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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 17:51

                                   1er Dimanche de l'Avent - "C" 29 Novembre 09

 

1ère Lecture : Livre de Jérémie 33,14-16

2ème Lecture : 1ère lettre St Paul aux Thessaloniciens 3,12-4,2

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 21,25-36

 

Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête.  Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées.  Alors, on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire.  Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »

Et il leur dit cette parabole : « Voyez le figuier et tous les autres arbres.  Dès qu'ils bourgeonnent, vous n'avez qu'à les regarder pour savoir que l'été est déjà proche.  De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche.  Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas sans que tout arrive.  Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.

Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre coeur ne s'alourdisse dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l'improviste. Comme un filet, il s'abattra sur tous les hommes de la terre.  Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l'homme. »

 

 

Ces jours-ci, le clash médiatique entre le Sidaction et le Téléthon est incompréhensible. Deux associations engagées à fond pour la survie de personnes en danger de mort semblent se déchirer. Le succès du film : la fin du monde en 2012, met en valeur les multiples catastrophes pour l’avenir. L’avenir de la planète est en danger et même remis en cause. Sans parler de toutes les inquiétudes qui nous traversent et toutes les portes qui nous semblent fermées, il y a de quoi alimenter l’inquiétude et même le désespoir de beaucoup. Il semblerait que l’évangile de ce jour s’enracine dans le même contexte : « Sur la terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. » C’est pour cette réalité qui concerne tous les hommes de tous les temps que Jésus est venu annoncer une bonne nouvelle : l’Evangile : « Alors on verra le Fils de l’Homme venir…………. Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »

Il ne faut pas prendre l'Évangile d'aujourd'hui au pied de la lettre. Jésus ne nous annonce pas des signes visibles dans le soleil, la lune, les étoiles, pas plus qu'il ne prédit des mers déchaînées. Il ne nous dit pas que le ciel va nous tomber dessus, ni qu'il va venir assis sur un petit nuage. Ce sont des images qu'il emploie, comme il aime en employer dans ses paraboles, pour mieux se faire comprendre. Ainsi, les chamboulements de la nature et les multiples péripéties de l’existence sont liés à la matière et à l’histoire. Par exemple, la dernière grippe A H1N1 entraîne une nouvelle organisation de la santé mondiale.

Jésus annonce certes que le monde va être bouleversé, que ses assises vont être changées, que le monde va être refait, mais refait de l'intérieur. C'est ce qu'il enseigne continuellement dans l'Évangile. « Mon royaume n'est pas de ce monde ». La tempête qui surgit, elle est causée par une voix sereine et amicale, qui dit:: « Bienheureux les pauvres ...  Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice ... Bienheureux ceux qui pleurent ... Bienheureux les doux, les pacifiques »... « Bienheureux êtes-vous parce que un nouveau monde est commencé, un monde où les hommes, les femmes non seulement sont des égaux mais sont des frères, des sœurs qui s’aiment. Un monde où le souffrant est secouru. ».

La fin du monde qu'annonce Jésus, ce n'est pas un cataclysme, une mauvaise nouvelle, c'est une bonne nouvelle. C'est la fin du monde des exploiteurs, de ceux qui ont construit leur vie sur  la domination par la peur, et la violence sur les faibles. Avec Jésus un monde d’amour est proposé.

Je crois au retour de Jésus quand je vois des gens qui s'étaient disputés à « mort », trouvent un chemin de réconciliation et de respect.

Je crois au retour de Jésus, quand je vois des bénévoles qui accompagnent  des malades, des handicapés et des personnes âgées, pour leur permettre ainsi d’aimer la vie, malgré tout.

Je crois au retour de Jésus quand je vois des parents et des éducateurs garder  confiance aux jeunes malgré les insuccès, les bêtises et les coups durs de leurs adolescents.

Je crois au retour de Jésus quand je vois des gens engagés avec leurs organisations pour faire face aux nombreuses injustices dont ils sont victimes : le travail, la santé, la vie de quartier, les sans papiers, les loisirs, le sport…..

Je crois au retour de Jésus quand je vois des chrétiens qui agissent ensemble pour  mettre l’Evangile au cœur de leur existence et rendre ainsi l'Église plus fidèle à sa mission.

Les étoiles dans le nouveau monde de Jésus portent des noms : miséricorde, dignité, confiance, solidarité, assurance, respect, pardon, amour…... C'est nous qui avons à les placer dans le ciel du monde refait par Jésus.

Quand Jésus nous demande dans l'Évangile de ce matin de nous redresser, de lever la tête, de rester éveillés, il ne nous invite pas à observer le ciel, à surveiller les routes au cas où il reviendrait. Il ne reviendra pas de cette manière là. La première lecture parle de la venue d'un germe de justice. Ce germe de justice, c'est le petit grain de sénevé que Jésus a placé dans tous les cœurs. Il nous demande de lui permettre de se développer. Il nous demande de construire le royaume de justice et d'amour qu'il est venu mettre en valeur. Les bouleversements du monde ne se feront pas à l'extérieur, mais à l'intérieur de nous même, en nous, dans notre cœur. C'est là que Jésus revient, c'est là que commence la fin du monde, le début du monde nouveau.

 

 

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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 11:43

Fête du CHRIST-ROI – 22 Novembre 09

 

1ère lecture : du livre de Daniel 7,13-14

2ème lecture : Apocalypse de St Jean 1,5-8

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 18,33-37

 

Alors Pilate rentra dans son palais, appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d'autres te l'ont dit ?  Pilate répondit : «Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t'ont livré à moi : qu'as-tu donc fait? »  Jésus déclara : « Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d'ici. »  Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C'est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix.

 

L’Evangile de ce jour nous présente Jésus condamné au tribunal de Pilate, et à discerner la Gloire du Christ dans cet événement. Il est condamné et malgré tout il est grand. Le rapprochement des deux mots : Christ et Roi est ambigu, comme notre vie à chacun. Nous avons des racines en même temps en Dieu et dans le monde. Cette fête voulue par Pie XI en 1925 est ambigüe. Jésus, Roi Universel. On pourrait l’entendre comme un appel pour les catholiques à instaurer un royaume chrétien sur la terre.

A l’heure des grands débats sur la citoyenneté, fêter le Christ Roi peut apparaître au premier abord comme une provocation réactionnaire, un aveu du refus de la séparation des pouvoirs politiques et religieux. Il n’en est rien, Jésus dit bien : «  Ma royauté ne vient pas de ce monde…. » « Je suis venu dans ce monde pour rendre témoignage à la VERITE» « Mais qu’est-ce que la VERITE ? »

«  Tout homme qui appartient à la vérité, écoute ma voix » dit Jésus.

            Fêter aujourd’hui le Christ Roi, c’est proposer à toutes les bonnes volontés, et en priorité à toutes les victimes de la vie d’aujourd’hui, le monde nouveau, qu’il appelle « son Royaume ». Si on peut appeler Jésus « Christ-Roi », C’est parce qu'il a vécu une vie humaine faite de vérité. Il a été un être humain sans fausseté, sans déviation. C'est ainsi qu'il est devenu pour nous, ses disciples, le roi de la vérité, le roi de l'être humain, le modèle suprême de l'intégrité humaine. Jésus  est pour nous la référence du savoir vivre et aimer. Jésus a vécu sa vie en intimité avec Dieu le Père. Il a été fidèle envers Dieu.  Il a opté pour être serviteur de l'humanité, jusqu'à monter sur la croix. Jésus a choisi de vivre dans la vraie liberté. La fête du Christ-Roi de l'univers, nous invite à revoir et à confirmer où nous allons chercher la vérité pour nos vies, à examiner notre vision des choses, à examiner la droiture de nos comportements.

