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29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 10:04

Fête de l’Epiphanie « C » – 03 Janvier 2016

Première Lecture : Isaïe 60 1–6

Deuxième Lecture : Éphésiens 3 2–3, 5–6

Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu 2 1–12

Jésus était né à Bethléem de Juda, au temps du roi Hérode ; alors, des pays de l’Orient, des mages arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : “Où se trouve le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus pour lui rendre hommage.” Quand le roi Hérode l’apprit, il en eut un choc, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et ceux qui enseignaient la religion au peuple, car il voulait leur faire préciser où devait naître le Christ. Ils lui firent cette réponse : “C’est à Bethléem de Juda. Car il est écrit dans le livre du prophète : Toi, Bethléem en Juda, tu n’es pas le dernier des chefs-lieux de Juda, car c’est de toi que sortira le chef, le pasteur de mon peuple Israël.”

Alors Hérode convoqua les mages en secret et leur fit préciser le moment où l’étoile leur était apparue. Il les mit sur le chemin de Bethléem et leur dit : “Allez là-bas et tâchez de bien vous informer sur cet enfant. Si vous le trouvez, vous me le direz, et moi aussi j’irai lui rendre hommage.” Après cette entrevue avec le roi ils se mirent en route, et voici que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les conduisait. Finalement elle s’arrêta au dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Revoir l’étoile fut pour eux une grande joie ; ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère et ils se prosternèrent pour l’adorer. Ils ouvrirent alors leurs coffres et lui firent des cadeaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ils reçurent alors un avertissement au moyen d’un rêve : ils ne devaient pas revoir Hérode. Ils repartirent donc vers leur pays par un autre chemin. (Bible des Peuples)

Dans le prolongement de la fête de Noël, nous célébrons aujourd'hui la fête de l'Epiphanie, c'est-à-dire, la manifestation éclatante de la présence de Dieu à l’humanité entière. Pour nos frères Orthodoxes, l’Epiphanie est le cœur de la fête de Noël. Il importe donc aujourd’hui, en cette nouvelle année, de repérer les signes « éclatants » que Dieu nous donne de sa présence dans l’aujourd’hui de notre existence. Malheureusement, on a réduit cette fête à une histoire de galette – ce qui ne met nullement en cause les saveurs et les surprises de la fève. Mais avouez, on est bien loin de l’originalité de cette fête !

Si on est arrivé à cette réduction, c’est qu’on a oublié l’essentiel de la démarche des Mages : ce sont des « chercheurs », des Hommes en marche. Par leur couleur : blanc, jaune et noir, ces Mages donnent à la fête de Noël sa dimension universelle. C’est bien le sens du mot Epiphanie : manifestation de Dieu à toute l’humanité. Jésus, né dans le peuple et les traditions juives, est d‘abord un être humain ; donc, frère de tous les hommes. En même temps il est unique, son originalité c’est d’être le Fils de Dieu. Jésus, comme chacun est unique, particulier et pourtant, il appartient à la même famille humaine.

Revenons aux trois Mages de l’évangile. Chacun avec ses racines, sa culture son identité, ses mises en marche se retrouve à Bethléem. Ils ont en commun le souci de chercher le sens de leur vie qui est plus large que leur personne. Et l’évangile de ce jour leur fait dire : «Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus pour lui rendre hommage. » Quelle est donc cette étoile ? Est-ce un astre, une comète ? Ce symbole de l’étoile représente une lumière qui n’est pas seulement repérable par la vue. N’est-ce pas plutôt une lumière intérieure ? C’est celle qui a conduit les bergers à la crèche. C’est encore cette lumière qui a conduit Marie et Joseph à fuir en Egypte. Et c’est encore cette lumière qui reconduit les Mages « par un autre chemin. »

N’est-ce pas cette même lumière qui se manifeste à chacun ? Comme pour les Mages, cette étoile porte un message de FOI.

Notre vie est un voyage dans lequel nous cheminons souvent de nuit. Elle ressemble étrangement à celle des Mages. Notre vie est faite d’épreuves, d’espoir, de cheminement, d’hésitation, de lumière et d’obscurité, de certitude et de doute. Il y a des jours où le ciel nous paraît sans étoiles. Que faire dans ces moments là ? Comme les Mages, il est nécessaire de nous arrêter pour demander l’aide des autres. Nous avons besoin du savoir et de l’expérience des autres pour éclairer notre chemin.

A l’occasion de la nouvelle année, nous formulons des vœux en souhaitant le meilleur à tous nos amis. On souhaite une bonne santé, surtout quand on se sent fragile. On souhaite un travail à ceux qui en manquent, parce que le travail permet d’exister et nous rend acteur pour le bien de tous. De plus, le travail permet d’améliorer les liens avec les gens et avec le monde. Dans les souhaits, la Paix est au cœur de nos préoccupations, mais nous mesurons la difficulté de la Paix en œuvre dans nos liens et dans nos familles. La Paix est encore beaucoup plus difficile et tellement nécessaire entre les peuples. Pensons à la Syrie, à la Palestine, au Centre Afrique et à plusieurs autres pays dans le monde. Malheureusement, en attendant les décisions de paix et de justice, les victimes s’ajoutent. Tous les vœux que nous avons formulés reposent sur des observations concrètes. Ils méritent certainement d’être mis en œuvre, mais bien souvent nous en restons à une formulation superficielle. L’étoile a conduit les Mages à des découvertes et à des retournements. A leur suite, nous devons prendre garde à la cohérence de nos actes avec nos « belles paroles ».

La fête de l’Epiphanie met en valeur deux aspects importants de notre humanité qui ont leur source en Dieu. En se manifestant d’une façon inattendue et impensable en son Fils Jésus, Dieu rappelle que chaque être humain est unique et doit être respecté comme tel. Et le deuxième aspect : Jésus vient sauver toute l’humanité, et il invite chacun à apporter sa part à la société. Ces deux aspects exigent pour leur mise en œuvre, une attention permanente et un grand respect de l’évolution de chacun.

Comme les Mages, les chrétiens sont, en permanence, des « chercheurs de Dieu ».

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24 décembre 2015 4 24 /12 /décembre /2015 10:15

Sainte Famille « C » 27 12 15

Première Lecture : 1Samuel 1 20–22, 24–28

Deuxième Lecture : 1Jean 3 1–2, 21–24

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 2 41–52

Tous les ans les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque, et quand il eut douze ans, comme c’était de règle, il monta avec eux. Lorsque les jours de fête furent achevés, ils s’en retournèrent, mais l’enfant Jésus resta à Jérusalem sans en avertir ses parents. Eux pensaient qu’il était dans la caravane, et ils marchèrent ainsi tout le jour. Puis ils le cherchèrent parmi leurs amis et leurs connaissances. Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, toujours à sa recherche.

Le troisième jour ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des maîtres de la Loi : il les écoutait et les interrogeait. Tous ceux qui l’entendaient étaient étonnés de son intelligence et de ses réponses. En le voyant, ses parents furent très émus et sa mère lui dit : “Mon fils, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi nous te cherchions, très inquiets.” Alors il répondit : “Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être chez mon Père ?”

