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1 avril 2022 5 01 /04 /avril /2022 08:16

 

5° Dimanche de Carême « C » 03 03 22

Première Lecture : Isaïe 43 16–21

Deuxième Lecture : Philippiens 3 8–14

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 8 1–11

« En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

Nous voilà invités à assister à un procès qui sort de l’ordinaire. Les scribes et les pharisiens s’adressent à Jésus comme Juge, pour pouvoir le condamner. En effet, ils veulent se débarrasser de lui par tous les moyens. Mais Jésus, à sa manière, retourne la situation. En les dévisageant, il s’adresse à tous ceux qui se contentent de coller des étiquettes sur le dos des autres. Les étiquettes ne manquent pas, et nous en connaissons une ribambelle comme : « Celui-là, c’est un fainéant ... Untel, c’est un coureur ... une grande gueule ... un escroc ... une prostituée …..un Rom…..». Or, n’oublions pas que toutes ces personnes ont aussi des qualités insoupçonnées.

Dans ce récit, nous avons à faire à une personne qui n’a pas de nom. Ceux qui la traînent devant Jésus parlent de la « femme adultère ». « Or, dans la loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Nous savons déjà que les rôles vont être inversés : scribes et pharisiens sont sûrs de pouvoir coincer Jésus, quel que soit sa réponse. « Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Ainsi, Jésus s’adresse à la conscience de chacun. Avant de condamner, il faut commencer par se regarder soi-même et se poser la question : Qui suis-je pour juger et condamner quelqu’un ?

Les voilà donc : ils font comparaître en ‘’Flagrant Délit d’Adultère’’ devant celui qu’ils ont désigné comme leur victime. Car Jésus, c’est l’homme à abattre et, pour y arriver, ils vont utiliser cette femme-là. La précision est importante : cette femme ne les intéresse pas, ce n’est qu’une femme-objet. Ce qui leur importe, c’est de coincer Jésus dans le choix qu’ils lui imposent. Ou bien il vote l’impunité, et alors il s’oppose à la Loi et il se condamne lui-même à mort. Ou bien il souscrit à la sentence de lapidation, et alors il se contredit lui-même, et son message d’amour. Leur démarche est tellement tordue qu’ils n’utilisent la loi que dans son aspect le plus macho ; au Livre du Lévitique 20, 10 il est écrit : « En cas d’adultère, ils seront mis à mort tous les deux, l’homme et la femme ». On ne parle pas de l’homme. Ça va, on a compris, et ils se retirèrent les uns après les autres en commençant par les plus âgés. Quant à Jésus, il est désappointé devant ces réactions primaires qui ne laissent aucune place à ce qui est humain. La miséricorde n’a pas de place dans ce procès.

Le regard de Jésus est tourné vers son Père qui met toujours en valeur ce qu’il y a de plus beau et de plus grand dans l’humain, et dans la dignité abusée de la femme qui est là devant lui. 

Que de gâchis autour de nous où tant de personnes sont méprisées et réduites à n’être que des objets. Il suffit de penser à toutes ces victimes innocentes en Ukraine et Russie, à tous ces otages décapités, ces milliers de migrants agglutinés aux barbelés et ceux qui pataugent dans la boue. Sans faire un étalage des misères du monde, que chacun regarde bien autour de lui avec un cœur compatissant. Car, il n’y a rien de plus beau et de plus dynamisant que d’être reconnu, aimé, respecté dans sa dignité d’homme et de femme.

Que ce temps de carême nous aide à faire disparaître de nos horizons tous les classements, les étiquettes et les jugements tout faits, et reconnaître en chacun des enfants de Dieu. On n’a jamais le droit d’utiliser la vie d’une personne pour ses intérêts personnels. Il s’agit d’une conversion à laquelle nous sommes tous appelés. Cette conversion doit nous amener à servir l’espérance et la liberté d’un chacun. Et ce sera aussi pour chacun l’occasion de repartir, comme la femme adultère, vers un avenir nouveau. Le temps des combines et des paradis fiscaux devrait se terminer pour faire place à la justice et à la dignité de chacun.

 

Prochaine homélie : PAQUES !

Avec la lecture de la passion du Christ en ce jour des Rameaux, il y a de quoi méditer et des remises en question à faire pour un mieux « VIVRE ENSEMBLE ! »

 

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21 mars 2022 1 21 /03 /mars /2022 06:48

4°dimanche de Carême « C » 27 03 22

Première Lecture : Josué 5 9–12

Deuxième Lecture : 2Corinthiens 5 17–21

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 15 1–32

 

« En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. « Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. « Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

           

Je ne vous cache pas, j’affectionne particulièrement cette parabole, parce qu’elle me révèle l’Amour infini d’un père qui ne peut être que Dieu. Ce témoignage d’un père qui sait accueillir son fils, les bras grands ouverts, me fait penser à cette maman qui dit à son fils en prison : « Je suis ta mère, je ne t’abandonne pas ! » Or, dans ce passage d’évangile nous voyons « les pharisiens et les scribes récriminaient contre Lui - Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »  C’est très clair pour eux, Jésus place la dimension sociale avant le culte. Le frère est plus important que l’autel. « On le trouve souvent chez les gens sans foi ni loi, plutôt qu’au Temple ou à la synagogue. » Autrement dit: l’évangélisation doit toujours passer avant toute célébration.

Regardons avec confiance ce Père tendre et miséricordieux. Ce fils ressemble à combien de nos jeunes qui ont envie de vivre, de s’éclater, de faire le tour du monde…Le plus jeune fils vient le trouver pour recevoir sa part de fortune qui lui revient. Le père lui donne sans rien dire et il le laisse partir. Nous avons là une première leçon sur l’amour de Dieu, sur sa miséricorde : Dieu nous aime tellement que cet amour n’est pas captateur. Il nous laisse libre d’user de nos droits même celui de lui tourner le dos ! Même celui de le renier ! Dieu nous a créé libres tout en désirant que nous l’aimions, mais il veut que cette décision de l’aimer soit une décision libre de notre part !