            Jésus est seul devant Pilate. Apprécions son attitude : digne et libre devant celui qui a le pouvoir de vie et de mort. Si Pilate est le chef, le représentant du pouvoir, Jésus lui parle à égalité. Il n’y a aucune soumission, aucune servilité chez le Christ. Si Pilate est « roi », Jésus est Roi aussi, mais d’une royauté sans armée ni fanfare. Sa royauté, c’est sa force intérieure, la conscience qu’il a de sa mission. Il se présente devant Pilate avec toute la Vérité et l’authenticité de sa mission divine.

Le Christ est Roi, parce qu’il est rassembleur des forces d’amour dont nos cœurs sont capables.

Il est Roi, parce qu’il permet que soient organisés en lui, autour de lui, par lui, de nouveaux modes de vie et de relations entre les hommes, et les hommes et Dieu.

Le Christ est Roi, parce qu’il instaure dans les cœurs, son Royaume d’amour, de vérité et de paix, et que celui-ci transparaît déjà dans les œuvres de ceux et celles qui regardent vers lui et qui écoutent sa parole.

Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ?

Le sort de Jésus était réglé en quelques heures avec des faux semblants de justice. Il fallait s’en débarrasser au plus vite, parce qu’il contestait le pouvoir des religieux. Jésus n’avait aucun recours, mais il ne s’est pas laissé enfermer dans la logique de ceux qui l’ont condamné. Jésus est resté un homme libre. Et en cela, il nous ouvre un chemin de liberté. Aujourd’hui, tous ceux qui sont condamnés brutalement sans justice, sans pouvoir se défendre, sans être entendu doivent ressentir une violence extrême. Toutes les 6 secondes un enfant meurt de faim sur notre « bonne terre ». Combien de mères pleurent, impuissantes devant le cadavre de leur enfant. Combien sont pénalisés, sans avertissement par la fermeture de leur entreprise ou de leur service. Combien de jeunes en recherche d’emplois, comme Stéphanie qui a envoyé 125 CV  et n’a eu que quelques réponses négatives. Après des années de formation Bac +, elle est obligée maintenant de travailler à la chaîne. Elle est malgré tout rassurée de pouvoir subvenir à ses besoins. Combien d’innocents, comme les accusés du procès d’Outreau, passent des années en prison parce que, contrairement à la loi, leur sort est déjà réglé . Peuvent-ils rester sereins ? De même tous ceux qui apprennent brutalement qu’ils sont condamnés par une maladie, un abandon, un décès.

Le monde nouveau que Jésus propose, concerne ce qui est au cœur de notre vie. Même si la violence paraît inévitable, elle est sans issue. Par contre, la recherche de la Vérité, de la Justice, de la Paix nous introduit dans le Royaume de Dieu.

En tant que chrétiens, nous n’avons pas à imposer notre vérité, notre moral, nos idées, mais vivants de la Parole de Dieu, nous avons à témoigner,  à proposer, à aider et à favoriser la mise en place de lieux de réflexion, d’instances éthiques, de débats où le civisme, le respect des autres, les normes humanitaires se développent. C’est autre chose que de prétendre exercer un monopole d’une parole définitive qui viendrait d’en haut et que l’on imposerait à tous. Notre société a bien plus besoin de TEMOINS que de maîtres. Nos contemporains ont plus besoin de témoins, de frères, de compagnons de route, que  de moralistes, de juges ou d’incendiaires. Nous avons la Parole de Dieu, qu’on s’y réfère.

Le Christ devant Pilate, faible et sans moyens nous rappelle simplement que la VERITE finit toujours par vaincre.

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 11:21

33° Dimanche 15 Novembre 09

1ère lecture : Livre de Daniel 12,1-3

2ème lecture : Aux Hébreux 10,11-14,18

Evangile selon St Marc 13,24-32

 

Jésus parlait à ses disciples de sa venue :

« En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées.

Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel. Que la comparaison du figuier vous instruise : Dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte.

Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »

 

Chaque année, en ces derniers dimanches de l’année liturgique, les textes qu’on nous propose touchent une réalité essentielle inscrite dans l’expérience humaine et dans la révélation divine : la fin des temps et la venue glorieuse du Fils de Dieu.

C’est un fait, il y a eu la création d’un monde qui passe, et ce monde n’est pas éternel.

L’univers a eu un commencement, même si les savants discutent encore sur le scénario selon lequel cela a pu se passer. Même les astronomes arrivent à supposer l’âge approximatif de la terre.

Nous savons aussi, même sans aucun cataclysme, qu’il soit extraterrestre ou provoqué par la bêtise humaine, que la terre, sur laquelle nous vivons, cessera d’exister au moment, déjà estimable, de l’épuisement de l’énergie solaire.

Mais, sans aller aussi loin, n’assistons-nous pas régulièrement à la fin du monde tel que nous le connaissons ou que d’autres ont connu ? Pensons à l’extinction de tant de civilisations qui firent vivre des générations entières, pensons à la transformation radicale de certaines façons de vivre, aux traditions et cultures disparues ou en train de disparaître, comme le monde de nos grands-parents ou arrières grands-parents...et chaque fois, c’est l’apparition de nouveaux modes de vie.

Ce sont les hommes, auxquels Dieu a laissé toute liberté et pouvoir de continuer sa création, qui ont ainsi transformé le monde. Parfois, malheureusement, ils s’y sont pris comme des apprentis sorciers, en gâchant ou dégradant cette terre qui leur est confiée.

Aujourd’hui, devant les catastrophes climatiques des derniers temps, nous commençons enfin à prendre au sérieux l’effet de serre, la déchirure de la couche d’ozone, nous évaluons les désastres provoqués par la pollution des océans. Nous paniquons devant les effets nocifs résultant de nos interventions sur la vie végétale comme les OGM, ou sur le monde animal, pensons à la maladie de " la vache folle " hier et aujourd’hui la grippe aviaire, la grippe H1N1 … Enfin nous devrons nous poser de sérieuses questions sur les interventions, pour ne pas dire les bricolages, effectués sur la biosphère. Non, nous n’avons pas besoin des textes catastrophiques de la Bible pour nous faire peur.

Ces constatations sont assez graves pour interpeller tout homme et toute femme lucide, soucieux de l’avenir de l’humanité, celle d’aujourd’hui et surtout celle de demain. Aucun croyant et particulièrement aucun chrétien ne pourra s’y soustraire.

Car n’est-il pas aussi dans notre pouvoir, n’est-il pas de notre devoir d’améliorer, de rendre plus habitable, d’humaniser ce monde afin de le préparer à sa destinée finale ?

En effet, c’est là qu’est la deuxième et la plus importante partie du message de ce dimanche. Message d’espérance : " Dès que les branches du figuier deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche... "

Cette parole de Jésus nous empêchera toujours d’être des prophètes de malheur. Ces grincements, ces gémissements, ces tâtonnements plus ou moins ratés ou réussis sont des signes révélateurs. Ils sont, comme dit saint Paul, les douleurs d’enfantement d’un monde nouveau en train de naître. (Rm8, 19...).

