simili-sciences et religions. Beaucoup de gens, y compris des gens instruits, vont faire des démarches auprès des cartomanciennes. L’hypnotisme et le somnambulisme renaissent. La télévision prédit à chacun son avenir personnel, ses difficultés d'argent, ses peines de cœur et toutes les aventures de sa vie en lui rappelant qu'il est né sous l'influence d'une constellation ou d'un astre.

                Au niveau de la religion aussi, on assiste à la montée de l'irrationnel: les gourous fleurissent...les bergers de toutes sortes qui exigent une soumission aveugle recrutent dans toutes les couches sociales. Des étudiants, des ingénieurs, des scientifiques qui utilisent la raison et l'expérimentation quand ils sont à l'intérieur de leur compétence professionnelle, tombent à des croyances irrationnelles quand il s'agit de la foi ou de la vie en société. Y compris dans les Eglises et dans les grandes religions de l'humanité, il y a un retour vers des formes d'obscurantisme, et les grands théologiens, hier les Pères  Yves Congar, Hans Kuhn, aujourd’hui le Père Bernard Sesboüé, et ceux qui ont un esprit critique se voient suspectés dangereusement et réduis au silence.

Revenons à l'Evangile. Le Christ nous invite à une foi adulte. Avant d'entreprendre une construction, nous devons faire un plan, interroger notre intelligence et notre bon sens. C’est ce que nous ont appris les mouvements d'Action Catholique dans le "VOIR, JUGER et AGIR". Ca reste toujours essentiel pour l’aujourd’hui. La raison féconde la foi et la foi apporte quelque chose à la froide raison. Foi et raison ne s'oppose pas mais elles ont besoin l'une de l'autre.

La rentrée de catéchismes peut être aussi une occasion de faire reculer l'ignorance religieuse et la crédulité. Nous savons bien que la culture religieuse est très faible, voire nulle chez beaucoup de chrétiens. Bien des drames seraient évités, dans la vie familiale, économique, politique et ecclésiale,  si l’on se donnait davantage des espaces d’accueil, d’écoute pour se laisser interroger sur ce qui doit durer dans nos vies. On consomme trop sans réfléchir. Alors, comme vous pouvez le constater notre mission de formation est immense. Chacun est invité à y réfléchir à l'occasion de cette rentrée des classes. Dieu nous a donné une intelligence et du bon sens. Utilisons-les. Bonne rentrée à tous.

 

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