Mais ils ne comprirent pas une telle réponse. Il descendit alors avec eux et revint à Nazareth. Par la suite il continua à leur obéir ; sa mère, pour sa part, gardait tout cela dans son cœur. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en âge et en grâce, aussi bien devant Dieu que devant les hommes. (Bible des Peuples)

Dans ce passage d’évangile, Jésus prend une place particulière dans le Temple de Jérusalem. L’évangéliste le situe au milieu des maîtres de la loi. Cela nous renvoie à la tradition juive de la « bar-mitzwah » et non à une fugue. Cette cérémonie religieuse se situe dans la 13ème année de sa vie. C’est un rite de passage entre la vie de l’enfance et l’entrée dans la vie d’adulte. Le mot « enfant » veut dire « sans paroles ». C'est-à-dire, les paroles qu’il prononce ne sont pas de lui, il ne fait que répéter ce qu’il entend et qu’on lui demande d’apprendre. Par contre, on exige d’un adulte une parole qui soit en cohérence avec sa façon de vivre. Alors, la parole n’est plus une imitation, une répétition, mais l’expression de ce qu’il pense, de ce qu’il croit, de ce qu’il fait. En somme, qu’il soit VRAI !

Au cours de la « bar-mitzwah », l’adolescent lit publiquement un passage de la bible et dit comment il l’interprète et en quoi ça le concerne.

Jésus a pris à son compte cette étape rituelle. Il rappelle à ses parents qu’il existe : il doit devenir de plus en plus indépendant d’eux pour vivre sa propre vie. Il leur rappelle – avec force, à leur grand étonnement – qu’il doit établir des relations nouvelles avec eux mais aussi avec son Père du Ciel.

À la lumière du vécu de la " sainte famille " nous sommes invités, aujourd’hui, à revoir le rôle et le fonctionnement de nos propres familles. Chaque adolescente et adolescent est confronté à cette profonde transformation. Et ce bouleversement concerne également tous ceux qui les entourent. Comme dans le récit de cet évangile, les parents, la tribu sur le chemin du retour, les maîtres de la loi au Temple et tous les auditeurs sont bousculés dans leurs habitudes et dans ce qu’ils expriment. Est-ce que nos adolescents n’ont pas les mêmes besoins ? D’être entourés, appréciés, encouragés, stimulés ? Ils ont aussi les mêmes exigences : d’être écoutés et compris. Il leur importe d’acquérir une certaine indépendance et d’être respectés dans leur choix. Trop souvent on parle de l’adolescence comme l’âge « bête », parce que ça dérange. Alors que ce passage tumultueux, les conduit à une métamorphose qui peut en faire des êtres responsables. Mais tout cela ne va pas sans tensions. Les adolescents sont au cœur du renouvellement de la société. Si on leur donne la place qu’ils méritent, tout le monde s’en trouvera bien. Eduquer nos jeunes, c’est leur permettre de sortir d’eux-mêmes, de s’expliquer, de se confronter et de pouvoir fraterniser. L’éducation se fait par la parole et par le témoignage. C’est vrai pour l’école, pour l’apprentissage, pour la famille mais aussi pour l’éducation religieuse. Sans cet apprentissage, on débouche sur l’illettrisme et le vide religieux. C’est le fléau de notre époque : on ne voit plus l’intérêt de Dieu dans nos vies, mais en même temps, on fait appel à tous les gourous. On passe facilement de la foi à la crédulité. Sans l’éducation familiale, l’enfant aura du mal à construire une conduite et une croyance qui reposent sur des bases solides. L’adolescent a besoin de cet apprentissage pour découvrir sa place et son rôle créateur dans son environnement et dans la société. Si Jésus a su parler à tout le monde du Royaume de Dieu, il le devait en partie à son éducation. Toutes les paraboles ont des racines dans l’expérience humaine de Jésus. ­ - En regardant sa mère, Jésus a vu comment on raccommodait les vêtements et comment on conservait le vin nouveau dans des outres neuves. Il a vu qu’un peu de levain faisait lever toute la pâte. Dans les familles pauvres, perdre une pièce de monnaie était un drame. On la cherche et une fois trouvée, on fait la fête. - En regardant son père, il avait appris à juger de la solidité d’un sol pour y construire une maison et, à plus forte raison, une tour. Dans sa famille on pratiquait sans doute portes et tables ouvertes, car Jésus aimera les repas amicaux et ouverts à tous. Il avait découvert aussi qu’il y a des amis casse-pieds qui vous réveillent au milieu de la nuit et que l’on sert, pour s’en débarrasser… amicalement ! Depuis tout petit, il avait été trimbalé aux fêtes religieuses et aux pèlerinages. Marcher ne lui fera pas peur, pas plus que dormir à la belle étoile ou dans la première maison accueillante. En fêtant la naissance de Jésus à Noël, l’Eglise veut signifier que Dieu est bien présent au cœur de notre vie. Il est l’un des nôtres. Il fait partie de notre communauté humaine. Il est soumis aux mêmes règles. Le 25 on a fêté sa naissance, aujourd’hui on fête une nouvelle naissance par son adolescence. Comme Jésus, par l’adolescence, chacun naît à sa propre liberté. Dieu est un partenaire sur qui on peut compter.

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 09:48

NOEL 25 décembre 15

Première Lecture : Isaïe 9 1–3, 5–6

Deuxième Lecture : Tite 2 11–14

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 2 1–14

« En ces jours-là un édit de César Auguste ordonna de recenser toute la terre. On en fit le “premier” recensement lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous commencèrent à se déplacer, chacun vers sa propre ville, pour y être recensés. Joseph aussi, qui habitait le village de Nazareth en Galilée, monta en Judée jusqu’à la ville de David dont le nom est Bethléem, car il était de la descendance de David. Il alla se faire recenser avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva. Elle enfanta son fils, le premier-né ; elle l’emmaillota et l’installa dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Il y avait dans la région des bergers qui restaient aux champs et se relayaient pour garder leurs troupeaux durant la nuit. Un ange du Seigneur se trouva soudain devant eux, en même temps que la Gloire du Seigneur resplendissait tout autour. Ils furent saisis d’une grande crainte.

L’ange leur dit : “Ne craignez pas, c’est une bonne nouvelle que je vous apporte, et qui fera la joie de tout le peuple. Aujourd’hui, dans la ville de David vous est né un Sauveur. C’est le Messie, le Seigneur. Et voici son signalement : vous trouverez un nourrisson emmailloté et déposé dans une mangeoire.”

Tout à coup se joignit à l’ange une multitude d’esprits célestes qui louaient Dieu en disant : “Gloire à Dieu dans les cieux, et sur la terre paix aux hommes, car il les prend en grâce.”

Depuis deux mille ans résonne ce chant, que Luc a mis dans la bouche des Anges : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et Paix sur la terre aux hommes qu’il aime. » C’est le cœur de la fête de Noël ! Dans la situation concrète de l’époque, ce chant redonnait espérance à des gens ballotés par les événements, les guerres, les maladies. C’est dans ce contexte qu’a lieu le recensement. Et ce recensement apporte aussi sa part de difficultés : déplacement, logement, nourriture, accouchement… Et voilà que la Bonne nouvelle arrive par le chant des Anges aux gens en attente : « Paix aux hommes que Dieu aime. » Autrement dit : Dieu vous aime. Quoiqu’il arrive, vous pouvez compter sur Lui.