C’est donc dans l’aujourd’hui que se réalise lentement, laborieusement, ce monde nouveau. D’où l’importance de nos tâches humaines, qu’elles soient familiales, sociales, syndicales, politiques ou culturelles. En elles se préparent déjà, grâce à la dynamique de résurrection et à l’action de l’Esprit, ce monde nouveau qui n’est pas un autre monde, mais notre monde " devenu autre ".

Concrètement ces jours ci, les informations étaient marquées par le 20° anniversaire de la chute du mur de Berlin. On l’appelait le « Mur de la honte » qui était aussi le symbole du « Rideau de fer ».Durant cette triste période des populations se sont opposées, des familles étaient divisées. Ce mur était une plaie et il y avait toujours des gens pour justifier sa raison d’être. Comme aujourd’hui, il y a toujours des responsables et des admirateurs pour justifier l’injustifiable. Les murs d’aujourd’hui : celui des Juifs pour se protéger des Palestiniens, celui des USA pour empêcher le passage des clandestins du Mexique, celui de la Corée du Nord qui veut préserver sa dictature, et les murs qui passent par les mentalités, les cœurs des peuples où les riches et les puissants se protègent pour ne pas être salis par la misère des pauvres. De plus en plus de quartiers chics sont isolés et protégés par des gardes. Comme pour les jeux olympiques à Mexico on construit même des murs pour cacher la misère.

Aujourd’hui, Jésus nous dit que « lorsque les branches deviennent tendres…un monde nouveau arrive. Lorsque vous verrez cela, sachez que le Fils de l’Homme est proche. »

Dans cette évolution permanente  de la vie, les humains ont une place particulière et essentielle. Ceux qui discernent les signes d’avenir et les mettent en valeur sont souvent pris pour des fous. Quelle audace ils ont de donner plus d’importance à ce qui est fragile, périssable et minuscule, alors que tout semble aller à sa destruction. Les prophètes  dans la Bible en sont les premiers témoins.  Moïse refuse l’oppression des ses frères et se lance dans l’aventure de l’exode. Isaïe annonce la naissance d’un enfant Emmanuel= Dieu avec nous. Bartoloméo de Las Casas, prêtre dominicain, quitte son Ermitage pour s’engager à fond dans la défense et la reconnaissance des Indiens au Chiapas.

 A la suite de Jésus et de son Evangile, je souhaite que cette « folie » traverse tous les hommes, et particulièrement chacun de nous, pour mettre en action toute leur force de paix, de fraternité, d’amour. Alors un monde nouveau pourra surgir.

La tentation de se laisser enfermer par le fatalisme, les regrets sont permanentes, et bien sûr sans avenir ! Alors que la confiance, la foi, le regard d’espérance donne une force, un dynamisme et des possibilités insoupçonnées. Même si la plupart d’entre nous vivent leurs dernières années, l’avenir n’est pas fermé. Chacun a encore une place, chacun compte pour Dieu, chacun est capable d’aimer. Alors le Royaume de Dieu est parmi nous.

 

 

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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 11:26

32e dimanche ordinaire 8 Novembre 09

 

1ère lecture : Premier livre des Rois 17,10-16

2ème lecture : Aux Hébreux 9,24-28

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc  12, 38-44

 

Dans son enseignement, Jésus disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques,  les premiers rangs dans les synagogues, et les places d'honneur dans les dîners.  Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement : ils seront d'autant plus sévèrement condamnés. »

Jésus s'était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait la foule déposer de l'argent dans le tronc. Beaucoup de gens riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s'avança et déposa deux piécettes.  Jésus s'adressa à ses disciples : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde.  Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu'elle avait pour vivre. »

 

" Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. "

On croirait entendre les paroles d’une fée ou d’un magicien dans un conte pour enfants ! Pourtant, c’est la parole même que Dieu adresse à la veuve de

Sarepta (Saïda, au Liban) à travers la bouche de son prophète Élie.

Dans l’évangile c’est encore d’une veuve indigente qu’il s’agit. Jésus partant d’un fait réel qu’il a observé, met le doigt sur la beauté du don d’une pauvre capable de tout donner, de tout risquer, même ce qui lui était nécessaire pour vivre. La foi de ces deux veuves est exemplaire. La foi donne à ces femmes une force et une beauté incroyable. Grâce à la confiance qu’elles mettent à la parole de Dieu : elles sont prêtes à tout risquer.

Jésus met en garde ses disciples contre le comportement des scribes comme de certains pharisiens qui « disent et ne font pas ». Jésus voit plus loin que les seules apparences. Il ne vise pas  tous les scribes, et encore moins tous les Juifs, dans ses dures paroles de condamnation. Jésus dénonce des situations particulières qui sont des privilèges cachés et il met en valeur la participation vitale de cette pauvre veuve. Nous sommes tous traversés, à la fois par l’âpreté au gain, à l’argent et le besoin de générosité. « Plus on en a, plus on en veut ! » Jésus critique ainsi ceux qui détiennent le pouvoir et l'utilisent à leur profit. C'est une tentation  d’autant plus grande et désastreuse pour ceux qui exercent une autorité. Jésus met en valeur le bien fait de la vie ensemble et de tout ce qui aide à la cohésion et au respect des personnes et des peuples. Les nombreux scandales publics  dénoncés ces jours-ci concernant l’accaparement des biens des peuples africains par quelques dirigeants, ou les dépenses folles au nom du prestige républicain, montrent bien que ces questions sont au cœur de notre société. Hier comme aujourd’hui, Jésus nous invite à ne pas nous laisser piéger par des facilités qui font oublier l’essentiel. Il nous invite à faire la vérité et à être plus lucide sur nos motivations.

La principale différence entre l'obole de la veuve et celles des autres n'est pas du tout la somme donnée mais le sens de son don. Les veuves de l'époque étaient laissées à leurs misères, comme la veuve de Sarepta. La femme pauvre de cet Évangile donne ce qu'elle a pour vivre, son «nécessaire». D'une certaine façon elle donne sa vie. Souvent nous donnons parce que cela fait partie d'une bonne vie en société, par convention, par intérêt ou par bonne conscience. La veuve, elle, donne tout. Elle refuse la fatalité de sa misère. Par son don, elle n'est plus une pauvre veuve mais pour Jésus elle devient l'égale de celui qui donnerait toute sa fortune. Le jeune homme riche avait reculé devant le don, mais pas la veuve.

Aujourd’hui, dans notre société où l’argent est roi, on est encore plus entraîné par ce courant. On a perdu de vue le service de la collectivité. Tous les services publics mis en place après les dégâts de la deuxième guerre mondiale, ont fait la force et la fierté de notre pays. Le bien commun était mis en valeur et devait mobiliser tout le monde. Il ne s’agit pas de regretter le passé qui a eu ses heures de gloire, mais chercher comment vivre dignement aujourd’hui. La santé, l’éducation, la justice, le travail restent le cœur de la vie. En chacun de nous se mêlent l'attitude du scribe et celle de la veuve. D'un côté, la recherche de possessions toujours plus grandes pour soi à travers les honneurs et la richesse. Par ailleurs, le don humble et gratuit de soi-même, l'ouverture au partage et à la solidarité d'un cœur qui traduit en acte sa capacité de don. Car, « plus on a, plus c’est difficile de donner. »

Depuis les origines, Dieu désire continuer son œuvre, mais il ne veut pas la continuer sans nous. Il ne demande pas grand chose, il souhaite seulement que chacun lui apporte le " vrai " de son être, de sa personne.