La seconde leçon que nous pouvons tirer sur la miséricorde du Père est qu’il attend que nous soyons prêts à revenir vers lui. Ce père attend, il espère, il guette son retour. Aussi longtemps que tu as de l’argent, tu es entouré de nombreux « amis ». Une fois tout dilapidé, ce fils se retrouve nu comme un ver….dans le « désert » de sa vie. Faut-il en arriver à ce stade pour prendre conscience de ses errements ? Réduit à garder les cochons pour survivre, il prend conscience dans les larmes : « Alors il rentra en lui-même et se dit : « Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers. »  Le père s’émeut et accourt pour se jeter dans les bras de son fils. Celui-ci a à peine le temps de dire : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. » que le père lui dit : « Tais-toi, laisse-moi goûter le bonheur du fils retrouvé. » Il le restaure dans sa dignité de fils. Ce jeune homme qui revient est son fils et il l’aime. C’est lui qui l’a engendré, qui lui a donné la vie, comment ne serait-il pas remué aux entrailles face à la misère de celui qui revient humblement, tête baissée ? Dieu nous aime comme ses enfants. Il nous laisse notre liberté mais cela ne diminue en rien l’affection qu’il nous porte.

Troisième leçon sur la miséricorde : le Père rétablit son enfant dans sa dignité de fils et il fait même une fête « car il y a une grande joie dans son cœur, dans sa maison. Son fils était perdu et il est retrouvé. C’est une victoire pour la miséricorde. Cette joie n’est pas seulement une joie intérieure, mais elle est pour tout le monde et les serviteurs vont préparer le repas. »  La joie du père, sa miséricorde déborde. Elle est pour son fils mais tous en profitent. La joie qui émane du cœur de Dieu n’est pas qu’une joie égoïste, elle rejaillit sur tous ceux qui sont dans la maison quel que soit leur mission.

La quatrième leçon sur la miséricorde est dans la rencontre avec le fils ainé. Celui-ci ne comprend pas l’attitude de son père vis-à-vis de son frère qui a tout gaspillé. Nous aurions certainement eu la même réaction que le fils aîné ! Lui, il est resté fidèle et a travaillé pour son père sans relâche, pourquoi n’a-t-il pas le droit à une fête lui aussi ? Le retour de son frère et l’accueil que lui a réservé son père le dépassent. Là encore l’attitude du père est magnifique : il sort à la rencontre de ce fils aîné. Il se met presque à genoux pour le supplier d’entrer et de se joindre à la fête, d’accueillir la joie qui jaillit de son cœur de père.

Sommes-nous encore capables d’apprécier, à l’image de cette parabole, que Dieu est toujours là à nous attendre et à nous offrir son pardon quand nous reconnaissons nos limites et nos faiblesses ! Alors, quelle joie de pouvoir découvrir et emprunter des chemins de vie. Merci Seigneur, de nous avoir fait découvrir ce matin, la tendresse et la miséricorde sans limite de notre Père.

 

 

 

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9 mars 2022 3 09 /03 /mars /2022 07:00

          

                                    2° DIMANCHE DE CARÊME « C » 13 03 22

 

Première Lecture : Genèse 15 5-18

Deuxième Lecture : Philippiens 3 17-41

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 9, 28-36

 

« En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu. »

 

Ces dernières semaines nous ont révélé, que ce qui nous paraissait impossible depuis 80 ans, est devenu une dure réalité : la guerre Russie-Ukraine avec la menace du nucléaire. Toute l’Europe a été terrorisée par ce que les médias ont diffusé à longueur de journée : les bombardements, les victimes, l’exode de milliers de familles vers d’autres pays. Tout ce qu’il faut pour déprimer et pleurer !

Mais quel bonheur de voir apparaître, depuis huit jours, les rayons du soleil qui redonnent relief, couleurs, vitalité, on devine les premiers signes du printemps. Signe que la VIE est plus forte que la mort, et l’AMOUR plus fort que nos violences !

 

En écoutant l’évangile de ce jour n’y a-t-il pas une similitude avec notre quotidien ? Dans le passage d’évangile que nous venons d’entendre, St Luc décrit un moment fort pour Jésus et trois de ses disciples. Il se rend bien compte que sa marche vers Jérusalem le mènera jusqu’à la mort. Jésus, comme ses disciples, avait besoin de perspectives. Alors, Jésus fait un détour par la montagne (aujourd’hui le Mont Thabor), en emmenant Pierre, Jacques et Jean pour se préparer à vivre au mieux le drame qui va se dérouler à Jérusalem.

 

Dans la grisaille du quotidien, comme il est bon de percevoir un rayon de soleil qui redonne courage et espérance. La vie que mènent les apôtres aux côtés de Jésus n’est pas de tout repos. Et le plus dur reste à faire: la dure épreuve de la passion. Alors, Jésus va leur faire, ce matin-là, une surprise exceptionnelle.

Prenant avec lui ceux qui seront un jour les témoins de son visage défiguré de Gethsémani, il va leur révéler un Homme nouveau, rayonnant, transfiguré. Ce sont les premiers signes d’une vie nouvelle, qu’on appellera la « Résurrection ».

Pour Pierre, Jacques et Jean, ce jour-là, c’est un petit coin de paradis qui se laisse entrevoir, comme un avant-goût du ciel.

 

La Transfiguration de Jésus est une déchirure dans le voile qui nous cache l’Au-delà. Et les apôtres sont sidérés, stupéfaits, éblouis, émerveillés. Ils font une expérience nouvelle de la place de Jésus, comme Fils de Dieu. Jusque là, Jésus était un compagnon de route qui les avait entraînés à sa suite. Tout à coup, ils découvrent un autre aspect de sa présence. La voix du Père, qui déclare son amour pour Jésus son Fils, assure et certifie cette découverte. « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »

 

En plus de cette révélation, voici qu'apparaissent : Moïse et Elie. C’est alors que les apôtres réalisent que l’enseignement de Jésus se situe bien dans la grande tradition du peuple Hébreux. A savoir, Moïse qui a conduit le peuple Hébreux de l’esclavage à la liberté. Et Elie, symbole de tous les prophètes qui ont annoncé un Royaume nouveau. Jésus est celui qui révèle que ce Nouveau Royaume est déjà au milieu de nous.

