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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 09:40

 

3e dimanche du Carême 11 03 12

 

1ère lecture du livre de l’Exode 20,1-17

2ème lecture : 1ère  de St Paul aux Corinthiens 1,22-25

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 2, 13-25

 

La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. Il rencontra dans le Temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes, et aussi les changeurs de monnaie assis à leurs comptoirs. Alors il se fit un fouet avec des cordes et il commença à les jeter tous hors du Temple avec leurs bœufs et leurs brebis. Il renversa les tables des changeurs et fit rouler leur argent par terre. Puis il dit aux vendeurs de colombes : “Enlevez-moi cela d’ici et ne faites pas de la Maison de mon Père une maison de commerce.” Ses disciples se rappelèrent les paroles de l’Écriture : “Un amour jaloux pour ta Maison me dévore.” Les Juifs répliquèrent : “De quel droit fais-tu cela, quel signe nous montres-tu ?” Alors Jésus répondit : “Détruisez ce Sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.” Les Juifs lui dirent : “Voilà 46 ans qu’on travaille à ce sanctuaire, et toi, tu le relèverais en trois jours ?”  Mais le sanctuaire dont Jésus parlait, c’était son propre corps. C’est pourquoi, lorsqu’il se releva d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à ce que Jésus avait dit. Beaucoup de personnes crurent au Nom de Jésus quand il était à Jérusalem pour cette fête de la Pâque, parce qu’on le voyait faire des miracles. Mais Jésus ne leur faisait pas confiance car il les connaissait tous. Il n’avait pas besoin qu’on lui recommande qui que ce soit, car il savait ce qu’il y a dans l’homme. (Bible des Peuples)

 

L’attitude de Jésus est surprenante, étonnante pour quelqu‘un qui ne parle que de paix, de guérison, de réconciliation. D’où lui vient donc cette poussée d’adrénaline, cette colère qui le fait agir de la sorte ? En effet, Jésus s’est toujours montré respectueux à l’égard de toutes les situations et des personnes. Il respectait toutes les professions, y compris celles du Temple. Mais la goutte d’eau qui l’a poussé à bout, c’est la tromperie des marchands qui n‘ont pas respecté ni Dieu ni les pèlerins. Ils avaient un service à rendre aux pèlerins qui faisaient une démarche religieuse.  Au lieu de cela, ils en profitent pour se  servir et  pour s’enrichir. En pareille circonstance où les règles, du « vivre ensemble », servent d’alibi et de cache misère, toute vie sociale est remise en cause. L’incohérence des marchands, des prêtres et des pèlerins est la source de cette colère de Jésus au point de renverser les étales et de chasser les profiteurs. L’incohérence rend l’amélioration de la « vie ensemble », impossible. Chacun doit regarder et reconnaître ses complicités et ses propres mensonges. C’est le péché originel qui nous colle à la peau.  Le temps du carême est fait pour en prendre conscience et pour s’améliorer.

Le Temple, fierté des Juifs, est le symbole de la rencontre de  Dieu avec son peuple. C’est un lieu de vie, de fête, de convivialité, de projets. Si ce symbole n’est qu’apparence pour couvrir tous les trafics et  faciliter les combines des puissants, alors, le Temple n’a plus de raison d’être, car il ne joue plus son rôle. Jésus annonce sa destruction, mais en même temps, il en promet un autre : ce sera son Corps de ressuscité.

En 2012, on ne parle plus du Temple comme symbole de rassemblement, mais c’est l’organisation des Nations Unis, l’ONU, qui représente un chemin d’espérance pour l’humanité. C’est un lieu de rencontre où tous les pays peuvent s’exprimer sans être jugés. Depuis la deuxième guerre mondiale, des hommes de bonne volonté ont cherché un symbole qui puisse rassembler et respecter l’Humanité dans sa diversité. Il en est de même en Europe autour des droits de l’Homme. Et pourtant, on se rend compte que les institutions ne règlent pas tous les problèmes et conflits. Les intérêts partisans sont souvent présentés comme universels et par le fait même, ils sont  suspects.

Les grands prêtres du temple ont pu se servir  de leur autorité pour leurs intérêts mesquins, comme certains vendeurs du Temple l’ont fait. Aujourd’hui, les grands de ce monde ont leurs entrées dans toutes les instances de pouvoir et de décessions.

En chassant les vendeurs du Temple, Jésus pose un geste fort. Aujourd’hui, ce geste de Jésus est particulièrement pertinent. En effet, notre monde veut transformer tout en monnaie. Cette façon de faire a entraîné toute la société dans une crise mondiale, au point que les plus faibles sont les premières victimes, innocentes de surcroît. On n’hésite pas à publier les énormes bénéfices de quelques sociétés et en même temps on annonce les fermetures, les licenciements et les mises en chômage économique. De même la publication des revenus phénoménaux de quelques sportifs, de présentateurs de télé et de grands patrons est scandaleuse quand tant de personnes vivent dans la misère. Les plus riches, chez nous, cherchent à sauvegarder la plus belle image, tout en plaçant leur fortune dans des paradis, là où ça rapporte gros. Et cela, sans honte ! A force de banaliser  l’accumulation  des biens et du pouvoir, on fait croire que c’est la solution à tout. Cette façon d’agir est une tromperie qui s’infiltre dans notre quotidien. Au lieu de chercher le bien commun pour mieux « vivre ensemble », chacun ne s’occupe que de ses intérêts personnels.

En ce temps de carême, comment allons-nous réagir pour remettre l’Homme au cœur de la vie avec Dieu et non pas l’argent. Il faut laisser l’argent comme un serviteur. N’est-ce pas cela le développement durable? Comme au temps de Jésus, il faut changer les mentalités ici, il faut prendre des risques dans nos choix de société. Quelque soit le niveau où chacun se situe concrètement dans la société, chacun a des services à rendre au bon fonctionnement de la « vie ensemble ». Aujourd’hui, par dépit ou par désintérêt, la plupart des gens abandonnent, démissionnent de leur responsabilité au service de la « vie ensemble ». C’est certainement la cause principale des crises profondes qui traversent nos sociétés. Lorsque la majorité des citoyens démissionnent et capitulent, c’est la porte ouverte à tous les abus et à tous les voyous qui profitent de la fragilité de nos sociétés.

Notre fidélité à Jésus nous engage à mettre tout en œuvre : nos forces physiques et morales, nos liens humains, nos biens matériels.  Tout cela doit être utilisé et mis en cohérence pour faire « vivre l’ensemble ».

L’invitation du CCFD- Terre Solidaire nous invite à prendre au sérieux les enjeux du « vivre ensemble » chez nous, et à envisager notre participation financière.

 Avec cet Evangile il est important de chasser toutes les compromissions, tous les trafics de nos vies pour laisser place au  « VIVRE ENSEMBLE ».

 

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