Vous avez pu lire dans les journaux que l’Eglise de France fait appel à la générosité des chrétiens. Le manque de ressource financière, suite au denier du culte, met certains diocèses dans des situations dramatiques. Comment subvenir à tous les besoins d’un diocèse : salaire des laïcs engagés dans la pastorale, le salaire des prêtres, l’aide accordée aux différents mouvements apostoliques, aux œuvres caritatives, formation des futurs prêtres…… Aucun parti politique, aucune organisation ouvrière, aucune association ne peut vivre sans la solidarité de tous ses membres. Il en va de même de l’Eglise. Tout dépend de l’image que je me fais de l’Eglise, de ce que j’attends d’elle. Nous ne sommes plus au Moyen Age où les grands dictaient ce que les autres avaient à faire. Autant c’est essentiel de donner sa part d’argent à la vie de l’Eglise, autant c’est important de prendre sa part dans les activités de l’Eglise et ses débats. Aujourd’hui les autorités se contentent trop souvent de gérer le passé avec des finances qui s’amenuisent et des activités réduites au culte. Cette semaine les évêques de France se retrouvent à Lourdes. Le cœur de leur rencontre c’est l’avenir de l’Eglise. Les évêques nous invitent à réfléchir sur ce que nous montrons de l’Eglise et ce qui reste caché.

Aussi, le message qui nous est adressé en ce dimanche n’est-il pas d’abord une sorte d’exhortation à notre générosité, un appel à être magnanimes à l'égard de Dieu, larges envers notre Église ou charitables vis-à-vis de ceux qui sont dans le besoin. Le message d’aujourd’hui est, comme toujours, une " bonne nouvelle ", celle de la générosité de Dieu à l’égard de ceux qui l’implorent.

 " Père très bon,

tu donnes à chacun ce dont il a besoin,

et si le pain vient à manquer sur la terre,

c’est que nous manquons à ton amour.

Toi tu ne fais défaut à aucun homme,

tu ne manques à personne.

Donne-nous de croire à la valeur infinie de nos moindres actes

et multiplie dans le monde

l’amour que tu vis par nous. "

Pierre Talec, prêtre

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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 17:21

TOUSSAINT  – 2009

1ère lecture : Apocalypse 7, 2-14

2ème lecture : 1ère lettre de St Jean 3,1-3

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5, 1- 12

 

Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :

« Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux !

Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !

Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !

Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !

Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !

Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !

Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux!»

" Heureux " : est le premier mot que l'évangile de Matthieu met dans la bouche de Jésus, le jour où il commence sa prédication en Galilée. Et neuf fois de suite, le voilà qui annonce que non seulement le bonheur est possible, mais qu'il est là, aujourd'hui, à la portée de chacun de ses auditeurs. A notre portée, à nous aussi. Les béatitudes sont au cœur de la prédication de Jésus.

 Alors, pourquoi a-t-on fait de notre religion quelque chose de triste, d'ennuyeux. Une religion à base d'interdits et d'obligations ? Une religion de l'effort  morbide et pas assez une religion basée essentiellement sur l’Amour? Ce que Dieu vient nous annoncer en Jésus Christ, c'est le bonheur, la bonne nouvelle du bonheur donné à l'homme et sa libération. Donc, pour commencer, il faudrait nous débarrasser de cette image de la foi austère, pleine d'obligations désagréables. Redécouvrons le sens plénier du mot AMOUR. Quand on aime, on ne peut pas faire seulement ce qui plaît ou ce qui arrange. Aimer a ses exigences. Aimer c’est être heureux ensemble du même amour, et cela se construit jour après jour. Tous les textes de cette fête de la Toussaint rayonnent de joie. Apprenons donc à accueillir cette joie, à la faire nôtre.

Nous fêtons aujourd’hui tous les amoureux de la vie. De tous ceux et celles qui se sont laissés saisir par la Parole de Dieu et qui l’ont mise en pratique dans leur vie. Les Saints? Ce sont ceux qui ont marqué notre existence, qui nous ont laissé le témoignage d’une vie tournée vers l’amour, malgré leurs faiblesses et leurs fragilités. Ce sont ceux qui ont réveillé en nous une force extraordinaire, une capacité d’aimer. Ils ont aimé la terre comme Dieu l'aime. Pas comme nous l'aimons parfois quand nous voulons la posséder, la prendre aux autres, nous faire puissants sur les autres, faire régner nos idées, que sais-je ? Les saints et les saintes, sont nos frères et sœurs en humanité ; ce sont des personnes qui ont fait progresser l'humanité vers plus de vie. Pour ne citer que quelques uns de nos contemporains : l’Abbé Pierre, Mère Térésa, Sœur Emmanuelle, Mgr Helder Camara,  tous à l’affût des plus grandes misères pour faire naître un sourire et un peu de bonheur au milieu des pires difficultés.

Les saints, ce sont les gens qui ont manifesté par leur  façon de vivre que l’amour est au cœur de l’existence. Pour les chrétiens, cet amour, c'est Dieu lui-même. Et tant d’autres qui vivent de cet amour sans en connaître la source.  S’il existe des saints dont la vie extraordinaire ne peut être imitée par le simple mortel, d’autres, non moins saints que les premiers, ont eu une vie toute ordinaire et en même temps exemplaire. Là je pense au témoignage que nous ont laissé nos parents, des amis, des militants…. Durant leur existence, ils ont cherché à mettre en œuvre la bonne nouvelle du bonheur que Dieu nous propose par les « Béatitudes ».Oui, ils sont heureux ceux qui se lèvent, ceux qui se mettent en route, ceux qui marchent pour travailler au bonheur proposé.  Même si c’est difficile, ils sont déjà dans la réalisation de ce bonheur.  

Pour notre temps, certaines béatitudes méritent un soin particulier. En voyant toutes les violences autour d’un match annulé, et toutes les bagarres organisées de façon systématique pour se défouler sans  se soucier des conséquences sur les blessés, les voitures brûlées, les magasins saccagés, la nature polluée par des feux provoqués. Alors on peut mieux comprendre aujourd’hui l’appel de Jésus, disant : « Heureux les doux », ceux qui mettent un peu de liant et de douceur sur les blessures.

Quand tant de personnes se trouvent impuissantes et  réduites à rien, parce que le plus fort s’arrange avec les lois, parce que leur emploi disparaît suite au trafic de ceux qui jouent avec la vie des autres. Alors on accueille de façon originale l’appel de Jésus, disant : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice », ceux qui n’hésitent pas à prendre des risques pour être vrais et droits, dans la défense des plus faibles.  Je pense à tous les bénévoles dans les associations : UNICEF, CCFD, Restos du Cœur, Amnesty International et tant d’autres si souvent dénigrés par le détournement de quelques profiteurs.

            Pour donner de l’actualité à cette belle fête de Tous les Saints, puissions-nous mettre en valeur l’actualité qui nous touche, en lien avec les Béatitudes, pour soutenir les élans de ceux qui sont fatigués, de redonner le sourire à ceux qui pleurent, de ne pas abandonner ceux qui se croient seuls, redonner à l’Amour sa vraie grandeur dans l’existence humaine.

            En cette Eucharistie, Dieu se révèle à nous faible, pauvre, sous les apparences d'un morceau de pain. Mais Dieu se révèle aussi nourriture, force pour continuer la route. Recevons cette révélation de Dieu dans la pauvreté des signes qu'il nous donne: le pain eucharistique et la vie de nos frères les saints. Apprenons que le témoignage que nous avons à rendre est aussi constitué de pauvres gestes, les gestes quotidiens de l'amour, de l'amitié, de la solidarité.

