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4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 09:51

3e Dimanche de Carême – « B » 08 03 15

1ère lecture du livre de l’Exode 20,1-17

2ème lecture : 1ère de St Paul aux Corinthiens 1,22-25

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 2, 13-25

La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. Il rencontra dans le Temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes, et aussi les changeurs de monnaie assis à leurs comptoirs. Alors il se fit un fouet avec des cordes et il commença à les jeter tous hors du Temple avec leurs bœufs et leurs brebis. Il renversa les tables des changeurs et fit rouler leur argent par terre. Puis il dit aux vendeurs de colombes : “Enlevez-moi cela d’ici et ne faites pas de la Maison de mon Père une maison de commerce.” Ses disciples se rappelèrent les paroles de l’Écriture : “Un amour jaloux pour ta Maison me dévore.” Les Juifs répliquèrent : “De quel droit fais-tu cela, quel signe nous montres-tu ?” Alors Jésus répondit : “Détruisez ce Sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.” Les Juifs lui dirent : “Voilà 46 ans qu’on travaille à ce sanctuaire, et toi, tu le relèverais en trois jours ?” Mais le sanctuaire dont Jésus parlait, c’était son propre corps. C’est pourquoi, lorsqu’il se releva d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à ce que Jésus avait dit. Beaucoup de personnes crurent au Nom de Jésus quand il était à Jérusalem pour cette fête de la Pâque, parce qu’on le voyait faire des miracles. Mais Jésus ne leur faisait pas confiance car il les connaissait tous. Il n’avait pas besoin qu’on lui recommande qui que ce soit, car il savait ce qu’il y a dans l’homme. (Bible des Peuples)

Nous sommes tellement habitués à voir Jésus comme un Homme de Paix, de conciliation et de tolérance avec tous ceux qu’il croise. Et ce matin, Jean l’évangéliste nous le présente en pleine furie sur les parvis du Temple. Mais quelle mouche l’a piqué pour qu’il se présente comme un « éléphant dans un magasin de porcelaine » ? Il est profondément choqué que le commerce ait pris le pouvoir dans la maison de son Père. Jésus fait le ménage. Il n’a rien contre les païens et les athées - bien au contraire - mais quand il constate qu’on utilise les choses saintes pour s’enrichir et qu’on prend les moyens (l’argent) pour une fin, quand il voit ce qu’on a fait de ce haut lieu de prière, alors son taux d’adrénaline fait un bond spectaculaire ! Sa colère est sainte quand il s’aperçoit qu’on utilise Dieu pour le profit.

Le Temple, fierté des Juifs, est le symbole de la rencontre de Dieu avec son peuple. C’est un lieu de vie, de fête, de convivialité, de projets. Si ce symbole n’est qu’apparence pour couvrir tous les trafics et faciliter les combines des puissants, alors, le Temple n’a plus de raison d’être, car il ne joue plus son rôle. Jésus annonce sa destruction, mais en même temps, il en promet un autre : ce sera son Corps de ressuscité.

En chassant les vendeurs du Temple, Jésus pose un geste fort. Aujourd’hui, ce geste de Jésus est particulièrement pertinent. En effet, notre monde veut transformer tout en monnaie. Cette façon de faire a entraîné toute la société dans une crise mondiale, au point que les plus faibles sont les premières victimes, innocentes de surcroît. On n’hésite pas à publier les énormes bénéfices de quelques sociétés et en même temps on annonce les fermetures, les licenciements et les mises en chômage économique. De même la publication des revenus phénoménaux de quelques sportifs, de présentateurs de télé et de grands patrons est scandaleuse quand tant de personnes vivent dans la misère. Les plus riches, chez nous, cherchent à sauvegarder la plus belle image, tout en plaçant leur fortune dans des paradis fiscaux, là où ça rapporte gros sans payer d’impôts. Et cela, sans honte ! A force de banaliser l’accumulation des biens et du pouvoir, on fait croire que c’est la solution à tout. Cette façon d’agir est une tromperie qui s’infiltre dans notre quotidien. Au lieu de chercher le bien commun pour mieux « vivre ensemble », chacun ne s’occupe que de ses intérêts personnels. Alors, pour être cohérent, il nous faut réfléchir si nous ne sommes pas aussi complices et « scandaleusement solidaires » de ces comportements qui n’ont rien d’humain. La poussée d’adrénaline de Jésus, ne nous touche-t-elle pas aussi devant de tels comportements qu’on fait passer comme inévitable.

C’est le contraire de l’Evangile. En effet, Jésus annonce un Royaume d’Amour. Il ne se lasse pas de dire : « Convertissez-vous » ce qui veut dire : tournez-vous vers ce monde de paix et d’amour. Prenez les moyens pour aller à l’essentiel, à ce qui doit durer et nous rendre plus humain.

Pour en revenir à notre situation, il importe de réfléchir comment chacun engage l’avenir. Concrètement, dans deux semaines, les citoyens sont appelés à voter pour les délégués au Conseil de chaque département. Malheureusement, la majorité de la population reste indifférente. Les abstentionnistes forment « le premier parti de France ». Chacun sait que pour améliorer les situations, la pire des solutions, c’est de laisser faire. Il y a une exigence à réfléchir, à débattre pour ne pas voter n’importe quoi. Mais il reste, que c’est un devoir de voter en conscience. L’amour du prochain passe par la mise en place de conditions qui améliorent le vivre ensemble. Le temps du carême insiste sur cet amour qui passe par le concret. Ce n’est pas une vue de l’esprit, une utopie, mais un engagement au service des plus fragiles.

Le CCFD-Terre Solidaire s’investit tous les ans pour que les chrétiens alimentent leur foi à partir des nécessités de leur vie. Dans l’évangile de ce jour, la colère de Jésus ne peut pas nous laisser indifférent. Comme Jésus, le CCFD-Terre Solidaire nous invite à « remettre les choses à leur juste place. »

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