Or aujourd’hui, dans notre monde, tout est fait pour éliminer la dimension religieuse qui donne sens à l’existence humaine. Que de disputes inutiles autour des crèches et de tous les signes religieux, par ceux qui y sont opposés. Ils utilisent les règles de la laïcité pour imposer leur façon de voir. Comme ceux qui utilisent la religion pour imposer la peur et leur pouvoir en allant jusqu’aux massacres les plus odieux : Charlie Hebdo, le Bataclan, les exécutions de toutes sortes…De la même façon ceux qui utilisent les lois démocratiques pour leurs affaires personnelles, ils éliminent et fragilisent les plus faibles. La laïcité comme la démocratie ont une dimension religieuse. Elles demandent à respecter les personnes et les droits des plus faibles et des plus fragiles.

Aujourd’hui, l’homme est entraîné à construire sa vie sans Dieu. Noël est devenu un temps de fête et de retrouvailles dans un monde très éclaté. La nostalgie de Noël demeure, mais que sont devenues les interpellations de cet enfant de Bethléem venu partager notre existence ?

Chacun souhaite que ses proches soient heureux et que le monde « tourne rond ». Pour les enfants, on ne manque pas de perspectives solides, mais en même temps, que d’incertitudes et de fragilités. Ah, si les petits pouvaient réussir leur scolarité et les grands trouver des créneaux sécurisés pour un travail. Dans un monde de plus en plus individualiste, on s’inquiète pour les liens humains et le vivre ensemble qui manquent de projets. Pour soi, on souhaite une bonne santé et un travail créateur et rémunérateur. Mais ces souhaits relèvent du rêve, car la réalité est bien différente. De même, pour le bébé de la crèche et le concert des anges de l’Evangile, la réalité c’est d’abord le poids de son environnement : le rejet, le froid, la nuit, l’incompréhension mais aussi l’accueil des bergers et de tous ceux qui ont fait place dans leur vie, à sa venue. Toutes les limites et toutes les possibilités n’empêchent pas Jésus d’accomplir sa mission au cœur de l’humanité.

Jésus est venu réaliser la prophétie d’Isaïe : « Tu as du prix à mes yeux, tu comptes pour moi et je t’aime ». Ca veut dire que nous sommes plus importants qu'un petit grain de sable sur la Terre. En effet, la bible nous dit que « Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance ». Aujourd’hui, à Noël, nous voyons Dieu venir à nous en son fils Jésus. Il revêt la condition Humaine dans sa plus grande fragilité.

Adulte, Jésus parcourt les chemins de Palestine en guérissant les malades, en redonnant espérance, confiance et en annonçant la Bonne Nouvelle du Royaume. Cette Parole nous est parvenue à travers les méandres de l’histoire pour nous redonner espérance et confiance dans le concret de nos vies. Son contenu est tout simple : Dieu nous aime, il fait route avec nous. Et Jésus nous donne les moyens d’espérer en disant : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé... Pardonnez comme le Père vous pardonne... Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » De fait, quand on est pris par l’urgence, l’immédiat on s’enferme dans les difficultés où le chacun pour soi reprend le dessus. Le vieil homme resurgit et fait l’impasse sur la beauté du message. Puissions-nous rester fidèles à ce projet d’Amour que Jésus vient partager avec nous.

Nous avons de bonnes raisons de célébrer un Joyeux Noël et d’entrer en confiance dans la nouvelle année 2016 !

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17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 11:46

4° Dimanche de l'Avent - "C" – 2O Décembre 15

1ère lecture : Livre de Michée 5,1-4a

2ème lecture : Lettre aux Hébreux 10,5-10

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1, 39-45

« En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.» (Bible des Peuples)

A l’époque des événements dont nous parle l’évangile, la société politique, religieuse était exclusivement entre les mains des Hommes : l’Empereur César, le roi Hérode, les grands prêtres, le sanhédrin…..Au contraire, l’évangile ne met en valeur que le dialogue de deux femmes ? Ce passage nous présente deux femmes exultant de joie et de bonheur, témoins de la promesse et de la venue du Christ en ce monde. Il n’y en a que pour elles dans cet évangile ! Joie et bonheur s’accumulent dans l’enthousiasme de l’Esprit : « Comment ai-je ce bonheur ! Tu es bénie entre toutes les femmes ! Heureuses es-tu d’avoir cru…. »

En effet, la bible est une longue histoire de nombreuses manifestations de Dieu à son peuple. Malgré les infidélités des hommes, et parfois à cause d'elles, Dieu ne cesse de nous rejoindre sur la terre. Notre Dieu est un Dieu de Tendresse, d’Amour et de Miséricorde !

Avec l’annonce de l’ange Gabriel, l'histoire s'apprête à inaugurer une ère nouvelle. Dans cette annonce de Gabriel, Marie est toute heureuse et bouleversée. Elle y reconnaît la prophétie d’Isaïe : il est venu le temps de la Justice, de la Miséricorde, de la Tendresse et de la Confiance. C’est Dieu qui prend soin de son peuple. C’est un bouleversement général qui questionne profondément l’ordre établi.

Par sa naissance, Jésus rappelle la place essentielle et irremplaçable de la Femme dans la vie de chacun. Dans toutes les sociétés, on laisse aux Femmes des rôles subalternes, alors que les Hommes se réservent les aspects honorables pour se mettre en valeur.

On peut se demander si les choses ont beaucoup évolué durant les 2O siècles de christianisme ? Reconnaissons que toutes évolutions demandent du temps, de la patience et surtout un projet. Si on veut que le pain soit bon : il importe de travailler la pâte et lui laisser le temps de lever et de se transformer.

On a été agréablement surpris que les femmes de l’Arabie Saoudite puissent voter pour la première fois. N’oublions pas que chez nous, les femmes ont eu le droit de vote, après la deuxième guerre mondiale. Ca ne fait que 7O ans !

Qu’en est-il de la place des femmes dans l’Eglise ? C’est une question brûlante et gênante. Beaucoup de chrétiens ne comprennent pas, entre autre, malgré toutes les justifications : pourquoi on refuse le sacerdoce aux femmes ? La société « Eglise catholique romaine » est dirigée par des hommes qui ont conscience de leur responsabilité et de leur pouvoir. N’est-ce pas toute la différence avec les deux femmes de l’évangile ? Elles partagent leur joie d’avoir cru que Dieu les a choisies comme partenaires. En effet, Dieu a besoin de chacune dans son œuvre d’amour. Comme il a besoin aussi de chacun de nous. En créant l’Homme et la Femme à son image, Dieu n’a pas créé de hiérarchie. Dieu lui-même s’est mis à la portée de chacun.

Ca rejoint certaines attitudes du Pape François qui est très proche des réalités quotidiennes. On est souvent surpris, parfois mal à l’aise parce que le pape met le doigt sur ce qui nous gêne et nous remet en question. Le Pape François a accepté la responsabilité de la gouvernance de l’Eglise, tout en sachant, qu’il va au-devant de grandes oppositions. C’est parce qu’il croit, que c’est l’honneur de Dieu qui est engagé dans le concret de notre existence, qu’il s’investit et prend des risques.

