2° Dimanche Ordinaire « B » 18 Janvier 2015
1ère lecture du livre de Samuel 3,3b-10.19
2ème lecture St Paul aux Corinthiens 6,13b-15a.17-20
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 1, 35-42
Le lendemain, Jean était là de nouveau, et deux de ses disciples étaient avec lui. Il fixa son regard sur Jésus qui passait et il dit : “Voici l’agneau de Dieu.” Lorsque ces deux disciples l’entendirent, ils allèrent et suivirent Jésus. Jésus se retourna et vit qu’ils le suivaient ; alors il leur dit : “Que cherchez-vous ?” Ils lui dirent : “Rabbi (c’est-à-dire Maître), où demeures-tu ?” Jésus leur dit : “Venez et vous verrez !” Ils vinrent donc pour voir où il restait, et ce jour-là ils demeurèrent avec lui. Il était environ quatre heures de l’après-midi. L’un de ces deux disciples qui avaient écouté Jean et avaient suivi Jésus, était André, le frère de Simon-Pierre. Il alla d’abord trouver son frère Simon et lui dit : “Nous avons trouvé le Messie” (ce qui veut dire : le Christ). Et il l’amena à Jésus. Jésus le regarda et dit : “Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képhas” (ce qui veut dire Pierre). (Bible des Peuples)
L’actualité nous a précipités dans un drame inattendu : la tuerie de la direction du journal Charlie Hebdo, des policiers et des clients de l’Hyper Cacher. Ces crimes odieux ont été sources de beaucoup de larmes, de révolte mais aussi d’espérance et de confiance dans l’avenir. L’horreur a provoqué des réactions et la réponse des gens n’a pas tardée. 4 millions de gens se sont mobilisés et on n’a jamais vu cela en France. Dans ces rassemblements de foule, les diversités de race, de culture, de croyance, d’âge ont été appréciées comme une chance. Habituellement, l’étranger est vu comme une charge, comme celui qui vient manger notre pain. Alors qu’à cette occasion, on découvre qu’on a besoin les uns des autres.
Il se trouve qu’aujourd’hui, le deuxième dimanche du temps ordinaire, est la journée des migrants. C’est l’occasion d’apprécier à leur juste valeur, ceux qui nous paraissent « étrangers ». Ainsi, Jésus n’est pas resté enfermé dans son village et dans son atelier. Il a commencé sa vie public en rejoignant Jean Baptiste et ceux qui faisaient appel à lui. Au milieu du désert, Jésus retrouve une certaine liberté auprès de personnes qui ne se contentent pas des us et coutumes encombrant leur existence.
Dans le contexte d’aujourd’hui, l’homélie du pape François à Lampedusa doit nous interpeller : « …Qui est le responsable du sang de ces frères et sœurs ? Personne ! Tous nous répondons ainsi : ce n’est pas moi, moi je ne suis pas d’ici, ce sont d’autres, certainement pas moi. Mais Dieu demande à chacun de nous : « Où est le sang de ton frère qui crie vers moi ? ». Aujourd’hui personne dans le monde ne se sent responsable de cela ; nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle ; nous sommes tombés dans l’attitude hypocrite du prêtre et du serviteur de l’autel, dont parlait Jésus dans la parabole du Bon Samaritain : nous regardons le frère à demi mort sur le bord de la route, peut-être pensons-nous « le pauvre », et continuons notre route, ce n’est pas notre affaire ; et avec cela nous nous mettons l’âme en paix, nous nous sentons en règle. La culture du bien-être, qui nous amène à penser à nous-même, nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais ne sont rien ; elles sont l’illusion du futile, du provisoire, illusion qui porte à l’indifférence envers les autres, et même à la mondialisation de l’indifférence. Dans ce monde de la mondialisation, nous sommes tombés dans la mondialisation de l’indifférence. Nous sommes habitués à la souffrance de l’autre, cela ne nous regarde pas, ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire ! »
Grâce aux médias nous sommes informés que depuis début janvier, il y a déjà plus de 2000 victimes au Nord-Est Nigéria. L’archevêque de Jos a lancé un vibrant appel : « Alors que Boko Haram multiplie les violences et utilise des enfants kamikazes dans le nord-est du Nigeria, l'archevêque en appelle à un soutien international semblable à celui qui s'est manifesté à Paris, dimanche 11 janvier ».
Ces massacres inutiles continuent leur œuvre de destruction. C’est le mal à l’état pur, déguisé en religion. Or le Dieu des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans invite à la fraternité et à la vérité. C’est le contraire de la destruction organisée mise en place pour accaparer le pouvoir et pour dominer les autres.
Les textes de la messe de ce jour, nous disent que Dieu parle et appelle. Dans la Bible, depuis le récit de la création, nous voyons un Dieu qui se manifeste, qui parle, un Dieu qui appelle. Quand Dieu le fait, ce n’est pas pour occuper l’espace mais pour indiquer une mission, la direction d’une belle aventure.
Souvenez-vous de l’appel de Dieu: « Abraham quitte ton pays et va dans le pays que je t’indiquerai »… « Moïse, vas libérer mon peuple en Egypte. » Dans la 1ère lecture de ce jour, c’est l’appel de Samuel. Au milieu de la nuit, le jeune Samuel est le seul à entendre cet appel. Il était disponible et se rend encore plus disponible, à l’invitation du prêtre Eli, donnant la réponse qui engage : « Me voici Seigneur, parle, ton serviteur écoute ! » C’est Eli, qui lui, a interprété cet appel. On a souvent besoin des autres pour entendre les appels de Dieu et les comprendre.
Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Nous aussi, nous sommes venus dans cette Eglise, rencontrer Jésus, nous mettre à son écoute. Saurons-nous voir, dans les paroles proclamées aujourd’hui, et dans les gens rencontrés aujourd'hui, autant de signes que le Seigneur met sur notre chemin ? Ce sont là, autant d’appels pour une mission bien précise : « Paix aux hommes que Dieu ne cesse d’aimer ! »
Quand nous sommes fascinés par quelque chose d’important, on a envie de le partager. Si Jésus et son Evangile apportent quelque chose de beau et de grand à l’existence humaine, ça vaut le coup d’en parler et de s’engager à sa suite. Osons dire à nos enfants, à nos amis la foi qui nous habite, ce Dieu qui nous fait vivre. Ainsi, Dieu pourra aussi passer par moi.