 

La liturgie de ce temps de carême nous invite à réfléchir à partir des événements vécus par Jésus et ses apôtres. Comme eux, nous sommes marqués par les difficultés et les épreuves de notre temps. Il y a celles qui nous touchent personnellement : la santé, le moral, le travail, les moyens de subsistances. Il y a aussi tout ce qui contrarie la vie de nos proches. Et puis, tout ce qui marque nos sociétés : la misère, la guerre, les otages, la pollution, les trafics etc. D’un côté, il y a tout ce qui écrase les hommes. Mais d’un autre côté, il ne faut pas oublier tous ceux qui se remuent pour les soutenir et chercher des chemins nouveaux.

 

Le chemin qui nous mène à Pâques doit s’éclairer par une clarté plus forte que nos épreuves. Ne croyez-vous pas que les peuples, qui vivent l’exode, et ils sont des milliers sur les routes de par le monde, ont besoin de voir des signes de paix pour espérer malgré la douleur qui les fait crier « Justice –Paix » ? Ce qui donne force, c’est l’Amour, c’est Dieu lui-même, puisque Dieu est Amour. Ça nous oblige à rectifier nos façons de voir Dieu. Sœur Térésa, parmi tant d’autres, a été un témoin dans des situations dramatiques. Je propose quelques expressions qu’elle nous a laissées. Elles peuvent aussi nous éclairer dans notre marche vers Pâques aujourd’hui :

« La plus grande souffrance est de se sentir seul, sans amour, abandonné de tous…

Ce qui compte ce n'est pas ce que l'on donne, mais l'amour avec lequel on donne…..»

 

Pour mieux percevoir les signes qui nous sont donnés, il faut prendre le temps de la réflexion avec d’autres, de l’admiration et de l’appréciation de toutes les chances reçues. Après on peut mieux mesurer sur qui et sur quoi compter. On aura également la force et le courage de relever, à notre tour, les défis qui se présentent. Car c’est aussi à chacun de nous que Dieu dit : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ». 

 

 

 

 

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28 février 2022 1 28 /02 /février /2022 15:27

1er dimanche de Carême « C » 06 03 22

 

Première Lecture : Deutéronome 26 4–10

Deuxième Lecture : Romains 10 8–13

Évangile de Jésus Christ selon St  Luc 4 1–13

 

« En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. » Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. » Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. »

Depuis deux ans, le Covid19 nous a privés de la liesse du carnaval, surtout dans notre région frontalière. Je suis persuadé que beaucoup d’entre nous ne connaissent plus l’origine de ce temps festif. Comme à Rio, à Venise, à Nice et en bien d’autres endroits, le carnaval attire des défilés et des foules assoiffées de fête. Le carnaval et la mi-carême sont déconnectés de leur origine chrétienne, c’est pourquoi la préparation des fêtes de Pâques passe inaperçue. Le 2 avril prochain, on souhaitera plus facilement aux musulmans un bon Ramadan, qu’un bon carême aux chrétiens. Traditionnellement le carême était proposé dans une société stable et bien structurée. L’Eglise proposait de réfléchir, de prier, de jeûner  et de faire des efforts en mettant l’accent sur la santé physique des personnes et leur vie ensemble.

Aujourd’hui, comment vivre ce temps fort ? On ne va pas se contenter d’imiter les coutumes du passé, mais il nous faut organiser une conduite adaptée au temps présent.

Comme jadis, il nous faut reprendre deux aspects essentiels :

- Comment nous pouvons reconnaître, que Dieu est proche de nous aujourd’hui ?

- Que faire pour construire la paix dans une société déchirée, individualiste et construire un monde solidaire ? Faire la guerre, comme en ce moment entre la Russie et l’Ukraine, c’est l’échec de la politique. Je ne connais pas d’autres chemins pour faire la paix que le dialogue entre les responsables politiques ? La paix est une relation de bien-vivre ensemble, solide et durable, basée sur le respect, le dialogue, la sérénité, la cordialité, le pardon et la bonne intelligence entre humains. Elle est fondée autant sur l'expression du cœur que sur la raison. C'est par la chaleur humaine « Mit Fühlen » qu’on peut transcender la violence.

Alors, comment arriver à mieux prendre conscience de la proximité de Dieu dans nos vies ? Un des moyens est sûrement celui de refaire « l’expérience du désert ».

Mais « Expérience du désert », cela veut dire quoi ?

C’est le lieu d’une expérience unique. Le peuple Hébreux, après 40 ans  d’ « errance », vers la Terre promise, est passé de l’esclavage à la liberté. C’est ça la Pâque Juive ! Et avant d’entreprendre sa mission, Jésus lui-même entre dans cette démarche et fait ainsi l’expérience du désert. Après son baptême dans le Jourdain, Jésus passe 40 jours dans le désert, pour se préparer à la mission que son Père lui a confiée.

Le désert est un lieu de solitude, de dénuement, de silence où peut apparaître ce que nous sommes en vérité.  Le désert est un lieu où on n’est pas distrait par de multiples préoccupations et où on laisse de la place pour faire l’expérience de Dieu. Le désert invite à la méditation et au recueillement. Il permet de se rendre compte de la fragilité et de la relativité de tant de choses qui ont occupé toute la  place par nos préoccupations. Cette prise de conscience est essentielle pour mesurer l’enjeu de l‘aujourd’hui.

Or, qu’est-ce qui se passe aujourd’hui chez nous et dans le vaste monde ?

Il y a bien sûr de belles réussites, dont nous sommes témoins, qui donnent du courage et qui invitent à apprécier la vie avec d’autres. Mais en même temps, nous sommes témoins de tout un malaise lié à la force du mal: jamais on n’a vendu autant d’armes pour impressionner et tuer – pour remettre en cause des liens tissés depuis des décennies entre les nations. Ce malaise se ressent à l’approche des élections présidentielles. On oublie que notre avenir en dépend, et combien n’iront pas voter ? Et il y a les crimes perpétrés par toutes sortes d’attentats – la guerre est la principale responsable de la faim dans le monde. « Le CCFD dénonce que sur les 821 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde, 489 millions vivent dans les pays en conflits. »

C’est dans toutes ces réalités évoquées, que se joue maintenant notre carême. Il s’agit de promouvoir la dignité de l’Homme, malgré ses fragilités, dans la vie d’aujourd’hui. D’où l’importance de se retrouver avec nos diversités et notre foi pour réfléchir et chercher des chemins de paix.