A l'approche de Noël nous célébrons la foi de Marie. Une foi qui l'amène à s'aventurer sur les terres de Dieu. C’est là où Dieu s’est aventuré depuis la création de l’humanité, et d’une façon nouvelle à Noël en son Fils Jésus. Aujourd’hui encore Dieu a besoin d’un chacun pour continuer son œuvre.

Merci Marie d’avoir dit OUI ! Ton OUI a permis à Jésus de prendre le chemin de tous les hommes pour entrer en contact avec l'humanité.

A partir de la foi de ces deux femmes, nous sommes invités, à quelques jours de Noël, à renouveler, à fortifier et à incarner la nôtre. Croire en l’impossible, c’est croire que chacun, comme Dieu, est capable « d’aimer et d’être aimé ».

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 08:58

2e dimanche de l'Avent « C » – 06 Décembre 15

1ère lecture : Livre de Baruc 5,1-9

2ème lecture : St Paul aux Philippiens 1,4-6.8-11

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 3, 1-6

"L'an quinze du règne de l'empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince du pays d'Iturée et de Traconitide, Lysanias prince d'Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain ; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe : A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies; et tout homme verra le salut de Dieu."

(Bible des Peuples)

En ce deuxième dimanche de l’Avent, l’Evangile, une fois de plus, nous renvoie à l’actualité. En effet nous pouvons constater que : « Le monde n'a pas tellement changé, le cœur de l'homme est toujours aussi replié sur lui-même. » Le monde de l'an 28-29 de notre ère semble apparemment en ordre. Tous les grands personnages politiques et religieux sont à leur poste, accrochés à leur pouvoir et à leurs intérêts - Tibère, Ponce-Pilate, Hérode, Philippe, Anne et Caïphe. Ils sont isolés dans leur palais, à l'abri des cris « des mal foutus ». Nous retrouvons ce monde en équilibre grâce à de nombreuses compromissions et en même temps traversé par toutes sortes d'injustices. Les hommes occupent tout l'espace. Le pouvoir se concentre entre les mains de quelques privilégiés, le petit peuple, lui, est écrasé comme du bétail. Les intérêts économiques et politiques seuls comptent. On ne vit que pour exercer le pouvoir, non pour bâtir ensemble un projet de société. C’est un monde imperméable. Le monde de toujours et d'aujourd'hui. Ça n'a pas tellement changé, on va même plus loin en administrant le monde de la santé, de l'éducation, des services publics à la manière des grandes entreprises qui n’ont comme but que de faire de l‘argent. Cette façon de faire, gangrène toutes les activités humaines. Tout ce qui est humain, tout ce que la société voulait assurer comme équilibre de vie à chaque citoyen est devenu quantité négligeable, voire méprisable.

Actuellement, nous nous trouvons devant une situation où l’Homme et la Terre Mère sont en danger. Le terrorisme et la pollution remettent en cause la vie de la planète. Au point que le Pape François, dans son pèlerinage en Afrique, fustige la corruption qui est la racine de toutes les formes de mort. La gangrène doit être éradiquée, sinon elle continue son œuvre de mort. Au contraire, la résurrection du Christ est un appel à mettre en œuvre toutes nos énergies, au service de la VIE. Ce n’est pas parce que la corruption est généralisée, que le chrétien doit épouser cette façon de faire, qui débouche sur la mort.

La « COP21 » est à l’image de notre monde qui est à la fois : inquiet devant les méfaits de l’évolution de la planète, mais en même temps très soucieux de garder ses privilèges. Nous sommes à un tournant où il faut inventer de nouveaux modèles de développements qui peuvent entraîner des comportements nouveaux. Cela nécessite inévitablement de profondes conversions dans nos façons de vivre. Jean-Baptiste devait se trouver bien seul à réagir devant toutes les injustices et les misères qui accablaient ses compatriotes. L’indifférence des responsables de son temps stimulait ses prises de positions. Quand Jean-Baptiste proclame haut et fort : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ……….et tout homme verra le salut de Dieu. » Est-ce un beau rêve ou une exigence? Concrètement au Bourget, les 40 000 délégués ont un devoir de travailler ensemble pour préparer l’avenir et permettre « le vivre ensemble ».

Ce matin, la Bonne Nouvelle nous vient de Jean Baptiste, un homme qui n'a pas été récupéré par le pouvoir, il est comme une fleur du désert, un trublion des puissants de l’époque. Il nous révèle que le monde est comme un grand chantier où chacun doit s’engager. Un chantier qui commence chez-moi, par l'accueil de mes semblables. Jean parcourt le pays, il fait du porte à porte, du cœur à cœur, il casse les murs, il crée un monde de fraternité. Oui Jean Baptiste invite à la conversion des cœurs et des mentalités, chemin où le Seigneur se fait connaître.

Ce baptême proclamé par Jean, comme le baptême de tous les chrétiens est un engagement à mettre : l’Amour de Dieu au cœur de nos vies. Cet Amour est déjà à l’œuvre, au milieu de son peuple, encore faut-il le reconnaître. Osons poser un regard de confiance sur le monde, sur les autres, sur nous-mêmes. Changeons notre regard pour déceler en chacun un reflet de la beauté de Dieu. Tous les regards de mépris n’ont pas droit d’être mêlés à cet amour.

Au sommet de notre échelle de valeur, chaque personne créée à l'image de Dieu est appelée à lui ressembler. En Jésus, né à Bethléem un jour de notre histoire, Dieu s'est livré à nous dans la confiance la plus totale. Son amour a pris le visage d'un petit enfant désarmé, pour nous ouvrir un nouveau chemin de confiance.

La Parole de Dieu m'est toujours adressée et elle me vient à travers les cris de ceux et de celles qui ont besoin d'être écoutés, respectés et soutenus. Est-ce que je sais encore accueillir cette Parole dans les réalités d’aujourd’hui? Il faut aplanir la route, combler les ravins... C’est toujours possible. Mais, il y a un mais... Si tu veux, tu peux ! A toi de choisir, qui tu veux servir.

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26 novembre 2015 4 26 /11 /novembre /2015 09:46

1er dimanche de l’Avent « C » 29 11 15

Première Lecture : Jérémie 33 14–16

Deuxième Lecture : 1Thessaloniciens 3 12—4 2

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 21 25–28, 34–36

“Puis il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et sur la terre ce sera l’angoisse pour les nations effrayées par le fracas de la mer et des flots. Les gens s’évanouiront de frayeur dans l’attente de ce qui va tomber sur toute la terre habitée, car l’univers entier sera ébranlé. C’est alors qu’ils verront le Fils de l’Homme venir dans une nuée avec puissance et grande gloire.” “Dès que commenceront ces choses, redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche !” “Veillez sur vous-mêmes : il ne faudrait pas que la bonne chère, les excès de vin ou les soucis matériels vous endorment, et que ce jour tombe sur vous à l’improviste. Car ce sera comme un piège qui se referme ; il surprendra tout le monde, où que ce soit sur la terre. Veillez et priez sans cesse afin d’être assez forts pour échapper à tout ce qui doit arriver, et de pouvoir vous tenir debout devant le Fils de l’Homme.” (Bible des Peuples)

En ce début d’année liturgique, les événements survenus en France, au Mali, au Liban donnent le concret des bouleversements annoncés dans l’évangile de ce jour. « Les gens s’évanouiront de frayeur dans l’attente de ce qui va tomber sur toute la terre habitée, car l’univers entier sera ébranlé. » Devant tout ce qui s’est passé ces dernières semaines, il y a eu beaucoup de cris, de larmes, de désespoir. Il semblerait que les terroristes ont réussi à semer la terreur. Si on s’en tient à ce constat, ils ont gagné ce qu’ils cherchaient : semer la terreur ! Jean Claude Guillebaud constate que : « Nous avons oublié à quel point l’état de paix demeure fragile, protégé qu’il est par une mince pellicule de civilité et de respect du droit. L’intensité de l’émotion qui nous saisit aujourd’hui quand la violence et la barbarie font retour s’explique par cette longue accoutumance à la paix. » Heureusement que la culture, les échanges, et la foi vivante de beaucoup montrent un visage d’avenir.

