Fête de l’Epiphanie « C » – 03 Janvier 2016
Première Lecture : Isaïe 60 1–6
Deuxième Lecture : Éphésiens 3 2–3, 5–6
Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu 2 1–12
Jésus était né à Bethléem de Juda, au temps du roi Hérode ; alors, des pays de l’Orient, des mages arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : “Où se trouve le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus pour lui rendre hommage.” Quand le roi Hérode l’apprit, il en eut un choc, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et ceux qui enseignaient la religion au peuple, car il voulait leur faire préciser où devait naître le Christ. Ils lui firent cette réponse : “C’est à Bethléem de Juda. Car il est écrit dans le livre du prophète : Toi, Bethléem en Juda, tu n’es pas le dernier des chefs-lieux de Juda, car c’est de toi que sortira le chef, le pasteur de mon peuple Israël.”
Alors Hérode convoqua les mages en secret et leur fit préciser le moment où l’étoile leur était apparue. Il les mit sur le chemin de Bethléem et leur dit : “Allez là-bas et tâchez de bien vous informer sur cet enfant. Si vous le trouvez, vous me le direz, et moi aussi j’irai lui rendre hommage.” Après cette entrevue avec le roi ils se mirent en route, et voici que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les conduisait. Finalement elle s’arrêta au dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Revoir l’étoile fut pour eux une grande joie ; ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère et ils se prosternèrent pour l’adorer. Ils ouvrirent alors leurs coffres et lui firent des cadeaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ils reçurent alors un avertissement au moyen d’un rêve : ils ne devaient pas revoir Hérode. Ils repartirent donc vers leur pays par un autre chemin. (Bible des Peuples)
Dans le prolongement de la fête de Noël, nous célébrons aujourd'hui la fête de l'Epiphanie, c'est-à-dire, la manifestation éclatante de la présence de Dieu à l’humanité entière. Pour nos frères Orthodoxes, l’Epiphanie est le cœur de la fête de Noël. Il importe donc aujourd’hui, en cette nouvelle année, de repérer les signes « éclatants » que Dieu nous donne de sa présence dans l’aujourd’hui de notre existence. Malheureusement, on a réduit cette fête à une histoire de galette – ce qui ne met nullement en cause les saveurs et les surprises de la fève. Mais avouez, on est bien loin de l’originalité de cette fête !
Si on est arrivé à cette réduction, c’est qu’on a oublié l’essentiel de la démarche des Mages : ce sont des « chercheurs », des Hommes en marche. Par leur couleur : blanc, jaune et noir, ces Mages donnent à la fête de Noël sa dimension universelle. C’est bien le sens du mot Epiphanie : manifestation de Dieu à toute l’humanité. Jésus, né dans le peuple et les traditions juives, est d‘abord un être humain ; donc, frère de tous les hommes. En même temps il est unique, son originalité c’est d’être le Fils de Dieu. Jésus, comme chacun est unique, particulier et pourtant, il appartient à la même famille humaine.
Revenons aux trois Mages de l’évangile. Chacun avec ses racines, sa culture son identité, ses mises en marche se retrouve à Bethléem. Ils ont en commun le souci de chercher le sens de leur vie qui est plus large que leur personne. Et l’évangile de ce jour leur fait dire : «Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus pour lui rendre hommage. » Quelle est donc cette étoile ? Est-ce un astre, une comète ? Ce symbole de l’étoile représente une lumière qui n’est pas seulement repérable par la vue. N’est-ce pas plutôt une lumière intérieure ? C’est celle qui a conduit les bergers à la crèche. C’est encore cette lumière qui a conduit Marie et Joseph à fuir en Egypte. Et c’est encore cette lumière qui reconduit les Mages « par un autre chemin. »
N’est-ce pas cette même lumière qui se manifeste à chacun ? Comme pour les Mages, cette étoile porte un message de FOI.
Notre vie est un voyage dans lequel nous cheminons souvent de nuit. Elle ressemble étrangement à celle des Mages. Notre vie est faite d’épreuves, d’espoir, de cheminement, d’hésitation, de lumière et d’obscurité, de certitude et de doute. Il y a des jours où le ciel nous paraît sans étoiles. Que faire dans ces moments là ? Comme les Mages, il est nécessaire de nous arrêter pour demander l’aide des autres. Nous avons besoin du savoir et de l’expérience des autres pour éclairer notre chemin.
A l’occasion de la nouvelle année, nous formulons des vœux en souhaitant le meilleur à tous nos amis. On souhaite une bonne santé, surtout quand on se sent fragile. On souhaite un travail à ceux qui en manquent, parce que le travail permet d’exister et nous rend acteur pour le bien de tous. De plus, le travail permet d’améliorer les liens avec les gens et avec le monde. Dans les souhaits, la Paix est au cœur de nos préoccupations, mais nous mesurons la difficulté de la Paix en œuvre dans nos liens et dans nos familles. La Paix est encore beaucoup plus difficile et tellement nécessaire entre les peuples. Pensons à la Syrie, à la Palestine, au Centre Afrique et à plusieurs autres pays dans le monde. Malheureusement, en attendant les décisions de paix et de justice, les victimes s’ajoutent. Tous les vœux que nous avons formulés reposent sur des observations concrètes. Ils méritent certainement d’être mis en œuvre, mais bien souvent nous en restons à une formulation superficielle. L’étoile a conduit les Mages à des découvertes et à des retournements. A leur suite, nous devons prendre garde à la cohérence de nos actes avec nos « belles paroles ».
La fête de l’Epiphanie met en valeur deux aspects importants de notre humanité qui ont leur source en Dieu. En se manifestant d’une façon inattendue et impensable en son Fils Jésus, Dieu rappelle que chaque être humain est unique et doit être respecté comme tel. Et le deuxième aspect : Jésus vient sauver toute l’humanité, et il invite chacun à apporter sa part à la société. Ces deux aspects exigent pour leur mise en œuvre, une attention permanente et un grand respect de l’évolution de chacun.
Comme les Mages, les chrétiens sont, en permanence, des « chercheurs de Dieu ».