Dans nos vies surchargées, sollicitées et agitées, et où plane la menace nucléaire, il est essentiel de prendre du recul pour mettre fin à cette trépidante vie qui nous mène à la déprime. Cette démarche est « thérapeutique » et spirituellement nécessaire pour vivre en Homme libre et responsable. Cela ne peut pas se faire sans trouver des moments de calme, de silence, de « retraite »,  de méditation, d’échange et de recherche, mais aussi de prières. Pour le temps des vacances ou d’autres projets, nous savons trouver le temps pour chercher sur Internet, le lieu de vacances qui nous conviendra le mieux. Alors pour ce temps du carême, faisons marcher notre imagination. L’Église nous invite à trouver du temps et des moyens pendant ces quarante jours de grâce pour renaître à une vie nouvelle au matin de Pâques.

Maintenant, il importe que chacun s’engage courageusement dans un monde solidaire. Nous n’avons qu’à ouvrir tout grand nos yeux, nos oreilles et notre cœur et nous saurons où et comment Dieu, à travers les cris des hommes, nous appelle à être des semeurs de paix.      CAR’AIME la VIE !

      .

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23 février 2022 3 23 /02 /février /2022 07:10

8° Dimanche du Tps Ord « C » 27 02 22

1ère Lect. Du livre de Ben Sirac le Sage (27, 47)

2ème lect. Saint Paul apôtre aux Corinthiens (15, 54-58)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (6, 39-45)

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. »

 

A quelques jours du mercredi des cendres, les textes bibliques que nous venons d’entendre, vont nous aider à entrer dans une démarche de conversion, à être VRAI, déjà avec nous-mêmes. Ils nous invitent au discernement et à l’humilité. Dans la première lecture, Ben Sirac le Sage nous parle du « tamis » qui filtre les déchets. Nous avons, nous aussi, à faire le tri dans notre vie : pensons à tous ces bavardages futiles qui ne mènent bien souvent à rien, ces publicités tapageuses, ces slogans que nous entendons à longueur de journée en cette période électorale. Tout cela nous empêche de voir clair dans notre vie. Certaines paroles, certains commérages révèlent l’étroitesse d’esprit de celui qui les prononce, sans discernement, sans recul.

Dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous met en garde contre un esprit hypocrite, qui nous empêcherait d’apprécier les autres, et nous-mêmes avec justesse. « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? » Dans la foule, Jésus interpelle d’abord ceux qui se présentent comme les guides du peuple : scribes, prêtres et pharisiens… mais ce qu’il leur dit vaut pour chacun de nous. En effet, chacun a une part de responsabilité pour éduquer, pour témoigner et parfois pour juger et décider. Et pourtant, chacun se donne le droit de juger les autres personnes et d’intervenir dans leur vie, sans toujours mesurer ce qui est juste ou faux. Mais sommes-nous en mesure de le faire avec respect ? Comme le dit le pape François : « Qui suis-je pour juger ? » Aujourd’hui, la parole de Jésus nous invite à estimer la qualité de notre VIE.  Si tout nous semble sombre, c’est peut-être que nous sommes en phase de déprime, où tout nous paraît moche. Alors nous risquons de ne pas pouvoir apprécier le jour nouveau et ses couleurs. Plus encore, un regard faux peut nous donner un esprit faux. Et Jésus nous dit qu’il y a  « une poutre dans ton œil ». N’est-ce pas cela qui nous empêche de voir ce qui est vrai, beau et d’en rester à ce qui nous arrange.  

Le Pape François a pointé du doigt et dénoncé les « hypocrites » qui mènent des « vies cachées et souvent dissolues ». Ceux qui « maquillent l’âme et qui vivent de maquillage ». Le « mensonge » érigé en système qui fait « beaucoup de mal, l’hypocrisie fait beaucoup de mal : c’est une façon de vivre. » Faites ce que je dis, pas ce que je fais ! »  C’est pourquoi, nous dit Jésus, enlève d’abord la poutre, qui est dans ton œil.

Les sages d’hier et d’aujourd’hui, nous redisent comme Jésus : nous n’avons de pouvoir que sur nous-mêmes, et nous savons combien ce pouvoir est lui-même limité à cause de nos fragilités et de nos manques de courage. En tout cas, dans la vie relationnelle nous n’avons pas à vouloir changer l’autre.  Nous devons veiller à nous construire et à nous améliorer pour faire advenir  la justice, la bonté et la paix. Pour ce faire, chacun doit se donner de la peine pour se convertir, alors, les témoins seront peut être attirés  pour prendre le relais. C’est ainsi que Dieu agit pour chacun de nous,  et avec quelle patience !

À quoi reconnaît-on un arbre  bon ? Bien sûr, à ses fruits ! Ce sont là des critères de valeurs pour nous-mêmes, pour nos communautés et pour les propositions qui nous sont faites. Ben Sirac le Sage, bien avant Jésus avait conseillé d’y être attentif. Nous pouvons certes, jusqu’à un certain point, maquiller nos paroles, camoufler nos actes mauvais, faire le beau. Jésus, si bon pour les pécheurs, a des paroles très dures à l’égard des hypocrites. Des paroles qui pourraient les guérir, mais ce n’est pas possible tant qu’ils ne reconnaissent pas leur hypocrisie. Mais Jésus a aussi des paroles qui veulent protéger les petits contre les hypocrites Quoi qu’il en soit, les paroles et les actes finissent toujours par révéler celui qui les utilise. Je pense que le dicton : « dis-moi qui tu hantes, je te dirais qui tu es » est toujours d’actualité.

Tout au long de l’histoire humaine Dieu a suscité des sages comme Ben Sirac, des prophètes, des gens crédibles, et il a envoyé son Fils Jésus pour nous rendre attentif à toutes sortes de mensonges, qui tuent la confiance. Des hommes bons, nous en avons rencontrés dans notre vie. Nous les avons reconnus à la beauté et à la bonté qu’ils ont fait naître en nous et autour d’eux. Ils sont le reflet – à leur insu d’ailleurs – de ce Dieu qui seul est vraiment bon. Dieu a une tendresse particulière pour ceux qui reflètent sa bonté ou qui font tout ce qu’ils peuvent pour  en témoigner.  