La description de Jésus ne s’arrête pas sur les catastrophes qui font parties de l’histoire. Face à tous ces malheurs, Jésus interpelle ses disciples en disant : « Dès que commenceront ces choses, redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche ! » En d’autres termes, Jésus attire notre attention sur l’utilisation de nos capacités : voir, entendre, chercher à comprendre et apprécier les événements : c’est le premier pas pour tisser des liens avec les autres. Celui, qui ne s’intéresse qu’à lui-même, n’est pas humain. Alors que celui qui essaie de voir et de comprendre et de mettre en œuvre des réponses, se redresse et devient plus humain, plus proche des autres. C’est le chemin pour trouver des solutions qui permettent aux gens de ne pas désespérer et de grandir. C’est une marche vers un monde nouveau. C’est le chemin de NOEL ! Noël adviendra si on prépare sa venue.

Si on ne regarde que les aspects difficiles, écrasants on ne peut que désespérer. Au contraire, Jésus est venu nous dire que Dieu n’est pas la source de toutes les catastrophes de la vie. Au contraire, il nous présente un Dieu d’amour, un Dieu fidèle, un Dieu de lumière et non de ténèbres. C’est le Dieu créateur, d’alliance, de confiance, particulièrement attentif à tous ceux qui peinent et qui veut nous associer à sa création. Très facilement on met tous les malheurs sur le compte d’un Dieu qui menace et qui punit. C’est une façon d’utiliser Dieu pour faire peur et asseoir son autorité. Aujourd’hui encore, les intégrismes de toutes sortes n’hésitent pas à se cacher derrière des faux Dieu. Le Dieu de Jésus Christ n’est pas un Dieu manipulateur encore moins un père fouettard. C’est un Père qui fait tout pour que ses enfants grandissent dans la liberté et la responsabilité. En somme, qu’ils soient capables d’aimer comme Lui nous aime.

Dans cet esprit je voudrai souligner l’attitude d’un journaliste à France Bleu, Antoine Leiris, qui a perdu sa femme dans la tuerie du Bataclan. « Vous n’aurez pas ma haine », c’est le titre de sa réaction. « Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur. Alors non, je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant, mais répondre à la haine par la colère, ce serez céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes…..Je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire……elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès. Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde…. » Dans ce témoignage, nous pouvons reconnaître la confiance de Jésus sur la croix à l’égard de son Père où le pardon remplace la vengeance : « Père, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Dans la vie, absorbée par le quotidien, nous sommes en lien avec des personnes confrontées à des réalités écrasantes : la perte d’un emploi, d’une réputation, des biens précieux, une estime de soi, un être cher. Alors il faut d'abord se taire devant l'autre qui s'ouvre à nous, dans sa blessure. Pour découvrir le Royaume de Dieu, il faut nous tenir éveillés et rester sur nos gardes. Jésus nous invite à nous réveiller. Se réveiller, c’est comprendre que notre monde ne pourra aller mieux que si on croit aux autres. C'est de s'engager contre l'injustice et toutes formes de violences, pour laisser la place à la solidarité. C’est le sens du temps de l’Avent. Pour changer le monde, il faut commencer par changer son cœur. « Veillez et priez sans cesse afin d’être assez forts pour échapper à tout ce qui doit arriver… »

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21 novembre 2015 6 21 /11 /novembre /2015 10:37

Fête du Christ Roi « B » 22 11 15

Première Lecture : Daniel 7 13–14

Deuxième Lecture : Apocalypse 1 5–8

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 18 33–37

"Pilate rentre donc dans le palais. Il fait appeler Jésus et lui demande : “C’est toi le roi des Juifs ?” Jésus répond : “Ce que tu me dis là, est-ce que tu le penses, ou est-ce que d’autres te l’ont dit de moi ?” Pilate dit alors : “Est-ce que je suis juif, par hasard ? C’est ton peuple, ce sont les chefs des prêtres qui t’amènent devant moi. Qu’as-tu fait ?” Jésus répond : “Ma royauté n’est pas de ce monde. Si ma royauté était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais non, ma royauté n’est pas d’ici-bas.” Alors Pilate lui dit : “Donc, tout de même, tu es roi ?” Jésus répond : “Tu dis bien : je suis roi. Je rends témoignage à la vérité, c’est pour cela que je suis né et que je suis venu dans le monde. Tous ceux qui sont pour la vérité écoutent ma voix." Bible des Peuples

De tous temps, les peuples se sont donnés, des rois. Aujourd’hui, les rois qui restent, relèvent plus de la nostalgie et de l’apparat que d’un réel pouvoir. Le rôle d’un roi est de maintenir la cohésion sociale de son peuple. On attend du roi qu’il soit juste, bon et qu’il mette toute son énergie au service de son peuple. Mais les rois exemplaires sont rares. Aujourd’hui, leur pouvoir de roi est confié à des premiers ministres, à des présidents qui sont élus par des élections, au nom de leur peuple. Trop souvent, le pouvoir leur monte à la tête, au point, qu’ils se conduisent comme les anciens monarques. Alors pourquoi l’Eglise a donné ce titre de roi à Jésus qui meurt sur une croix ?

A lire les évangiles, à maintes reprises le terme de « roi » est utilisé à son sujet. Déjà les Rois Mages cherchaient « où est né le Roi des Juifs ? ». St Mat 2, 1-2 Nathanaël lui fait une profession de foi : « Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’Israël ! » St Jean 1, 41 Après la multiplication des pains, lorsque les bénéficiaires l’honoraient du titre messianique de Fils de David, qui est un titre royal (St Jn 6,15). Ce titre de roi, Jésus ne l’accepte de la bouche d’un homme qu’une seule fois, lors de sa comparution devant Pilate, dans la situation humiliante du condamné à mort : «Ainsi donc tu es roi ? dit Pilate. Tu l’as dit : je suis roi et je suis venu rendre témoignage à la vérité», répond Jésus (St Jn 18,36-37). Jésus accepte le titre de « Roi » concernant la vérité. Et le voici affublé du titre de roi de pacotilles par ses bourreaux. Roi de dérision dont s’amusent les soldats. «Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !» (St Lc 23,37). Au jugement dernier, le Fils de l’Homme se présente comme le « Roi qui sépare les brebis des chèvres…. Alors le Roi dira à ceux qui sont à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du Royaume » (St Mat 25,34-34) Pour clore cette énumération très diverse, Pilate fait inscrire sur la croix : « INRI : Jésus de Nazareth, Roi des Juifs » (St Jn 19,19)

