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12 décembre 2019 4 12 /12 /décembre /2019 06:32

3e Dimanche de l’Avent « A » 15 12 19

Première Lecture : Isaïe 35 1–6, 10

Deuxième Lecture : St Jacques 5 7–10

Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu 11 2–11

 

« En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. » 

 

Jean Baptiste, prophète des temps nouveaux, qui a su mettre en route une foule composite vers le baptême de conversion, le voilà en prison. Et là, il se pose des questions, il se met à douter : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

Lorsque nous regardons et écoutons ce qui se passe actuellement dans notre pays et tous les conflits dans le monde, ne bouillonne-t-il pas au fond de notre cœur comme une ardente aspiration des hommes vers plus de dignité, de reconnaissance, de justice et de paix. ?

Car il y a tant d’injustices criantes qui s’étalent, tant de mépris orgueilleux qui restent impunies… Alors si Dieu amour existe, il doit aussi être juste, donc il ne peut accepter que les plus humbles, ceux qu’il préfère, soient continuellement maltraités. Qu’allons-nous dire à ces pauvres, ces opprimés, ces sans-logis dont le nombre augmente alors qu'on nous dit que la richesse des uns ne fait qu’augmente ? Devrons-nous simplement leur dire : soyez patients, prenez courage… voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu, ainsi que le disait Isaïe ou, comme le dit St Jacques : “Ayez de la patience… ne vous plaignez pas… et soyez fermes” ?

Comme les disciples de Jean qui dans sa prison commençait à douter, nous aussi nous pourrions aller vers Jésus pour lui demander : « Voyant ce que nous voyons, constatant l’inefficacité de tant d’efforts, es-tu vraiment celui qui doit venir ou devrons nous attendre un autre ? » Un autre qui fera enfin régner la justice et qui fera de l’ordre ?

 

L’actualité, depuis Jésus jusqu’à aujourd’hui, est toujours jalonnée de ces méfaits. Alors surgit, pour beaucoup, la question : « Mais Dieu, où est-il, que fait-il et pourquoi laisse-t-il faire ? » Cette question qui, par le ton, ressemble à une accusation, je l'ai souvent entendue. Je l'ai entendue dans la bouche de malheureux accablés par l'épreuve. Je l'ai entendue dans la bouche de gens scandalisés par les injustices évidentes chez nous et dans le monde. Pourquoi la souffrance des innocents? Cette question, je l'ai entendue posée par des personnes regrettant sincèrement que Dieu ne vienne pas punir avec vigueur les tyrans, ceux qui « faussent les balances et achètent le pauvre pour une paire de sandale. » (Prophète Amos)

 

L’absence apparente de Dieu touche même Jean-Baptiste dans sa prison.  Au lieu d'un prophète qui parle avec force, condamne et menace à la manière de Jérémie, Amos, Osée, Jésus parle avec douceur. Il fréquente et vient en aide aux publicains et aux pécheurs. De toute évidence, Jésus n'est pas le juge redoutable qui commande au feu du ciel de descendre sur les méchants; il n'est pas le Messie puissant qui manifeste la gloire de Dieu dans un grand ménage de l'univers. Il ne condamne personne, au contraire, il offre à chacun un nouveau départ : « lève-toi et ne pèche plus… »

 

Dieu, pour venir dans le monde, a choisi la voie discrète de l'incarnation, plutôt que celle de la manifestation de sa puissance. Il s'est fait homme parmi les hommes pour transformer le monde de l'intérieur et non de l'extérieur.

« Que fait Dieu dans tout cela? ». Il ne fait rien d'extraordinaire ! Il ne dévie pas la balle du tireur fou. Il ne détourne pas l'avion du terroriste fanatique. Il ne tient pas dans ses mains le rocher qui va tomber pas plus que l’ouragan qui balaye tout sur son passage. Il ne joue jamais avec les forces de la nature. Les signes de sa présence sont les mêmes que ceux d'autrefois, ceux qu'il a donné à Jean-Baptiste :

« Les aveugles voient, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.»

 

Les signes de la présence de Jésus, je les vois dans les « coups de gueule » de l’Abbé Pierre en 1954, comme dans les démarches deNelson Mandela pour l’abolition de l’Apartheid. Permettez-moi de rappeler  un des signes parlant de Nelson Mandela : après 27 ans de prison, son premier souci, c’est le pardon càd rendre possible l’avenir. De son peuple, il veut faire une nation Arc en ciel. (N’oublions pas que la bible parle de l’Arc en ciel, comme l’alliance de Dieu avec son peuple.)  Et pour cela, on a besoin de tout le monde. Son engagement pour la vie ensemble des noirs et des blancs a surpris, étonné, c’était impossible à s’imaginer. Depuis, son engagement a inspiré beaucoup d’autres y compris des présidents. Et ce combat, cet engagement est toujours nécessaire pour que la vie ensemble soit possible.

Je vois aussi le signe de la présence de Dieu, dans tous ceux  qui s’engagent pour permettre à des innocents de vivre. Je le vois aussi présent dans tous ceux qui mettent en pratique les paroles de Jésus quand il dit : « J'ai eu faim...  J'étais un étranger... J'étais en prison...  J'étais malade…. Et vous êtes venus jusqu’à moi !»

 

Ce temps de l’Avent a pour objectif de nous rapprocher de toutes celles et ceux qui vivent dans l’aridité de leur solitude, qui ont soif de dignité, qui rêvent de devenir un jour des femmes et des hommes comme tout le monde…

Il ne suffit pas de nous lamenter sur le sort de notre société individualiste, il ne suffit pas de rêver d’un avenir plus beau, c’est aujourd’hui, au présent qu’il nous faut construire un salut pour tous. 

 

Prochaine homélie, le 5 janvier 2020 – fête de l’Epiphanie –

J’accompagne un groupe de pèlerins en Terre Sainte pour fêter Noël à

Bethléem !

 

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