« Donne-nous Seigneur un cœur nouveau, mets en nous Seigneur un esprit nouveau. »

 

 

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16 février 2022 3 16 /02 /février /2022 07:36

7° Dimanche du Tps Ord « C » 20 Février 22

1ère lect. du livre de Samuel (26, 2. 7-9. 12-13. 22-23)

2ème lect.de St Paul apôtre aux Corinthiens (15, 4549)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (6, 27-38)

« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres, servira de mesure aussi pour vous. »

 

« Aimez vos ennemis… Faites du bien à ceux qui vous haïssent… » L’évangéliste St Luc ne relève pas les réactions des auditeurs de Jésus. Comme en d’autres circonstances, certains ont dû s’en aller en disant : « il exagère…. il ne se rend pas compte de ce qu’il demande…il rêve… » Nous sommes parfois tentés de dire et d’en faire autant ! Là, tu nous demandes l’impossible ! Comment aimer celui qui me poursuit de sa méchanceté ? Comment faire du bien à celui qui me cause du tort ? Faut-il rappeler le voleur pour lui donner en plus ce qu’il n’a pas pris ?

Dites-moi, comment vivre en chrétien, dans ce monde où règnent tant de violences, d’hostilités et même de haines ?

Dans ce contexte, l’Evangile d’aujourd’hui ne nous paraît-il pas complètement utopique, à « côté de la plaque ». « A celui qui te frappe sur une joue, tend lui l’autre. A celui qui te vole ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique ». Où allons-nous avec de tels principes ? Je pense aux chrétiens Palestiniens, aux chrétiens en pays musulman… à qui cet évangile est annoncé aujourd’hui. Je serais certainement mal à l’aise à en parler.

Frères et sœurs, chaque fois que le Christ nous rappelle les exigences de Dieu, on se fait un malin plaisir de les tourner en dérision. C’est une manière hypocrite de se donner bonne conscience. Ne tombons pas dans ce travers. Jésus aime s’exprimer parfois en paradoxes et par images pour faire choc. En quelque sorte, il nous booste pour nous faire découvrir la nouveauté de son message. Il met fin à la loi du Talion : « œil pour œil, dent pour dent. » Il nous fait découvrir le cœur de son Père qui ne connaît que l’AMOUR !

Jésus ne nous demande pas de ne pas nous défendre contre les autres, ni d’être comme des moutons qui se laissent tondre sans rien dire. Ce ne serait pas là de la douceur évangélique, mais plutôt de la peur, de la lâcheté, un manque de courage et de dignité qui ne ferait qu’encourager chez les autres le vice et la violence. Durant sa passion, quand il a été frappé, Jésus n’a pas tendu l’autre joue – il a répondu, mais il a répondu sans haine et sans esprit de vengeance. Il fait appel à la responsabilité : « pourquoi me frappes-tu? »

Dans ce monde de violences et de conflits, il nous faut toujours rester animés par un esprit constructif de justice, d’amour et de réconciliation. En répondant au mal et à la haine par la justice et l’amour, on brise le cercle infernal de la vengeance et de la violence. « Aimez vos ennemis. Faites du bien à ceux qui vous haïssent. » Aimer ses ennemis n'est pas, pour l'ordinaire, affaire de sentiment. On peut bouillir intérieurement et maîtriser sa conduite; dire à l'autre ce que l'on pense, mais dans le respect de sa personne. Supporter quelqu'un est une forme fréquente de cet amour de l'ennemi. Les mots de Jésus prennent leur vrai relief lorsque nous les personnalisons: Quelle est mon attitude envers tel collègue, tel voisin, tel de mes proches, tel parti... qui ne pense pas comme moi, qui m'agace, qui m'a fait une crasse... ? La force du pardon nous vient de Dieu à l’exemple du Christ qui nous offre son pardon. Il a accordé son pardon à la Samaritaine, à Zachée, à la femme adultère. « Personne ne t’a condamnée ? Moi non plus. Va, et ne pèche plus. » Du haut de la croix il nous donne l’ultime témoignage du pardon à ceux qui l’ont condamné à mort, arrêté, vendu, trahi et mis à mort : « Père pardonnez leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ».

En somme, quand Jésus nous demande d'aimer nos ennemis, il nous demande de tuer en nous toute envie de haïr, de détruire, de mépriser l'autre. Car aimer l'autre, même un ennemi éventuel, c'est la meilleure façon de ne jamais en faire un ennemi véritable, qu'il faudrait tuer.

L'eucharistie est un des lieux favorables du pardon. Prions avec plus de conscience la prière de réconciliation : « Je confesse à Dieu…oui, j’ai vraiment péché ». Ainsi que celle avant la communion : « Seigneur je ne suis pas digne… ». Préserve-nous de juger et de condamner. Que nous fassions le bien sans attendre de récompense.

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9 février 2022 3 09 /02 /février /2022 09:13

6e dimanche ordinaire 13 Février 2022

 

Première Lecture : Jérémie 17 5–8

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 15 12–20

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 6, 17-26

 

« En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. « Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! « Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

 

Frères et sœurs, je me vois mal proclamer : « Heureux, vous les pauvres...»«Heureux, vous qui avez faim maintenant...» «Heureux, vous qui pleurez maintenant...» alors que tant de personnes et de peuples connaissent la misère. Je vous avoue que ça me reste en travers de la gorge, SI je ne cherche pas à comprendre la pensée de Jésus !

Nous le savons, il existe plusieurs sortes de pauvreté et plusieurs sortes de faim. Notre vie peut être marquée par les pleurs,  la maladie, les catastrophes, et tout ce qui  mène au désespoir….

A première vue, ce langage peut paraître déconcertant et paradoxal. Mais quel est ce bonheur dont parle Jésus ? Jésus parle d'un Dieu qui promet le bonheur à tous ceux et celles dont l'existence est lourde à porter. Il parle de ce bonheur qui vient de Dieu et dont Jésus a été le témoin. De nos jours, le bonheur semble davantage tourné vers la consommation et l’immédiat du plaisir. Le critère du bonheur aujourd’hui est la réussite, la performance dans tous les domaines. Le tout est de présenter un visage heureux. : « Je réussis mieux que les autres ». L’image de la réussite que nous impose la société est telle qu’un aveu de non-bonheur équivaut à celui d’avoir échoué sa vie.