Le Christ bafoué, dénigré et rejeté, c’est tous les jours qu’on le voit. C’est tous les jours qu’il subit des traitements intolérables, surtout en ce moment, par les crimes perpétrés au nom de Dieu et la peur qu’ils engendrent. Quand Jésus dit que son Royaume n’est pas de ce monde, il demande à chacun de discerner les vraies motivations, les vrais projets de ses engagements. Derrière cet amalgame entre le Royaume de ce monde et le Royaume de Dieu, ce cache pour beaucoup, la plus grave des tromperies. On se cache derrière les lois de Dieu pour justifier ses ambitions par les crimes les plus horribles. C’est tous les jours qu’il est jeté à la rue. Il y a de plus en plus de précarité et les premiers touchés sont les jeunes et les femmes. La question de l’emploi est au cœur de cette précarité. La principale cause de cette précarité chez les jeunes est avant tout la difficulté de trouver un emploi ; cela les empêche d’être autonome. Entrer dans la vie, c’est pouvoir prendre sa place au milieu des autres et ainsi participer à l‘œuvre du créateur.

L’évangile de ce dimanche nous invite à suivre le Christ, témoin de la Vérité. Pour cela, il nous faut aussi être vrai et permettre à tous de participer à construire un monde qui a de l’avenir. Nous vivons un tournant important dans l’histoire de l’humanité. La mondialisation doit permettre de se retrouver, à tous les niveaux : personnels, familiaux, régionaux et mondiaux, pour prendre en compte, en priorité, les situations les plus dramatiques de nos frères. Aurons-nous le courage, de nous mobiliser avec autant d’énergie, et plus encore, pour faire une place réelle à tous les exclus de la société.

En fêtant ce dimanche le Christ Roi de l’univers, nous ne célébrons pas un roi à la manière des grands de ce monde. Ces derniers font sentir leur pouvoir et leur autorité. La royauté du Christ, c’est un royaume de Vérité, de Justice et d’Amour. En cela, la royauté de Jésus ne ressemble à aucune autre. Si nous voulons suivre le Christ, il est urgent de bâtir ensemble ce Royaume de justice et de paix annoncé par Jésus. En cette période de crise, notre critère ne doit pas être le « chacun pour soi » mais, au contraire, le partage et la solidarité. Le Royaume de Dieu, c’est celui de l’amour et de la fraternité. Il n’a pas sa source dans les trafics et les complicités de ce monde, mais dans le cœur de Dieu. C’est ce que Jésus nous invite à construire. Pour nous y aider, Jésus nous donne sa parole et son pain de vie. Et il demande à ses disciples d’être des témoins de Vérité. Des gens qui ne se laissent pas entraîner par les habitudes, la richesse, la facilité. Mais des croyants qui savent que Dieu compte sur eux pour manifester sa bonté aux plus fragiles. « Je rends témoignage à la vérité, c’est pour cela que je suis né et que je suis venu dans le monde. Tous ceux qui sont pour la vérité écoutent ma voix. »

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5 novembre 2015 4 05 /11 /novembre /2015 09:52

32e Dimanche du Tps Ord « B » 08 11 15

Première Lecture : 1Rois 17 10–16

Deuxième Lecture : Hébreux 9 24–28

Évangile de Jésus Christ selon St Marc 12 38–44

"Dans son enseignement il leur disait : “N’imitez pas les maîtres de la Loi qui se plaisent à circuler en longues robes, ou qui aiment les salutations sur les places publiques, les premiers fauteuils dans les synagogues et les premières places dans les festins. Ils s’introduisent avec leurs longues prières, et ensuite ils dévorent les maisons des veuves. Leur condamnation sera terrible.” Jésus s’était assis devant le trésor du Temple et observait comment la foule jetait des monnaies dans le tronc. Il y avait des riches qui en jetaient beaucoup ; puis vient une veuve pauvre qui jette deux petites pièces d’un demi-quart. Alors Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit : “En vérité, je vous le dis : cette veuve toute pauvre a jeté plus que tous les autres dans le tronc du Trésor. Car tous ceux-là ont donné de ce qui ne leur manquait pas ; mais elle, dans sa pauvreté, a mis tout ce qu’elle avait pour vivre.” Bible des Peuples

Ce matin, l’Eglise nous propose de méditer sur deux rencontres. Elles sont à la fois très proches, et en même temps éloignées dans l’Histoire. Elles doivent nous aider à sauvegarder le même esprit dans le monde d’aujourd’hui. C’est là, qu’on peut découvrir un visage caché de la Bonne Nouvelle !

L’épisode de la veuve de Sarepta est une merveilleuse histoire d’accueil. Elie, le prophète, le lutteur de Dieu, est recherché par la police du roi Achab. Il frappe à la porte d’une veuve à bout de ressources. La sécheresse règne dans le pays, on ne trouve plus à boire ni à manger. Imaginez un envoyé de la Croix Rouge au Sahel ou au Soudan, qui demande à manger à une personne démunie : ce serait la même situation.

On se trouve ici devant une exigence biblique fondamentale. La Bible juge les croyants à leur capacité d’accueil de l’étranger. Accueillir l’autre, c’est enrichissant parce que l’étranger m’introduit dans un univers qui n’est pas le mien. Mais c’est dérangeant aussi parce qu’il bouscule mes habitudes, mon confort, mes préjugés. Concrètement dans notre région, avec l’accueil des réfugiés à Vigy et à Arry, il y a eu des tensions entre ceux qui sont pour l’accueil et ceux qui refusent de les aider. Et puis, quel risque ! Je ne sais jamais si l’étranger va accepter la main que je lui tends ou s’il ne va pas tout à coup se rebeller !

En 1989, il y a eu la chute du mur de Berlin. Cette démarche a soulevé une immense espérance. Et depuis, que de barrières et de murs ont sapé cette espérance. L’Europe vit aussi cette contraction : après avoir réuni des pays qui ont supprimé des frontières, la tentation d’en construire de nouvelles est grande. Mais il reste toujours un mur invisible entre les pays riches et les pays pauvres. Ce mur se renouvelle, s’alimente par la peur et le repli sur ses biens.

Jésus, par l’Evangile de ce jour, nous met en présence de ceux qui ont de grands biens et de ceux qui n’ont rien. D’une part, des gens imbus de leur supériorité : les scribes, les pharisiens, emprisonnés dans leur savoir, et leur sécurité, dont la richesse risque aussi d’être une prison. D’autre part, une pauvre veuve, à qui personne n’aurait fait attention, si le regard de Jésus n’avait mis son geste en valeur, à savoir , le don de deux petites pièces essentielles pour elle, c’est l’équivalent de nos pièces rouges. Devant les troncs du Temple, un homme de service proclamait, haut et fort, le montant de l’offrande du donateur. C’était une façon de stimuler la surenchère qui fait appel à plus d’argent et oublie le devoir de solidarité. La pauvre veuve, elle, passe inaperçue ; avec ses deux piécettes non bruyantes, elle nous fait penser à la veuve de Sarepta avec ses deux morceaux de bois.

