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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 10:15

Baptême de Jésus - « B » – 11 janvier 15

1ère lecture : Isaïe 55,1-11

2ème lecture 1ère lettre de St Jean 5,1-9

Evangile de Jésus Christ selon St Marc 1,7-11

Jean Baptiste proclamait dans le désert : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint. »
Or, à cette époque, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. Au moment où il sortait de l'eau, Jésus vit le ciel se déchirer et l'Esprit descendre sur lui comme une colombe.
Du ciel une voix se fit entendre : « C'est toi mon Fils bien-aimé ; en toi j'ai mis tout mon amour
. » (Bible des Peuples)

Aujourd’hui, nous célébrons le baptême de Jésus : son entrée dans sa vie publique. Par ce geste il se donne entièrement à la mission que lui a confiée son Père. Les évangiles disent peu de choses sur son éducation, sur sa façon de découvrir le monde et d’y prendre sa place.

Ce matin, Jésus rejoint la file de tous ceux qui vont recevoir le baptême de conversion, prêché par Jean Baptiste. Dans leur démarche, Jésus reconnaît un terreau favorable de gens qui ont envie de changer quelque chose dans leur vie. Ils se rendent compte que ça suffit ! Il faut faire du neuf et sortir des chemins battus où le ronronnement de la vie quotidienne empêche toutes perspectives ! Jean Baptiste amorce cette orientation en disant : « Moi, je vous ai baptisés dans l'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint. »

Cela se passe au bord du Jourdain, là où Jean baptise. C’est à l’époque où le pays est occupé par les romains. Les situations politiques et économiques sont aussi troublées que les nôtres aujourd’hui. Malgré tout, une foule nombreuse, motivée par l’aspiration d’une vie meilleure, assoiffée de justice et de paix, venait se faire baptiser par Jean. Le peuple était en attente de la venue du Messie. Isaïe est clair à ce sujet, et il rappelle les conditions : « Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide ses pensées…. »

Deux mille ans après la naissance de Jésus, les choses restent toujours aussi difficiles et compliquées. Aujourd’hui, à quelques kms du Jourdain, dans la bande de Gaza, un million et demi d’habitants sont victimes d’un chantage horrible. De même les migrants d’Irak et de Syrie cherchent à fuir la guerre civile de leur pays, pour protéger leurs familles. « En deux semaines, près de deux mille migrants ont débarqués sur les côtes Italiennes à bord de trois cargos. » (La Croix du 06 01 15) Les façons d’agir des trafiquants mettent en évidence les limites de la politique migratoire européenne. Les puissants de ce monde, les marchands d’armes, les financiers, les pétroliers cherchent à justifier leur âpreté aux gains et à la domination. Les centaines de morts et les milliers d’handicapés à vie ne sont pas dus au hasard de l’histoire. Ils sont le résultat de combines échafaudées dans les secrets des ministères et des projets des décideurs qui ne cherchent que la rentabilité financière, malgré les belles déclarations humanitaires. Trop souvent, les gens du pays ont moins de valeur que le sable du désert.

Aujourd’hui, il y a une grande gêne qui traverse tous les peuples. Le bon sens ne supporte pas toutes ces victimes innocentes. Toutes ces personnes qui ont conscience que cela ne peut pas durer, vont-elles se mobiliser pour peser sur des choix différents et plus humains. Si les convois humanitaires peuvent parvenir aux victimes, c’est mieux que la mort. Mais il faut viser à ne plus avoir besoin de ces aides. Chacun à droit au respect, à la dignité, à l’école, à la santé et au travail. C’est la tâche des politiques qui doivent organiser la bonne marche de la société, le reste n’est que de l’habillage.

C’est aussi dans un contexte très tendu que paraît Jésus. Oh ! il ne vient pas de la grande ville de Jérusalem où résident les chefs du peuple. Il vient de Nazareth en Galilée, un bourg décrié : « de Nazareth est-ce qu’il peut sortir quelque chose de bon, dit Nathanaël à Philippe – et Philippe lui répond : viens, tu verras ! » (St Jean 1,46) Jésus ne fait pas de bruit, pas d’arc de triomphe pour l’accueillir ; il prend le chemin de ses compatriotes pour se faire baptiser par Jean. Dans cette démarche inimaginable : lui, Jésus le Fils de Dieu, se rend solidaire d’un peuple de pécheurs. Il ne se veut pas au-dessus des autres, il ne se met pas à part, mais il pose avec ses frères, un geste d’homme pécheur qui se tourne vers Dieu. Dans cette démarche, nous découvrons un Dieu qui se rend proche de tout homme, aux côtés des plus faibles, il veut être le frère de tous. Et nous continuons à chercher Dieu dans les cieux en oubliant que le chemin privilégié de la rencontre avec Dieu se fait sur les chemins d’Humanité. Jésus s’identifie à l’homme : « J’ai eu faim, soif…. Et tu m’as nourri… »

Là, au bord du Jourdain, au milieu de gens conscients de leurs limites et de leur fragilité avec un sentiment d’impuissance, une voix s’élève. Ce sont ces gens là en recherche qui vont entendre cette parole : « C’est toi mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour. » C’est le Père qui révèle la divinité de Jésus et le rend fort de son amour pour le monde. Cette force d’Amour va conduire Jésus sur les routes de Palestine où il va susciter espérance, générosité, élan de foi. Mais il va aussi connaître les forces du mal qui vont le conduire à sa mort. Le dernier mot reviendra à l’Amour du Père qui le ressuscitera au matin de Pâques.

Par notre baptême nous sommes engagés à la suite de Jésus. Comme lui nous avons à combattre les forces du mal qui engendrent de plus en plus des chômeurs, des gens qui vivent la précarité au quotidien, et même des exclus. Jésus aurait-il fait de la politique lorsqu’il interpelle les puissants qui oublient le pauvre à leur porte et lorsqu’il propose de nouvelles possibilités dans le récit de ses paraboles ?

C’est ce visage-là de Dieu que Jésus nous révèle. Il nous dit sans cesse : « Si toi aussi tu déchirais la nuit, si tu déchirais tes habitudes, si tu déchirais tes masques, si tu ouvrais un peu tes mains pour le partage, si tu déchirais la solitude qui enveloppe ton frère…. Alors ta nuit serait lumière de midi, Isaïe l’avait déjà annoncé. »

Que l’Eucharistie nous transforme en vrais baptisés, disciples du Christ, habités par la joie, le partage et l’amour fraternel.

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