Mais la vie ne devient-elle pas insupportable, lorsque l’homme n’est plus jugé que par cette loi du plus beau, du plus fort, du chanceux, du gagneur ? Dès la quatrième place, vous ne valez plus rien. Qu’en est-il alors pour ceux qui occupent la 10ème ou la 20ème place? Plus personne ne parle de vous. C’est ce qui se passe actuellement avec les JO de Pékin. Et qu’en est-il de ceux qui n’ont même pas la chance de pouvoir concourir ? Qu’en est-il des malades, des handicapés et des faibles ? Qui leur donne une chance ? Qui les aide à gravir ne serait-ce que la première marche ? Pourquoi avons-nous ce besoin de tout classer en bon ou mauvais ? Sommes-nous conscients que nous influençons considérablement les enfants en leur disant sans cesse qu’ils sont des « bons à rien ».  Même si c’est dans l’intention de les stimuler, que retiennent-ils ? Se faire traiter continuellement de nul ne peut pas aider à réagir et à grandir.
 

Quand Jésus dit « Heureux » à tous ceux qui n’y croient plus au bonheur, c’est un message de combat et d’espérance, où les contraintes du monde présent sont le terreau de notre espérance. Sans ces contraintes et ces limites, la foi n’a plus de raisons d’être, elle n’a plus de dynamisme à faire vivre. Et l’espérance ne peut plus fleurir, parce qu’elle est figée. Les mots de Jésus ouvrent une fenêtre sur le bonheur qu'il promet. Ces mots doivent habiter notre cœur. Ces mots doivent travailler notre cœur. Le Christ s’est adressé à des personnes vivant dans des contraintes insurmontables. Il n’a pas parlé à la légère, au contraire, il a mesuré le poids de leur existence. Quand il s’adresse à ceux qui sont pauvres, à ceux qui ont faim, à ceux qui pleurent, à ceux qui sont méprisés et repoussés, il réveille en eux une vie cachée, une vie qui a de l’avenir, qui n’est pas enfermée dans ses malheurs. Si vous ne voyez que le négatif, il y a de fortes chances d’aller tout droit vers la déprime. Et quand il s’adresse à ceux qui sont riches, aux repus, à ceux qui rient, à ceux qui sont honorés de flatterie, il leur rappelle quelque chose d’essentiel : ce qui vous réjouit aujourd’hui n’est qu’une anecdote dans votre existence.

Aux uns et aux autres, il rappelle qu’ils sont de la famille de Dieu.  Quand Jésus invite à vivre dans un monde nouveau, il ne parle pas d’un au-delà étranger à aujourd’hui. Il parle d’une dimension d’aujourd’hui que nous ne savons pas voir encore.

La foi en sa Parole nous aide à percevoir que  ceux qui ont faim et qui pleurent sont mieux placés que les autres pour estimer la Vie. Et ceux qui n’ont jamais connu la souffrance, ni le manque d’argent ne peuvent pas comprendre ceux qui peinent et qui espèrent des lendemains meilleurs. Oui, ils sont bien « Malheureux » ceux qui se contentent de leur semblant de bonheur, qui se suffisent à eux-mêmes. Le bonheur de Dieu leur échappe.

Les béatitudes sont une invitation permanente à une ouverture, à une disponibilité, à un esprit chercheur de paix et de réconciliation. Si ces paroles de Jésus pouvaient prendre racine dans l’existence de tous ceux qui les ont entendues, alors il y aurait beaucoup de bonheur à partager.

 

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2 février 2022 3 02 /02 /février /2022 08:55

5e dimanche du Tps Ord « C » 06 02 22

Première Lecture : Isaïe 6 1–8

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 15 1–11

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 5, 1-11

« En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. À cette vue, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. »

 

Permettez-moi d’exprimer, à la fois, mon émerveillement devant « Cette foule qui se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu », et ma question : comment se fait-il que cette même Parole qui a suscité tant d’élan, tant de déplacements de foules n’a plus cette même emprise sur les chrétiens de nos régions qui désertent nos Eglises ? Nous vivons certainement un tournant important dans notre histoire chrétienne, comme celui « du vivre ensemble » ou encore de la politique et de l’économie. Ce n’est plus comme avant !

Pourtant nous avons connu un « souffle divin » lorsque le St pape Jean XXIII a ouvert le Concile Vatican II en reprenant les paroles de cet évangile : « Avance vers le large et jetez vos filets pour la pêche. » En d’autres termes, le pape avait conscience que l’Eglise était enfermée dans les coutumes et les contraintes du passé. Alors il invite tous les chrétiens à se mobiliser autour de la vie des Hommes de ce temps. C’est l’heure de l’audace, de la mission et de l’action.

Comme au temps de Jésus, au temps du St pape Jean XXIII, de même qu’aujourd’hui, Dieu n’a pas besoin « d’adorateurs », mais des prophètes qui mettent son message, sa Bonne Nouvelle à la portée du tout-venant. Jésus s’est fait serviteur de ses frères et non maître de la loi.

Rejeté à Nazareth par les siens, Jésus s’en va au carrefour des nations, à savoir Capharnaüm. Il vient là, où les gens vivent, travaillent, se rencontrent, se croisent, échangent, font du commerce. Et là, l’évangéliste Luc souligne deux points essentiels : « il les instruit et il les renvoie à nouveau à la pêche ».

Jésus tient un langage simple, se servant bien souvent des paraboles tirées de la vie des gens de son époque. Et à partir de leur savoir-faire, de leur connaissance, mais aussi de ce qu’ils vivent de difficile, Jésus veut leur faire découvrir qu’ils vivent déjà quelque chose de ce Royaume qu’il leur enseigne : « Le Royaume de Dieu est déjà au milieu de vous. »

De même, l’Eglise conciliaire a organisé sa recherche et son approfondissement pour être accueillante et respectueuse de la vie des gens. C’est bien dans l’aujourd’hui de cette vie que se construit le Royaume de Dieu. Voici 60 ans au temps du Concile, les mouvements d’Action Catholique ont été sollicités pour témoigner de leur expérience et de leur savoir-faire dans l’articulation entre la vie et la foi chrétienne : « Voir – Juger –Agir ».