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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 08:57

30° Dimanche -  25 octobre 09

1ère lecture : Livre de Jérémie, 31, 7-9

2ème lecture : Aux Hébreux 5,1-6

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint 10,46-52

 

Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route. Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »  Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! »  Jésus s'arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l'aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle. »  L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? — Rabbouni, que je voie. »  Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t'a sauvé. » Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route. 

 

Sortant de Jéricho pour se rendre à Jérusalem, Jésus rencontre assis au bord de la route, un mendiant aveugle du nom de Bartimée. Il est seul, même s’il y a du monde autour de lui. Aujourd’hui, ils sont nombreux les « Bartimée » qui ont le sentiment d’être livrés à eux-mêmes. Nous les trouvons aux portes de nos églises, dans les lieux de grands passages ou se cachant dans les forêts. A la différence de ceux qui n’ont plus la force de crier et qui sont assis sur nos places, Bartimée pousse son cri de misère. C’est un exclu qu’on veut faire taire. Il doit subir le rejet d'une foule incapable de voir son frère dans le besoin, d'une foule qui, pourtant, suit avec ferveur le Dieu d'amour.  Mais en même temps elle repousse celui qui crie pour être libéré. Bartimée aussi veut se mettre en marche ! Personne ne peut le faire taire. Jésus s’arrête, et fait venir Bartimée. Jésus oriente le regard de la foule vers Bartimée. Du coup, elle accorde une reconnaissance  à celui qui était inexistant au milieu d’elle.

    Aujourd’hui aussi nous sommes alertés par les associations de soutien à tous les sans : sans papiers, sans toits, sans emplois, sans revenus, sans sécu, et les médias qui veulent bien prendre le relais. Il faut des scandales pour alerter l’opinion publique. Il faut des morts pour rappeler le soin de la vie.

Bartimée a entendu parler des miracles de Jésus, de ses guérisons et de ses pouvoirs. L’ouïe plus fine que les autres, l’aveugle a également entendu parler des contestations, des disputes avec les scribes, les pharisiens, les prêtres, de tous les démêlés avec les biens pensants. Il a entendu parler des menaces qui pèsent sur lui et sur ses amis. Et pourtant, le voilà qui se met à crier. Il crie, il crie fort : « Jésus, Fils de David » ! Il lance son dernier cri d’espoir.

Les disciples, qui ont vu tant de faits et de gestes merveilleux de leur Maître, ont été rendus aveugles par leur peur, leurs désillusions, leurs habitudes. Alors que Bartimée, l’handicapé privé de la vue crie, hurle : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! ».

Cet aveugle ne voit pas le soleil, il ne voit pas la lumière du jour, mais il voit plus loin : c’est avec les yeux de son cœur qu’il discerne l’ami des pauvres et des souffrants. Il reconnaît en Jésus celui que les prophètes avaient annoncé, celui qui ferait voir les aveugles, chanter les muets et danser de joie les paralysés. Et il lance la prière de son peuple : « Aie pitié de moi ! » - Et Jésus n’a qu’une réponse : « Ta foi t’a sauvé. »

OUI, TA FOI… cela peut paraître étrange, mais Jésus connait le coeur des hommes, et il reconnaît dans le cœur de Bartimée la foi, la foi intrépide, la foi qui voit plus loin que les apparences, la foi qui est rencontre et espérance en Dieu quelles que soient les circonstances.

Quel sens cela a-t-il pour nous de relire cette page de la Bonne Nouvelle ? Nous sommes souvent, comme les disciples, effrayés et découragés, et notre foi, notre espérance sont bien fragiles. C’est vrai qu’il y a des jours où tout paraît dur et même trop dur : le divorce dans un couple, l’échec scolaire d’un enfant, la maladie, la mort d’un être cher, les tentatives de suicides chez les jeunes et les anciens, le chômage. Même les repères de la société : l’accueil de l’étranger, les droits de vivre dignement proclamé haut et fort sont bafoués, où mettre sa confiance quand les responsables de la mise en œuvre font le contraire de ce qu’ils disent ?  Alors, on est comme l’aveugle qui n’a d’autres repères que ce qu’il porte en lui… La vie est trop dure. Alors on s’adresse à Dieu, on prie, on crie vers Dieu et on a l’impression que Dieu ne nous exauce pas. Le chrétien n’est pas plus épargné que les autres dans ces épreuves et ce passage au « désert de la foi ».

Nous disons trop facilement que croire facilite toutes choses. Oui, la foi donne un sens à l’événement ; la foi est parfois lumière sur la route. La foi peut être une simple lueur dans l’obscurité de nos interrogations et de nos attentes. Et cette lueur nous vient souvent par la présence aimante de ceux qui portent un intérêt à notre vie. Saurons-nous la reconnaître ?                                            
Que dire de plus, sinon que Dieu attend de nous tous d’être comme l’aveugle de Jéricho. Il ne voyait rien, mais il a crié sa foi et son espérance.
Nous sommes conviés sans cesse à ce passage de la foi : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Notre foi ne s’inscrit-elle pas dans cette longue histoire des hommes qui ont cru, qui ont douté, qui ont cheminé à tâtons et qui ont tout quitté pour suivre le Christ ? N’est-ce pas là l’intérêt de la foi vécue par les autres : ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, ceux qui sont loin de nous et ceux qui sont à nos côtés ? Notre foi est stimulée par la foi des autres. A l’image de la foule qui accueille l’aveugle, Jésus nous invite à faire place en nous aux cris des hommes de ce temps.

 

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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 09:55

29° du Temps Ordinaire  – 18 10 09

1ère lecture : Isaïe 53,10-11

2ème lecture : Aux Hébreux 4,14-16

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10, 35-45

 

Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s'approchent de Jésus et lui disent : « Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande. » Il leur dit : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Accorde-nous de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui disaient : « Nous le pouvons. » Il répond : « La coupe que je vais boire, vous y boirez ; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder, il y a ceux pour qui ces places sont préparées. » Les dix autres avaient entendu, et ils s'indignaient contre Jacques et Jean.

Jésus les appelle et leur dit : « Vous le savez : ceux que l'on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous :

car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

 

La réaction de Jacques et de Jean : vouloir être au plus proche de Jésus est une ambition qui les honore, comme chacun d’entre nous peut avoir des ambitions respectables. Ce sont là des réactions tout à fait humaines, qui traversent l’histoire, comme si c’était la première fois. La réaction de Jésus veut les aider, et nous aider, à mettre le doigt sur ce qui coince dans la mise en œuvre des plus beaux projets. « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Participer à la mission de Jésus ce n’est pas qu’un moment festif, ou un emballement passager. Les obstacles et les souffrances qui en dépendent sont incontournables. On ne peut pas suivre Jésus en oubliant les épreuves qui accompagnent inévitablement cette mission. A l’image de celui qui veut bâtir une maison, il faut qu’il s’asseye pour mesurer s’il en a les moyens. Etre artisan du Royaume de Dieu, à la suite de Jésus, ne va pas sans souffrance et déchirement. Des souffrances nous en connaissons. Elles font parties de l’expérience de toute vie humaine : physiques ou morales, provoquées par des maladies, des infirmités, des catastrophes, des famines, des conflits, des guerres, la mort d’un être cher ! Il n'est pas facile de parler de la souffrance et de la mort à des gens qui vivent la maladie ou le handicap au quotidien. La souffrance représente le néant et la mort. Elle fait peur. Que de fuites devant des gens qui peinent ! Elle remet en cause des amitiés solides. On n’ose plus aller rencontrer des personnes en deuil ou en fin de vie parce qu’on se sent démuni.