Jésus est là. Il regarde cette foule de gens si différents ; il regarde surtout ce qui se passe dans leur cœur, et il fait la différence entre le tape à l’œil et le vrai, entre l’être et le paraître. Que voit-il donc ? D’un côté, ceux qui construisent et entretiennent un Temple de pierres à coups de grosses sommes d’argent, et il en faut ! Comme Il faut de l’argent pour creuser des puits au Sahel, pour nourrir tous les réfugiés, pour soigner toutes les maladies….. De l’autre, les petits et les humbles qui, apparemment n’ont pas grand ’choses, mais sont capables de respect, de compréhension, de miséricorde et de tendresse. Parce qu’ils ont fait l’expérience de la misère, ils sont plus sensibles à la détresse des autres et certains sont prêts à partager le peu qu’ils ont !

Jésus regarde, il dit ce qu’il voit ; il dit que donner de son superflu c’est très bien, mais que se donner soi-même, cela n’a pas de prix ! Jésus nous révèle que l’important est dans le cœur de celui qui donne, en se donnant lui-même.

N’est-ce pas une invitation qu’il nous adresse là, aussi discrètement que le geste des deux femmes rencontrées aujourd’hui, l’une à Sarepta, l’autre à Jérusalem ? Si je veux découvrir le sens profond des événements qui se déroulent sous mes yeux, dans la rue ou sur l’écran télé - autrement dit : si je veux voir l’au-delà des choses - alors il me faut déposer la télécommande et faire arrêt sur image. Il faut s’arrêter, décider de ne pas se laisser dévorer, disperser, déchiqueter par les instantanés qui se succèdent à toute allure sur l’écran. Vous connaissez bien le rythme effréné par lequel se succèdent les annonces publicitaires. Elles ont pour but de nous empêcher de réfléchir et de nous faire tomber dans le panneau du besoin immédiat.

Voir l’au-delà des choses : c’est la préoccupation de Jésus qui contemple la longue chaîne des mille petits gestes qui transforment le monde. Gestes discrets ou anonymes, humbles mais féconds, courageux et tenaces, toujours recommencés, sans cesse répétés. Dieu voit cette chaîne d’amour qui fait tourner la terre dans le bon sens. Cette terre qu’il aime, cette « maison commune » comme dit le Pape François, où sa famille peut vivre et grandir. Et Dieu voit que tout cela est bon. Il en est émerveillé!

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29 octobre 2015 4 29 /10 /octobre /2015 10:38

TOUSSAINT – 2015

1ère lecture : Apocalypse 7, 2-14

2ème lecture : 1ère lettre de St Jean 3,1-3

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5, 1- 12

Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise ! Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux!» (Bible des Peuples)

Jésus commence sa mission en Galilée. Le premier mot que l’évangéliste Matthieu met dans la bouche de Jésus, c’est : " Heureux " ! Et neuf fois de suite, par ce mot « Heureux » il annonce que non seulement le bonheur est possible, mais qu'il est là, aujourd'hui, à la portée de chacun de ses auditeurs. Mais il est aussi, aujourd’hui, à notre portée. Les béatitudes sont le fondement du message original de Jésus. Toutes ses interventions sur le bonheur s’enracinent dans notre vie quotidienne.

Ce projet de Jésus bouscule les façons de faire de son époque, mais aussi celles d’aujourd’hui. On utilise facilement l’évangile pour se rassurer, alors que la Bonne Nouvelle est annoncée pour libérer les consciences et, ainsi, participer au bonheur de tous. Concrètement, la semaine passée, à l’occasion du synode sur la famille à Rome, on a vu des notables se braquer sur la doctrine en refusant de voir la réalité complexe. Or le bonheur, dont parle Jésus, est à vivre dans le concret de notre existence. Alors que Jésus a proposé de travailler au bonheur de tous, on a fait de notre religion quelque chose de triste, d'ennuyeux, voir un repoussoir où les jeunes générations ont du mal à trouver leur place. C’est la principale motivation du Pape François quand il a imposé cette année de travail sur la famille. Il souhaite une religion basée essentiellement sur l’entraide, la fraternité, la miséricorde, ce sont là des attitudes humaines indispensables pour donner un goût divin à la vie. Ce que Dieu vient nous annoncer en Jésus Christ, c'est le bonheur donné à l'Homme et sa libération. Redécouvrons la richesse du verbe AIMER. Quand on aime, on ne peut pas faire seulement ce qui nous plaît ou ce qui nous arrange. Aimer a des exigences. Aimer, c’est être heureux ensemble du même amour, et cela se construit jour après jour. Tous les textes de cette fête de la Toussaint rayonnent de joie. Apprenons donc à accueillir cette joie, à en vivre et à la faire nôtre.

En cette fête de la Toussaint, nous fêtons tous les amoureux de la vie. De tous ceux et celles qui se sont laissés saisir par la Parole de Dieu et qui l’ont mise en pratique dans leur vie. Les Saints, les amis de Dieu? Ce sont aussi ceux qui ont marqué notre existence, qui nous ont laissé le témoignage d’une vie tournée vers l’amour, malgré leurs faiblesses, leurs fragilités et leurs hésitations. Il n’y a rien à idéaliser dans leur histoire. Nos aînés ont emprunté un chemin pleins d’embûches mais aussi d’espérance et de joie. Les saints et les saintes, sont nos frères et sœurs en humanité ; ce sont des personnes qui ont fait progresser l'humanité vers plus de vie et qui nus ont aidé à aimer cette vie. Les saints, ce sont les gens qui ont manifesté par leur façon de vivre que l’amour est au cœur de l’existence. Pour les chrétiens, cet amour, c'est Dieu lui-même. Ils sont heureux ceux qui se lèvent, ceux qui se mettent en route, ceux qui marchent pour travailler au bonheur proposé. Même si c’est difficile, ils ont déjà la joie du bonheur à venir.

Pour notre temps, certaines béatitudes méritent un soin particulier. En voyant toutes les violences, et toutes les bagarres organisées de façon systématique pour se défouler sans se soucier des conséquences sur les blessés, les voitures brûlées, les magasins saccagés, la nature polluée par des feux provoqués. Alors on peut mieux comprendre aujourd’hui l’appel de Jésus, disant : « Heureux les doux », ceux qui mettent un peu de liant et de douceur sur les blessures.

Quand tant de personnes se trouvent impuissantes et réduites à rien, parce que le plus fort s’arrange avec les lois, parce que leur emploi disparaît suite au trafic de ceux qui jouent avec la vie des autres. Alors on accueille de façon originale l’appel de Jésus, disant : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice », ceux qui n’hésitent pas à prendre des risques pour être vrais et droits, dans la défense des plus faibles. Je pense à tous les bénévoles dans les associations : UNICEF, CCFD-Terre Solidaire, Restos du Cœur, Amnesty International et tant d’autres si souvent dénigrées par les méfaits de quelques profiteurs.

Pour donner de l’actualité à cette belle fête de Tous les Saints, puissions-nous mettre en valeur l’actualité qui nous touche, en lien avec les Béatitudes, pour soutenir les élans de ceux qui sont fatigués, de redonner le sourire à ceux qui pleurent, de ne pas abandonner ceux qui se croient seuls, redonner à l’Amour sa grandeur dans l’existence humaine.