A l’époque de Jésus, comme à l’époque du Concile, comme aujourd’hui, un certain nombre de gens refusent de se laisser enfermer dans une forme de religion « mystico-gélatineuse » où un « cléricalisme qui n’a rien à faire avec le christianisme », tient à souligner le pape François. Jésus lui-même refusait les enfermements. C’est pourquoi, certains de ses compatriotes étaient même prêts à le lyncher.

La même question se pose aujourd’hui. Un grand nombre de gens en responsabilité : politiques, économiques, scientifiques ont quitté ostensiblement leurs liens avec l’Eglise Catholique. Combien de jeunes couples et la masse des ados refusent de se laisser embrigader dans des façons de faire, de croire qui ont pu nous paraître évidentes à une époque plus ancienne. Et pourtant, tant de jeunes se retrouvent dans les rencontres internationales des JMJ (Mouvement Mondial de la Jeunesse) – comme dans les rassemblements des Jeunes à Taizé. Ils ont soif d’adapter la Bonne Nouvelle dans la nouveauté de leur vie. Saurons-nous leur proposer des moyens de rebondir et de grandir en humanité et dans leur foi. C’est bien en cela, que l’Evangile est toujours d’actualité.

L’Eglise d’aujourd’hui s’inscrit dans la fidélité à Jésus. « Exposant ses idées pour l’Eglise de demain, le Pape François demande que « l’Eglise se sente responsable des âmes mais aussi des corps ». Il souligne que « dans la société et dans le monde où nous vivons, l’égoïsme a pris le dessus sur l’amour pour les autres », et que c’est pour cela que « les hommes de bonne volonté doivent travailler, chacun avec ses propres forces et compétences pour faire que l’amour du prochain augmente jusqu’à faire jeu égal et si possible dépasser l’amour pour soi-même ».

L’Eglise nous invite, comme St Luc, à former notre conscience aux saveurs du Royaume et la mettre en œuvre dans ce que nous connaissons le mieux. Osons le large, soyons des chrétiens accueillants, respectueux, attentifs aux signes que Dieu nous donne en ce temps. Ces qualités humaines sont la base, le socle, le terreau sur lequel l’Esprit de Dieu peut faire grandir notre foi. Alors prenons soin de ces qualités indispensables au Royaume.

 

 

 

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26 janvier 2022 3 26 /01 /janvier /2022 07:09

4° dimanche du Temps de l’Eglise « C » 30 01 22

 

Première Lecture : Jérémie 1 4–5, 17–19

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 12 31—13 13

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 4 21–30

 

 

« En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. »

 

Le 19 janvier dernier, dans le Jura, quatre jeunes ont trouvé la mort, quand leur voiture a sombré dans le lac de Chalain. Ce drame ne fait que rallonger la liste noire des accidents mortels de nos jeunes. Comme tous les jeunes de leur âge, ils aspiraient à faire la fête, à la tendresse, à l’amitié et à la réussite. Mais combien de jeunes aujourd’hui ont perdu repères et sens à leur vie. A la différence de Jésus et des générations passées, les jeunes d’aujourd’hui ont grandi avec des jeux électroniques, IPhone… dans les mains. Ils sont marqués par tout ce qui est virtuel et ne voient plus la distance avec le réel. On filme et on envoie sur les réseaux des accidents, voir des viols. Je me souviens, il y a quelques années, des jeunes filles, stagiaires dans une maison de retraite, service Alzheimer, s’amusaient à ridiculiser ces personnes en les filmant. Elles se croyaient intéressantes en communiquant ces images à tous leurs copains sur Internet. Elles n’ont même pas soupçonné qu’il y avait un problème grave comme tant de jeunes qui disent : « Oh, c’était pour rire ! » Il y a une forme d’inconscience qui tourne en violence quand ça ne marche pas comme ils veulent.

Il est un fait, tous nos jeunes aspirent à être aimés, à être reconnus et valorisés pour ce qu’ils sont et, ils attendent que les adultes les prennent plus au sérieux. Je mesure les conflits qui peuvent exister entre les parents et les ados en pleine croissance ! Ça demande écoute réciproque, patience, et partage de l’expérience des adultes et la nouveauté des jeunes.

Je dirai malheureusement notre société fonctionne tout autrement : elle est régie par les lois économiques, les rapports de forces et d’intérêts. Et là il n’y a guère de place au sentiment, à la considération et à l’amour. La violence prend de plus en plus de place dans toutes les revendications. N’y a-t-il pas d’autres solutions pour se faire entendre et pour exister que la casse et la destruction. En aucun cas ça ne peut pas être une perspective de changement.

Chrétiens, depuis notre tendre enfance, nous avons appris que Dieu est Amour et que la vocation de tout Homme est d’aimer et d’être aimé comme Dieu nous aime. A tous ceux qui ne savent plus très bien pourquoi ils sont sur terre, je leur dis : nous sommes là pour apprendre à aimer, à goûter la joie de vivre et à connaître, au terme de ce long apprentissage, les bienfaits de l’Amour. Dans sa lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul dit : « J’aurais beau tout connaître, tout partager, tout endurer, s’il me manque l’amour, je ne suis rien ».

La drogue, la délinquance, la folie, le suicide, tous les extrémismes ne sont-ils pas la conséquence du manque de dialogue, d’Amour ? Devant ce douloureux naufrage, on cherche obstinément la boîte noire de l’accident. Résultat, on retrouve le manque d’amour : celui qui n’a pas su ou pu recevoir l’amour comme celui qui n’a pas su ou pu le donner. N’oublions pas qu’on ne naît pas violent, délinquant, mais on le devient par manque de chaleur humaine, de considération.