Les paroles mêmes de Jésus, quand il parle de sa Passion et de sa Mort qui le conduiront à la Résurrection sont éclairantes pour nous ce matin.

La première fois que Jésus en parle à ses disciples, Pierre l'arrête et lui demande de parler d'autre chose. Jésus lui répond: "Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes." Ce n’est pas la fuite que Jésus demande, mais faire face.

 La seconde fois, il a tout juste fini de parler, que déjà les disciples discutent entre eux pour savoir qui est le plus grand. Jésus leur dit: "Celui qui veut être le plus grand devra être le dernier et le serviteur de tous."

Enfin, la troisième fois - celle que nous venons de lire ensemble,-aussitôt, Jacques et Jean lui demandent d'avoir les premières places. Ce qu'ils retiennent, c'est bien plus la récompense du passé, que tournés vers l’avenir qui passe à travers la souffrance et la mort. Alors Jésus leur demande: "Etes-vous capables de souffrir comme moi je vais souffrir ?" "Etes-vous capables d'être plongés dans la mort comme moi je marche vers elle ?"

Les dix autres disciples se fâchent car ils sont jaloux et ils voudraient bien eux aussi avoir les meilleures places. Mais les valeurs du Royaume ne sont pas les mêmes que celles de ce monde: "Si quelqu'un veut être le premier, qu’il soit le serviteur de tous." Et ce service entraîne des souffrances et des persécutions.

En ce dimanche des Missions, baptisés, nous sommes tous invités à regarder à quel royaume nous sommes attelés, quelles sont nos priorités, pour quelles raisons acceptons-nous de nous investir? Certainement, nous avons tous de bonnes intentions, mais nous sommes souvent piégés, victimes, enfermés dans nos habitudes, des jugements tous-faits, tributaires d’un environnement où les dés sont faussés d’avance. Par exemple, la semaine passée, nous avons peut être été offusqués qu’un parti politique de Genève traite les travailleurs  qui viennent de France, de « racaille ». Pourtant ce mot avec mépris, fait parti du langage courant chez beaucoup de français ! Que dire de tous ceux qui utilisent la renommée des associations humanitaires pour racketter les donateurs ? Ils s’enrichissent sur la détresse d’autres hommes déjà marqués par la misère et jettent le discrédit sur les bonnes volontés.

L’Evangile appelle au respect et jamais au mépris. A aucun moment, Jésus ne fait de différence entre les hommes. Quand Jésus traite certains pharisiens de « race de vipères », c’est pour leurs actes et non pour leur personne : « Ils disent et ne font pas….Ils chargent les autres sans toucher du doigt… » Jésus débusque leurs complicités avec les grands de ce monde qui est le contraire de l’Evangile. Même nos élus connaissent actuellement l’angoisse du prochain scrutin : le soutien aux faibles n’est pas payant. Tout homme qui se met au service de cette Vérité et de cette Justice, tôt ou tard  sera méprisé, pourchassé par ceux qui ont des intérêts contraires. Mais c’est ce combat pour le Royaume des Enfants de Dieu : royaume de Paix, de Justice et d’Amour qui a de l’avenir, même s’il peut paraître utopique et illusoire pour les éprouvés. Le plus beau cadeau, c’est la Foi, la Confiance : cette certitude profonde que des merveilles se cachent au cœur de la vie la plus banale. L’Evangile est une source permanente de cette lumière qui donne sens et goût à nos vies. Cette Parole invite chacun à un sursaut, à soutenir le boiteux dans sa démarche, à donner la parole au muet….

Par là même, chacun est messager d’une grande nouvelle : le Royaume de Dieu est en vue. Nous sommes des envoyés de ce Royaume.

 

 

Prière Universelle

 

1. Devant le développement de la misère, du chômage et de la marginalité, de nombreuses associations à travers le monde tentent de répondre aux urgences de solidarité. Pour que tous les chrétiens mettent en oeuvre ce en quoi ils croient. Prions le Seigneur.

 

2. Pour nous tous et pour tous les chrétiens qui ont entendu la Bonne Nouvelle de l'Evangile d'aujourd'hui. Pour mieux réaliser que l’avenir de l’humanité grandira grâce au souci de l'ensemble. Aide-nous Seigneur à travailler à ton oeuvre et pas à ce qui nous arrange. Prions le Seigneur.

 

3. Devant les multiples suspicions, accusations, dénigrements des responsables politiques à tous les niveaux, c'est la vie politique elle-même qui est mise en cause. Or le Politique, c'est l'organisation de la vie en société. Ne pas s'en occuper et le dénigrer, c'est laisser la place à tous les gourous. "Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire." C'est l'appel que Jésus nous adresse aujourd'hui. Prions le Seigneur.

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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 08:58

Mille excuses, j'avais mal centré le texte précédent.

28° Dimanche ordinaire - 11 Octobre 09

 

1ère lecture  du livre de la Sagesse 7,7-11

2ème lecture aux Hébreux 4,12-13

 

Evangile de Jésus Christ selon St Marc 10,17-30

 

Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

Jésus lui dit : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Personne n'est bon, sinon Dieu seul.

Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d'adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. »  L'homme répondit : « Maître, j'ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse. » Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l'aimer. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s'en alla tout triste, car il avait de grands biens. Alors Jésus regarde tout autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu!» Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend : « Mes enfants, comme il est difficile d'entrer dans le royaume de Dieu. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. » De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : «Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et répond : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » Pierre se mit à dire à Jésus : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : personne n'aura quitté, à cause de moi et de l'Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre, sans qu'il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.

 

 

"Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?"

C’est la question du jeune homme riche - adressée à Jésus dans l'Evangile d'aujourd'hui. C’est celle d'un honnête homme - en recherche, qui a besoin de repères. Il fait l’admiration de Jésus. Comme il en a l’habitude, Jésus veut rejoindre des personnes qui expriment une recherche : "Que devons-nous faire ?", c’est la demande des publicains, des soldats, de la foule, chacun, suivant sa situation et ses responsabilités professionnelles. Et Jésus invite chacun à un type de conversion. Ce n'est pas la même démarche pour chacun. Jésus appelle à une intelligence des situations concrètes et il refuse la paresse et le confort des slogans qui dispensent de réfléchir. Jésus ne supporterai pas tous ces slogans : « Vu à la télé – Les médias ont dit… » Jésus se situe dans les débats de son temps autour de l'utilisation de l'argent, de la place de la femme dans la société - du sort des malades – des ouvriers de la dernière heure…. Nous pouvons nous émerveiller chez Jésus de sa façon d’accueillir les questions, les situations nouvelles et les questions qu’elles posent. Attentif à l’actualité, aux désarrois, aux fragilités de ceux qu’il rencontre, il n’hésite pas à s’impliquer. Ce qui l’intéresse, c’est la vie concrète des personnes qu’il rencontre sur son chemin : leur devenir, leur épanouissement, leur capacité de grandir….

Tant qu'il y a une question, une interrogation, une recherche, il y a la vie qui s'exprime. Le pire est l'indifférence. Nous le savons bien: la première religion en Europe, c'est l'indifférence. Elle fait plus de mal à la foi que l'incroyance. Suivre le Christ, être chrétien c’est être attentif, curieux, ouverts, à l'écoute du monde et de son époque. Alors comment  être en capacité de rejoindre les interrogations de nos contemporains ?

