13e dimanche ordinaire « C » 27 juin 10
Première Lecture : 1Rois 19, 16, 19–21
Deuxième Lecture : Galates 5, 1, 13–18
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 9, 51-62
Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. Il envoya des messagers devant lui ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu'il se dirigeait vers Jérusalem.
Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : " Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? " Mais Jésus se retourna et les interpella vivement. Et ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus : " Je te suivrai partout où tu iras. " Jésus lui déclara : " Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l'homme n'a pas d'endroit où reposer la tête. " Il dit à un autre : "Suis-moi. " L'homme répondit :" Permets-moi d'aller d'abord enterrer mon père. " Mais Jésus répliqua : " Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le Règne de Dieu."
Un autre encore lui dit : " Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d'abord faire mes adieux aux gens de ma maison. " Jésus lui répondit : " Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait pour le Royaume de Dieu. "
« Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem ».
Sur cette route qui le menait à son Père, Jésus rencontrera la croix. Même la peur de la mort ne le fera pas devier. Or curieusement, ce Jésus attire : voici trois hommes qui se présentent. Ils sont prêts à suivre le Maître sans bien savoir où il va. A l'un, qui lui dit : "Je te suivrai partout où tu iras", il répond que "les renards ont une tanière, les oiseaux un nid, mais que le Fils de l'homme n'a pas d'endroit où reposer sa tête." Au deuxième qui veut d'abord aller enterrer son père, il répond par cette phrase énigmatique: "Laisse les morts enterrer leurs morts", et au troisième qui veut d'abord faire ses adieux à sa famille, Jésus commande de ne pas regarder en arrière. A chacun il souligne une difficulté qui peut devenir un empêchement à l’objectif premier qui est de le suivre. Chemin faisant, il interpelle tous ceux qui veulent bien l’écouter. A chacun il demande de développer ses qualités pour les mettre aux services des autres. Et au fur et à mesure, les uns et les autres annoncent toutes les bonnes raisons qui les empêchent de le suivre. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation semblable, les plus beaux projets sont toujours contrariés par des empêchements dont il faut faire l’inventaire. Les connaître, c’est mesurer le pour et le contre ; c’est donc aussi vérifier si cela correspond à notre objectif. Il suffit de repenser à tout ce qui a été dit autour de l’équipe des « Bleus ».
Jésus ne minimise pas les difficultés à le suivre. Il respecte la liberté, et fait appel à la conscience de chacun. En faisant des propositions, Jésus invite ses disciples à se déterminer sans parler à la légère. N’avons-nous pas nos excuses et nos empêchements pour le suivre ? Il y a toujours beaucoup de calcul dans nos manières de répondre à toutes les sollicitations. Que chacun regarde ses réflexions quand il est sollicité par des membres de sa famille, par des associations, par des syndicats, et par l’Eglise. Il y a les arguments avancés qui ne font que suivre des façons de faire, ce qui est bien vue pour se justifier et se situer du bon côté.
Et puis, il y a nos vraies motivations, celles qui sont le moteur de notre existence, ce pourquoi on est prêt à s’investir et à risquer sa vie. Ce qui plaît à Jésus, c’est d’être vrai, libre et responsable dans tout ce que nous entreprenons. N’a-t-il pas dit : « Je suis le chemin, la Vérité et la Vie. » Jn 14
Ces trois hommes, ces trois anonymes de l'évangile, c'est vous, c'est moi, à qui le Christ s'adresse ce matin. Son message peut nous sembler dur - et il l'est en effet -, mais, en y réfléchissant un peu, nous nous apercevons qu'il est le seul chemin possible pour accéder à la liberté. Jésus nous invite à prendre courageusement notre vie en main pour lui donner sens et valeur. Pour cela, il faut des renoncements. On ne renonce à quelque chose que pour acquérir quelque chose de plus important. Le renoncement est la condition nécessaire de la liberté. Et le Christ nous propose la liberté. Le premier degré de la liberté, nous dit-il aujourd'hui, c'est de ne pas avoir de "fil à la patte." Pas même un "lieu où reposer sa tête." Donc, indépendance vis-à-vis des "terriers" et des "nids". Combien d'hommes sont emprisonnés par une maison, une situation, des biens matériels, un poste envié, « un parachute doré » qui paralysent tout au lieu d’être une aide et une libération.
Aujourd’hui, devant tant de scandales et d’enrichissements outranciers, beaucoup de citoyens s’inquiètent des conséquences des nouvelles mesures sur leur retraite. Les manifestations du 24 juin illustrent cette inquiétude. Elle est partagée par un grand nombre de personnes qui vivent déjà au bord de la misère. A titre d’exempte : l’augmentation du prix du gaz en France, alors qu’il est en baisse au niveau mondial, a fait 10 000 coupures en 2008 et 100 000 en 2009, il y a déjà 110 000 de janvier à mai et on prévoit 300 000 pour l’année 2010. (RL du 24 06 ) Ces chiffres ne disent pas toute la souffrance vécue dans de nombreuses familles. Même si un certain nombre d’entre nous ne se croient pas touchés pour le moment, peuvent-ils rester indifférents à toutes ces souffrances ?
Sur le chemin qui le mène à Jérusalem, Jésus est très accueillant et compatissant à l’égard de toutes les misères qu’il rencontre. Jésus nous présente le visage d’un homme constamment en marche, résolument tourné vers l’avenir, heureux d’aller à la rencontre de la vie, passionné par le mystère de ce monde. Suivre Jésus, c’est prendre le même chemin avec la même attention. C'est ce que nous souhaitons à tous les chrétiens. Et en particulier à ceux qui recevoir ces-jours-ci l'ordination sacerdotale et diaconale.