A tous les écorchés de la vie, Jésus apporte la vraie libération au risque de ne pas bien se faire comprendre et d’y laisser sa vie lorsqu’ils veulent le précipiter dans l’escarpement de Nazareth. En quelque sorte, Jésus en a assez de tous ces faux semblants, de tous ces enfermements, de tous ces rajouts à la loi de Moïse. Il veut donner un souffle nouveau à la foi au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il veut que ces concitoyens soient des Hommes libres et responsables, qui n’ont pas peur de s’investir pour la paix et la justice. Comme le saint pape Jean XXIII, par le Concile de Vatican II, voulait ouvrir la fenêtre pour laisser entrer un peu d’air frais, car l’Eglise en avait bien besoin. Aujourd’hui, tout semble bien loin. Au lieu d’ouvrir les fenêtres, certains courants dans l’Eglise se replient frileusement sur « les certitudes » comme si on pouvait revenir en arrière.

Interviewé dans La Croix Hebdo du 22 janvier, le Cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, disait : « Pour être entendue, l’Eglise doit changer de méthode….Le message de l’Evangile est toujours pertinent, mais les messagers apparaissent dans des costumes des temps passés….c’est pourquoi nous devons nous adapter. Nous devons bâtir une Eglise sur la FOI. Nous savons désormais que nous serons une minorité. Il ne faut ni s’en étonner, ni s’en lamenter. J’ai une douce certitude que mon Seigneur est présent dans l’Europe actuelle. » Il faut bien se mettre devant l’évidence, l’avenir de l’Eglise ne se joue pas seulement dans nos assemblées dominicales, - actuellement réduites à la peau de chagrin - mais là où des hommes, des femmes et des jeunes osent encore prendre la parole pour renverser la machine à rendement, à fric et redonner toute sa place à la dignité et à la grandeur de tout Homme.

 L’Evangile de Jésus Christ, avec sa force de contestation, se révèlera toujours plus fort que toutes nos mesquineries, paresse, résignation ou nos manques de courage.

« Jésus, passant au milieu d’eux, allait son chemin. »

 

 

 

 

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 06:56

3° Dimanche du Tps Or « C » 23 01 22

Première Lecture : Néhémie 8 1–6, 8–10

Deuxième Lecture : 1Corinthiens 12 12–30

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 1 1–4; 4 14–21

 

« Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. En ce temps-là, lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ».

 

Peu de temps après son baptême, Jésus commence à enseigner en Galilée. « Sa renommée se répandit dans toute la région ». Ce jour-là, il vint à Nazareth, son village où il a grandi. Comme il en a l’habitude, il va à la synagogue et se lève pour faire la lecture du prophète Isaïe où il est dit : « L’esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur…..Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture » Ce verset met en lumière son « Ordre de mission » reçu par son Père.

En écoutant Jésus proclamer ce texte, nous pouvons déjà imaginer son grand amour pour les Ecritures. Qu’en est-il pour nous ? Aujourd’hui, ce même Christ souhaite nous donner le goût : à aimer lire et à méditer la Bible avec soin. Il est indispensable que toute prière, tout témoignage et toute prédication s’appuient sur la Parole de Dieu. Elle est au cœur de nos célébrations. Et cette Parole doit être accueillie avec le même respect que l’Eucharistie. « Lorsque nous commençons à consommer la Parole de Dieu, nous commençons à grandir spirituellement. » Joyce Meyer

Le Christ a une Bonne Nouvelle à nous annoncer : l’Ecriture devient Parole Vivante quand elle est proclamée. C’est une bonne nouvelle pour les pauvres et les exclus de tous les temps. C’est une annonce de libération et de guérison. Jésus s’intéresse, hier comme aujourd’hui, aux sans voix, aux délaissés, aux étrangers, aux malades et aux pécheurs que nous sommes. Alors, n’ayons pas peur de nous tenir devant lui pour nous reconnaître, à notre tour, petits, démunis et souvent aveugles. C’est ainsi que nous pouvons accueillir la libération que le Christ est venue apporter et en être ses messagers dans le monde d’aujourd’hui.

Deux mille ans après, le mal, les injustices, les souffrances de toutes sortes sont toujours là. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont profondément meurtris par des catastrophes : nouvelle éruption volcanique aux îles TONGA, frappées par Tsunami et coupées du monde, la pandémie qui sévit partout dans le monde. Et bien sûr, nous n’oublions pas ceux et celles qui sont victimes de la haine et de la violence des hommes. Et même tout près de nous, des personnes peuvent être en grande difficulté et ne pas avoir de quoi se nourrir. Quand nous voyons tant de malheurs, nous risquons de nous sentir dépassés. Et beaucoup en viennent à se poser la question : « Où est-il cet aujourd’hui de la bonne nouvelle ? »

Pour répondre à cette question, il suffit de regarder les nombreux témoignages vécus autour de nous et dans le monde : cette bonne nouvelle, nous la voyons se concrétiser dans cet immense élan de générosités des chrétiens et des non-chrétiens à l’égard de ceux qui ont tout perdu. Elle est aussi à l’œuvre quand nous allons visiter un malade sur son lit d’hôpital, quand nous partageons avec celui qui a faim.

Il nous appartient de faire en sorte, que cette Parole de Dieu se réalise aujourd’hui dans nos divers milieux de vie. C’est l’Esprit de Dieu qui nous rend sensible à la misère de ceux qui nous entourent – il n’y a pas que la misère matérielle, il y a aussi la misère morale, spirituelle. Et si cette Parole de Dieu se réalise dans nos vies, elle devient « lumière pour nos pas »

Cette Parole, c’est AUJOURD’HUI qu’elle s’accomplit. Dans les évangiles, le mot aujourd’hui donne une dimension d’un Dieu toujours présent dans l’actualité de nos vies.

-       Dès la naissance de Jésus : « Aujourd’hui, vous est né un sauveur ». – A son baptême : « Tu es mon fils, Aujourd’hui je t’ai engendré. » - A Zachée : « Descends vite, il me faut Aujourd’hui demeurer chez toi. » - Dans le Notre Père : « Donne-nous Aujourd’hui notre pain de ce jour » - A Pierre : « Aujourd’hui tu m’auras renié trois fois. » Et à celui qui est exécuté en même temps que lui : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. »                                                                                                                                                            Et c’est encore Aujourd’hui, ce 23 janvier, qu’il est à l’œuvre parmi nous dans cette eucharistie, par sa Parole et par son Pain de Vie qui nourrissent notre foi et nous font grandir en Humanité.

 

 

 

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