Les questions ne manquent pas en ce moment. On sent bien que les mutations et les changements suscitent désarrois, inquiétudes, maladies et conduisent même au suicide,  il suffit de suivre les débats autour de la poste, des usines de pneus, de la fermeture de Gandrange, de la cokerie de Carling, des problèmes de la terre et du lait répandu dans les champs…  Des professions entières ne savent plus à quoi elles servent dans la nation et dans l'Europe. La courbe du chômage ne cesse de grandir malgré toutes les promesses et les engagements officiels, et en particulier notre région qui est la plus atteinte.

Comme le jeune homme de l’évangile, avec toutes ces questions, nous pouvons nous demander : Que devons-nous faire pour que la vie soit plus belle et réussie ? On ne peut pas se contenter de belles paroles. Jésus est exigeant tout en respectant la liberté de chacun. « Si tu veux mieux, vends tout ce que tu as et suis-moi. » A nous aussi, Jésus nous dit de ne pas nous contenter de bons sentiments et de belles promesses. Pour le suivre, Jésus nous invite à être présents et acteurs de la vie collective.

Par exemple, nos élus sont obligés de choisir entre les consignes de leur appartenance politique et les intérêts de la population qu’ils représentent. Dans les situations aussi graves, ils ne peuvent pas se contenter de suivre les consignes. Il en va de même pour chacun d’entre nous : dans les situations difficiles « il faut avoir le courage de mouiller sa chemise ». Ainsi, les paysans qui versent le lait dans les champs avec leurs larmes, ne se contentent pas d’attendre un salut qui ne viendra jamais, ils prennent des risques, ils s’organisent, ils font des projets et c’est en cela qu’ils sont humains et fils de Dieu. De même, nous avons pu voir en direct des images d’hommes et de femmes en pleurs parce que licenciés et jetés à la rue. D’autres tellement désemparés se suicident. Mais beaucoup plus encore s’organisent pour empêcher le démantèlement  de leur entreprise et retrouvent par là le chemin de la solidarité et un sens de vie.

C’est dans le même sens que la Commission Sociale des Evêques de France relance cette invitation à tous les chrétiens et les hommes de bonne volonté, de ne jamais lâcher les victimes de nos sociétés modernes. Chrétiens n'avons-nous pas à inventer et à dire une parole d'espérance créatrice qui rappelle qu'il n'y a pas de fatalisme. Dieu compte sur nous tous.

La parole de Jésus, aujourd'hui, n'est pas seulement une invitation au partage et à la solidarité, mais encore un appel personnel à le rejoindre librement. La réponse à cette invitation nous l’amorçons en participant à l'eucharistie. Mais c'est tous les jours, dans le travail et les relations quotidiennes, que ce choix peut s’incarner et se manifester.

L'Eucharistie nous rassemble pour nous transformer en témoins du Christ qui vient rassembler les enfants de Dieu dispersés. Demandons-lui dans notre prière, la sagesse et l'audace qui soutiendront notre réponse à son appel.

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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 08:35

28° Dimanche ordinaire - 11 Octobre 09

 

1ère lecture  du livre de la Sagesse 7,7-11

2ème lecture aux Hébreux 4,12-13

 

Evangile de Jésus Christ selon St Marc 10,17-30

 

Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

Jésus lui dit : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Personne n'est bon, sinon Dieu seul.

Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d'adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. »  L'homme répondit : « Maître, j'ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse. » Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l'aimer. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s'en alla tout triste, car il avait de grands biens. Alors Jésus regarde tout autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu!» Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend : « Mes enfants, comme il est difficile d'entrer dans le royaume de Dieu. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. » De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : «Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et répond : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » Pierre se mit à dire à Jésus : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : personne n'aura quitté, à cause de moi et de l'Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre, sans qu'il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.

 

 

"Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?"

C’est la question du jeune homme riche - adressée à Jésus dans l'Evangile d'aujourd'hui. C’est celle d'un honnête homme - en recherche, qui a besoin de repères. Il fait l’admiration de Jésus. Comme il en a l’habitude, Jésus veut rejoindre des personnes qui expriment une recherche : "Que devons-nous faire ?", c’est la demande des publicains, des soldats, de la foule, chacun, suivant sa situation et ses responsabilités professionnelles. Et Jésus invite chacun à un type de conversion. Ce n'est pas la même démarche pour chacun. Jésus appelle à une intelligence des situations concrètes et il refuse la paresse et le confort des slogans qui dispensent de réfléchir. Jésus ne supporterai pas tous ces slogans : « Vu à la télé – Les médias ont dit… » Jésus se situe dans les débats de son temps autour de l'utilisation de l'argent, de la place de la femme dans la société - du sort des malades – des ouvriers de la dernière heure…. Nous pouvons nous émerveiller chez Jésus de sa façon d’accueillir les questions, les situations nouvelles et les questions qu’elles posent. Attentif à l’actualité, aux désarrois, aux fragilités de ceux qu’il rencontre, il n’hésite pas à s’impliquer. Ce qui l’intéresse, c’est la vie concrète des personnes qu’il rencontre sur son chemin : leur devenir, leur épanouissement, leur capacité de grandir….

Tant qu'il y a une question, une interrogation, une recherche, il y a la vie qui s'exprime. Le pire est l'indifférence. Nous le savons bien: la première religion en Europe, c'est l'indifférence. Elle fait plus de mal à la foi que l'incroyance. Suivre le Christ, être chrétien c’est être attentif, curieux, ouverts, à l'écoute du monde et de son époque. Alors comment  être en capacité de rejoindre les interrogations de nos contemporains ?

Les questions ne manquent pas en ce moment. On sent bien que les mutations et les changements suscitent désarrois, inquiétudes, maladies et conduisent même au suicide,  il suffit de suivre les débats autour de la poste, des usines de pneus, de la fermeture de Gandrange, de la cokerie de Carling, des problèmes de la terre et du lait répandu dans les champs…  Des professions entières ne savent plus à quoi elles servent dans la nation et dans l'Europe. La courbe du chômage ne cesse de grandir malgré toutes les promesses et les engagements officiels, et en particulier notre région qui est la plus atteinte.

Comme le jeune homme de l’évangile, avec toutes ces questions, nous pouvons nous demander : Que devons-nous faire pour que la vie soit plus belle et réussie ? On ne peut pas se contenter de belles paroles. Jésus est exigeant tout en respectant la liberté de chacun. « Si tu veux mieux, vends tout ce que tu as et suis-moi. » A nous aussi, Jésus nous dit de ne pas nous contenter de bons sentiments et de belles promesses. Pour le suivre, Jésus nous invite à être présents et acteurs de la vie collective.

Par exemple, nos élus sont obligés de choisir entre les consignes de leur appartenance politique et les intérêts de la population qu’ils représentent. Dans les situations aussi graves, ils ne peuvent pas se contenter de suivre les consignes. Il en va de même pour chacun d’entre nous : dans les situations difficiles « il faut avoir le courage de mouiller sa chemise ». Ainsi, les paysans qui versent le lait dans les champs avec leurs larmes, ne se contentent pas d’attendre un salut qui ne viendra jamais, ils prennent des risques, ils s’organisent, ils font des projets et c’est en cela qu’ils sont humains et fils de Dieu. De même, nous avons pu voir en direct des images d’hommes et de femmes en pleurs parce que licenciés et jetés à la rue. D’autres tellement désemparés se suicident. Mais beaucoup plus encore s’organisent pour empêcher le démantèlement  de leur entreprise et retrouvent par là le chemin de la solidarité et un sens de vie.