En cette Eucharistie, Dieu se révèle à nous : faible, pauvre, sous les apparences d'un peu de pain. Mais Dieu se révèle aussi : nourriture, force pour continuer la route. Recevons cette révélation de Dieu dans la pauvreté des signes qu'il nous donne: le pain eucharistique et la vie de nos frères les saints. Apprenons que le témoignage que nous avons à rendre est aussi constitué de gestes pauvres, les gestes quotidiens de l'amour, de l'amitié, de la solidarité.

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 08:25

30° Dimanche du Tps Ord « B » 25 10 15

Première Lecture : Jérémie 31 7–9

Deuxième Lecture : Hébreux 5 1–6

Évangile de Jésus Christ selon St Marc 10 46–52

Ils arrivent à Jéricho. Puis, comme il sort de la ville avec ses disciples et bon nombre de gens, un mendiant est là assis au bord du chemin ; c’est Bartimée, le fils de Timée, et il est aveugle. Quand il apprend que c’est Jésus de Nazareth, il se met à crier : “Jésus, fils de David, aie pitié de moi !” Beaucoup le sermonnent pour le faire taire, mais il crie encore plus fort : “Fils de David, aie pitié de moi !” Jésus s’arrête et dit : “Appelez-le.” On appelle l’aveugle et on lui dit : “Courage, lève-toi, il t’appelle.” L’aveugle laisse son manteau, et d’un bond il est près de Jésus. Jésus lui dit : “Que veux-tu que je fasse pour toi ?” L’aveugle répond : “Rabbouni, que je voie !” Alors Jésus lui dit : “Va ! ta foi t’a sauvé !” À l’instant même cet homme voit ; et il se met à suivre Jésus sur le chemin. (Bible des Peuples)

Que de « Bartimée » aux bords de nos chemins, aux croisées de nos routes. Ils expriment aujourd’hui le cri de tous les malheureux, de tous les exclus, de tous les marginaux qui veulent avoir leur place au milieu de nous. Comme Bartimée, on les fait taire, parce qu’ils gênent et on ne voit pas, aujourd’hui, quelle solution leur proposer. Bartimée subit le rejet d'une foule incapable de le voir présent sur leur chemin. Il s’agit d’une foule fascinée par l’arrivée de Jésus. Mais en même temps fermée aux cris des malheureux. Leur attitude ressemble étrangement au comportement des religieux dans la parabole du bon samaritain. Obnubilés par la pratique religieuse, ils passent à côté d’un drame qui vient de se produire. Dans la vie de tous les jours, il y a des drames qui se jouent sous nos yeux et l’habitude nous fait regarder ailleurs. N’est-ce pas ce qui se vit actuellement à Rome au synode sur la famille, où des attitudes religieuses semblent oublier les souffrances vécues par tant de familles divisées et recomposées ? A l’épreuve vécue, on ajoute encore une sanction. Au nom de l’amour de Dieu, on bloque toute ouverture.

Le cri de Bartimée vers Jésus, qui passe par là, exprime son refus de dépendance. Il veut être reconnu comme un Homme à part entière et pas seulement comme un mendiant au bord du chemin.

La foule qui le sermonne pour le faire taire est à l’image de ce que sont la plupart de nos gens. Et nous aussi, ne sommes-nous pas souvent agacés par tous ces cris qui nous contrarient ? Nous nous sentons impuissants devant toutes les remises en cause : en particulier l’annonce des restructurations, des fermetures d’entreprises ou de services qui s’ajoutent aux précédents sans la moindre perspective de solutions. Combien de jeunes qui se sont investis pour obtenir des diplômes risquent de se laisser aller, parce qu’il n’y a pas de place pour eux. Que sont devenues les belles promesses ? Faut-il devenir mendiant, chômeur, casseur, marginalisé pour se rendre compte de ce qui écrase tant de nos concitoyens ? Faut-il passer par là pour réagir et pour chercher des solutions ? Faut-il la mort de Luca, un gamin de 7 ans poignardé à Joeuf, pour réveiller l’indignation et le refus de toute une population ? Devant tant de drames semblables et devant la misère, des « prophètes », des gens attentifs à leurs frères en difficultés, organisent des soutiens, des marches blanches et des ripostes.

En interpellant l’aveugle : « Que veux tu que je fasse pour toi ? ». Jésus remet Bartimée au cœur de la vie ensemble. En effet, l’être humain n’est pas fait pour vivre seul. La vie ensemble le transforme et le fait exister autrement. Dans une famille, quand chacun est respecté et estimé, on est heureux de vivre ensemble. De même, dans une société où chacun est accueilli et peut vivre dignement, les relations entre les hommes sont animées par la confiance.

Comme dans la première lecture du prophète Jérémie, Jésus entre en communication avec l’homme et la femme souffrante. L'aveugle, ce peut être moi : moi qui m'enferme dans mon petit monde bien clos, incapable d'ouvrir mes volets et de regarder autour de moi les attentes et les appels de désespoir d'un monde angoissé. Moi, je suis tenté de m'entourer de confort et j’hésite à sortir dans la tempête pour soutenir le combat de ceux qui luttent pour survivre. C'est encore moi lorsque je me montre propriétaire de la vérité, incapable d'écoute, d'accueil, de remise en cause. Cet aveugle, c’est moi, c’est vous ; c’est aussi, en fin de compte, cette foule qui suit Jésus sans comprendre où il va. Sur le chemin de notre vie, nous avons, nous aussi, besoin de lumière, nous avons aussi besoin de savoir où nous allons, nous avons besoin d'être éclairés. Et il faut crier quand on se trouve dans la peine, la souffrance ou le désespoir ; il faut crier quand on s'aperçoit que l'on s'enferme dans l'égoïsme, dans la recherche de soi-même, quand on sent que l'amour diminue. Il faut crier : Jésus, aie pitié de moi ! Lui peut nous aider.

Si aujourd’hui, nous connaissons : crise, violence, suicides ; mal être au travail, dans les transports, dans les quartiers… c’est d’abord, parce qu’on n’a pas su entendre et donner suite à de nombreux avertissements qui émanaient de ceux qui peinent. Les Mouvements d’Action Catholique ont œuvré dans ce sens là, mais certains ont tout fait pour les réduire au silence parce qu’ils remettent en cause nos vieilles habitudes.

Nous avons la chance, en tant que chrétiens, de connaître Dieu qui s’est incarné dans notre existence humaine par l’Homme Jésus. Il nous dit que la rencontre de Dieu ne peut pas se faire en dehors des réalités concrètes. Et c’est bien là qu’il nous donne rendez-vous.

La foi de Bartimée est vraiment pour nous exemplaire. Comme lui, avec nos limites et nos obscurités, tournons-nous vers Jésus, même si cela nous paraît difficile. Lire la parole de Dieu, participer à l’eucharistie c’est déjà une démarche de confiance à son égard. Pour que cette confiance soit crédible, il faut veiller à ce qu’elle soit bien enracinée dans le concret de l’existence. C’est là que Dieu se fait connaître. Et il n’y a pas d’autres chemins pour cette rencontre de l’Homme avec Dieu.

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