C’est dans le même sens que la Commission Sociale des Evêques de France relance cette invitation à tous les chrétiens et les hommes de bonne volonté, de ne jamais lâcher les victimes de nos sociétés modernes. Chrétiens n'avons-nous pas à inventer et à dire une parole d'espérance créatrice qui rappelle qu'il n'y a pas de fatalisme. Dieu compte sur nous tous.

La parole de Jésus, aujourd'hui, n'est pas seulement une invitation au partage et à la solidarité, mais encore un appel personnel à le rejoindre librement. La réponse à cette invitation nous l’amorçons en participant à l'eucharistie. Mais c'est tous les jours, dans le travail et les relations quotidiennes, que ce choix peut s’incarner et se manifester.

L'Eucharistie nous rassemble pour nous transformer en témoins du Christ qui vient rassembler les enfants de Dieu dispersés. Demandons-lui dans notre prière, la sagesse et l'audace qui soutiendront notre réponse à son appel.

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 16:54

27e dimanche ordinaire  4 octobre 09

1ère lecture du livre de la Genèse 2,18-24

2ème lecture de la lettre aux Hébreux 2,9-11

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10, 2-16

 

Des pharisiens l'abordèrent et pour le mettre à l'épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »  Jésus dit: « Que vous a prescrit Moïse ? »  Ils lui répondirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d'établir un acte de répudiation. »  Jésus répliqua : « C'est en raison de votre endurcissement qu'il a formulé cette loi.  Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme.  A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère,  il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu'un.  Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas! »

De retour à la maison, les disciples l'interrogeaient de nouveau sur cette question.  Il leur répond : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d'adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d'adultère. »

On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement.  Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : «Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.  Amen, je vous le dis : celui qui n'accueille pas le royaume de Dieu à la manière d'un enfant n'y entrera pas.»  Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

 

L’évangile d’aujourd’hui met le doigt sur un des problèmes délicats de notre temps. Le mariage chrétien indissoluble est, en effet, une question très discutée à l’heure présente au nom de deux conceptions très différentes de la liberté. Pour les uns l’engagement sérieux, officiel et solennel d’un époux envers son épouse exige une fidélité sans retour ; pour d’autres, vu les évolutions possibles et inévitables des deux partenaires elle est incompatible avec un engagement entier et définitif. Loin d’être des questions en l’air, ces problèmes bien concrets touchent bon nombre  de nos contemporains, y compris dans nos familles et nos assemblées chrétiennes.

Prêtres, nous sommes interpellés par tous ces couples qui ne ss’arrêtent pas au premier échec et qui ont envie de se reconstruire dans une nouvelle famille.

Le voyage du Pape à Prague a rappelé les heures sombres de l’Eglise souterraine de Tchécoslovaquie, où quarante hommes mariés ont été ordonnés prêtres et quatre évêques mariés. A l’époque du régime répressif, les hommes mariés ordonnés prêtres ou évêques pouvaient passer inaperçus. Pour faire face à l’isolement des chrétiens, l’épiscopat a réagi de façon discrète et cohérente avec la situation du moment. Il s’agissait de la survie du catholicisme dans ce pays. Après la chute du mur de Berlin en 1989, ces prêtres et évêques clandestins ont été reconnus par la population mais mis en difficulté par le Vatican. Pour sauver l’image du célibat du prêtre dans l’Eglise occidentale, le Vatican leur a proposé de passer au rite oriental où les prêtres peuvent être mariés. Pourtant, ces prêtres et évêques ont pris de grands risques pour leur famille en acceptant l’ordination. N’oublions pas que c’est de ce bois là que sont fabriqués les grands saints de l’histoire. Or aujourd’hui on est très discret sur  cette page en pensant qu’elle se terminera avec la mort de ces prêtres et évêques mariés.

La page est tournée. N’a-t-on pas oublié une dimension essentielle dans tous contrats entre Dieu et les hommes ? N’est-ce pas l’histoire dans laquelle Jésus s’est  incarné ? Pour transmettre une belle  image de Dieu, on est obligé de passer par les moyens concrets de la transmission tel que  la matière, la parole, la peinture, l’histoire…..

Ne l’oublions pas, la sexualité est aussi une dimension essentielle de la nature humaine. La relation entre l'homme et la femme  doit nous aider à mieux comprendre pourquoi Dieu s’intéresse à l’humanité. Dans la bible, l’amour du couple a sa source en Dieu. L’amour conjugal est au cœur de toutes les sociétés. Elles ont élaboré des codes autour du mariage.  Aujourd’hui, le texte de la Genèse proposé par la liturgie nous rappelle que l'homme et la femme sont ensemble image et porteur de la vie de Dieu. Pour renvoyer sa femme, selon le Deutéronome, il suffisait de rédiger un billet de répudiation. Pour les juifs c’est devenu la règle. Mais les opinions divergent. Certains pensaient qu'il fallait une faute grave, du type adultère. D'autres pensaient qu'un repas raté suffisait. Sur ce terrain concret, les écoles rabbiniques divergent. Les adversaires de Jésus veulent l’enfermer dans leur façon de voir. Mais, Jésus refuse une lecture partisane. Il se contente de situer la question à un niveau fondamental tout en respectant les aléas de l’histoire par lesquels toutes les personnes sont obligées de passer : « Il les fit homme et femme. A cause de  cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. »  Il s'agit de projet, de relation, pour tout dire « d'amour ». Jésus exprime ainsi le projet de Dieu : l'égalité, la confiance, la réciprocité de l'homme et de la femme, la création de liens durables basés sur le respect et l'amour mutuel.

Jésus rappelle que le mariage exige la fidélité. Etre fidèle l'un à l'autre, ce n'est pas simplement cohabiter. C'est avoir assez de finesse de cœur et d'intelligence, pour sentir les aspirations et les besoins de l'autre. C'est être assez fin pour inventer des voies toujours neuves pour ne pas s'habituer à l'autre, pour voir dans l'autre ce qu'il a de nouveau et de passionnant. Un mariage bien vécu ne rend pas prisonnier, mais plus libre. Mais Jésus sait aussi que rien n’est garanti d’avance, sinon que Dieu nous aime. Ainsi, Jésus rappelle que Moïse a été obligé de respecter les situations difficiles de l’histoire des couples. Et  nous ne  sommes pas dispensés aujourd’hui d’avoir la même attitude. Pourquoi ne pas rappeler l’attitude de Jésus en faveur de la femme adultère, de Marie-Madeleine… ?

La tentation et la réaction première devant les difficultés et les multiples évolutions des couples qui se séparent et se recomposent, on se trouve devant des jugements opposés. Les uns condamnent les jeunes divorcés qui veulent se remarier,  et les autres plus proches de gens en difficultés condamnent les intransigeances des autorités ecclésiales.

Quoiqu’il arrive, ce que Jésus demande à chacun, à nous qui sommes là pour l’écouter, c’est la miséricorde et la compassion à l’égard de ceux qui peinent.

Jésus  va beaucoup plus loin que de simplement nous rappeler l'indissolubilité du mariage. Son message met en valeur toute relation humaine. Elle a une dimension d'éternité et de nouveauté.

Fidèles ou infidèles, unis ou séparés, heureux ou malheureux dans nos amours humains, Dieu saura toujours nous rejoindre. C’est un Dieu fidèle, plein de tendresse et de miséricorde pour ceux qui le cherchent. 

 

 

 

 

 

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